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Je sirotais mon verre de coca, adossée à la rambarde avec Lesram et Aladin. Même si les gars avaient été accueillants, j'avais le cerveau ailleurs. Je retournais la situation dans ma tête, essayant de trouver des justifications à son comportement. Je ne comprenais pas pourquoi Mathieu m'avait laissé avec ses potes, comme ça, comme si j'avais besoin de baby-sitter. J'avais tellement du mal à comprendre ce qu'il pensait de moi. Autant des fois j'avais l'impression qu'il m'appréciait bien, autant d'autres fois j'avais l'impression d'être juste une intruse chiante dans sa vie.

« Vous êtes potes avec Mathieu, alors ? Lança Lesram

J'haussai les épaules. C'était pourtant une question simple.

Ça dépend des jours je crois, sifflai-je
T'as conscience qu'il veut grave te serrer, hein ? Rigolait Aladin
Qu'est-ce que tu racontes, toi ? Grognai-je les sourcils froncés Tu confonds. Je le fais serrer, oui, mais il veut pas me serrer.
Merci, j'sais parler français, il plissa les yeux. Lesram, j'ai raison ou pas ?

Je tournai la tête à ma gauche pour observer le mec aux cheveux clairs. Il avait gardé le silence mais il souriait comme un gogole, comme s'il détenait un secret qu'il ne pouvait pas révéler. Mais c'était plus fort que lui, il se devait d'afficher cet air vantard.

Il veut te baiser, confirma Lesram en hochant la tête

Ça m'énerva. Enfin, pas l'idée en elle-même mais la manière dont il avait dit ça. « Il veut te.. » comme si dans cette situation, l'homme était le seul acteur. Ça faisait quoi de la femme, alors ? Une soumise ?

Tu parles mal, crachai-je
Toi aussi, j'ai vu... « va te faire foutre Mathieu », dit-il en imitant ma voix
Ça me fume la gueule comment vous vous crachez à la gueule, alors que frère, votre attirance est presque trop palpable, ajouta Aladin
Toi, tout ce que tu dis c'est du pipeau. Je crois en rien, lui répondis-je, où est Ormaz ? Je savais que ça allait être le seul que j'apprécierai.
Crois pas que t'es une perte, on a assez de potes nous, se moqua Aladin
Tu paniques dès qu'on te dit des vérités, grandis meuf.
Blablabla, répondis-je »

Lesram haussa les sourcils l'air de dire « t'as vu comment t'es ? » et je savais qu'il avait raison. Enfin, ce n'était pas tant les vérités que je fuyais, j'avais juste peur. Enfin plus précisément, j'avais peur de croire à des trucs qui étaient faux.

Je finis par partir, laissant les deux gars là. La discussion m'avait assez remué comme ça, j'avais besoin de me détendre. Embarquant mon verre avec moi, je descendis les escaliers pour rejoindre la piste de danse à la recherche d'Ormaz. Il s'était absenté depuis quelques temps pour danser avec une meuf qu'il avait repéré depuis l'étage.

Je me frayais un chemin parmi tous ces corps en sueur en dansant, le bras contenant mon verre levé au dessus de ma tête. Ce ne fut pas difficile pour moi de repérer Ormaz, toute l'énergie et la joie que j'avais pu apercevoir chez lui plus tôt se transcrivait dans ses pas de danse. Il était tellement sûr de lui que je n'arrivais à dire s'il savait danser ou non. En tout cas, cela avait l'air de plaire à la fille qu'il semblait vouloir impressionner. Pour des raisons évidentes, je ne m'approchais pas d'eux et continuais à danser dans mon coin, gardant un œil attentif autour de moi.

S'il y avait bien une chose que je détestais c'était les personnes qui s'approchaient un peu trop de moi. Boîte ou pas boîte, l'espace vital était propre à chacun. Le mien était volumineux et déclenchait ma colère lorsque le périmètre était franchi par un inconnu.

copine • plk Où les histoires vivent. Découvrez maintenant