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« Tu sais, on a des clients. Tu peux pas te permettre d'être en retard. C'est 14h à ton poste, il ne suffit pas d'être sur son lieu de travail.
Je sais Inès... J'étais prête mais t'as vu ce que m'a fait Mathieu ? J'écartai mes bras pour lui montrer mon jean
C'est mignon, elle souriait malicieusement
Oh là non je te vois venir ! Je m'installai dans le fauteuil à côté du sien Ce n'est pas parce qu'on est les deux seuls jeunes de l'équipe qu'il faut nous imaginer ensemble hein... »

Elle allait répliquer mais le téléphone se mit à sonner et elle bondit dessus pour y répondre. Je bougeais la souris de l'ordinateur pour l'enlever de sa veille puis me connectait à la session à l'aide des codes que m'avait donné ma voisine de bureau. Les clients pouvaient prendre rendez-vous en ligne donc je maintenais l'agenda à jour en vérifiant les dates sélectionnées et les horaires. Ce n'était franchement pas une tâche difficile.

« Mesdemoiselles...

Je tournai la tête pour voir Mathieu qui entrait dans le bureau par la porte qui menait au garage. Cela faisait bien un quart d'heure que tout le monde était retourné au travail.

Il avait des vêtements sous le bras et un café dans la main.

Il y a un problème ? Demanda directement Inès, surprise de le voir ici
Je viens voir Esme, répondit-il

Je fusillai du regard ma voisine qui souriait un peu trop à mon goût. Ça allait faire parler ça, c'était sûr. Il passa derrière moi pour déposer les vêtements sur mon bureau. Je fis tourner un peu mon siège pour me retrouver face à lui. Je dépliai les vêtements puis constatai que c'était simplement un jogging. Je souris.

J'avais un autre jogging propre, et je te devais un café.

Il posa le gobelet à côté de la souris d'ordi.

Merci bien m'sieur ! Lâchai-je
Bon, je vous dérange pas plus longtemps.

Il disparu aussitôt. Je me détendis et me laissai tomber contre mon dossier de chaise lourdement en soufflant. Putain, pourquoi j'étais autant ravie de cette attention ? Je ne m'y attendais tellement pas ! C'était sûrement pour ça que ça me faisait autant plaisir.

Tu disais quoi déjà tout à l'heure ? Se marrait Inès Je mets ma main à couper qu'il y a un truc.
Je vais me changer, l'ignorai-je en rejoignant les vestiaires à la hâte »

Le reste de la journée passa tranquillement, totalement à l'aise dans le jogging de Mathieu. Je me sentais bien. J'avais presque envie de dire : à ma place. C'était peu croyable mais si réel. C'était fou comment les actions des autres pouvaient influer sur nos manières d'être. Mathieu me prêtait un jogging et voilà que j'en étais toute contente. J'abusais.

Après avoir dit au revoir à Inès, je sortis par la porte qui menait au parking. Le pote de Mathieu était encore là.

« T'as pas de maison ou quoi ? L'interpellai-je
Et toi t'as pas de style ou quoi ?

Il désigna le jogging que je portais.

Il est à Mathieu bolosse, pouffai-je
T'as fini de taffer ? Me demanda-t-il
Ouaip. T'attends Bob le bricoleur ?
Ouais, pouffa-t-il, il est parti se changer là.
T'es chaud on prend son scoot cinq minutes ?

Il ricana.

T'es une malade. T'as pas le permis ?
Si mais je suis venue à pieds aujourd'hui, j'sais pas pourquoi. Et vas-y j'ai trop la flemme de marcher, en plus faut que j'aille chercher à manger à Quasimodo là, me plaignis-je
Hein ?! Il plissa les yeux
Quoi ?
T'parles de Quasimodo genre le bossu ou il y a un truc que je capte pas là ?
Ah, je ricanai, Mathieu ne t'en a pas parlé ? Je lui ai acheté un petit animal de compagnie. C'est un phasme scorpion. T'sais c'est les insectes qui ressemblent à des feuilles ou des branches là ?
Ah ouais je vois ! Trop stylé. Et ça mange quoi genre ?
Des ronces, des feuilles de noisetier, de rosier... c'est herbivore quoi ! Ils aiment bien les mûres et les framboises aussi.
Ah ouais je vois. Et t'habites où ?
Euh je sais pas trop comment expliquer, c'est un peu plus haut vers là-bas, je lui montrai du doigt, je suis pas loin de tous les stades de foot là, je réfléchissais. Ah ouais et pas loin de la route de trivaux, si ça te parle ?
Ah oui je vois, c'est le quartier du jardin parisien, avec toutes les petites maisons là ! Bah meuf au moins t'es bien entourée pour la bouffe de Quasimodo. T'es entre le bois de Clamart et la forêt de Meudon.
Waw, tu connais bien les lieux ! T'es né à Clamart ?
Ouaip, 92i c'est la maison.

J'hochais la tête silencieusement tout en le détaillant.

Bon, tu me déposes chez moi ? Lui redemandai-je
Mais toi t'as pas compris tout à l'heure quand je t'ai dit qu'il ne voulait pas qu'on touche à son scoot, il se marrait
Allez, il va prendre trente ans sous la douche, t'as large le temps de faire l'aller-retour ni vu ni connu.
C'est mort ma p'tite, il va péter un scandale.
Je vais chercher ses clés, c'est moi je conduis ! »

Je l'ignorai et parti en courant pour rejoindre les vestiaires. C'était simple, il ne restait que mon père et Mathieu dans l'immeuble donc je trouvai très rapidement ses clés posés dans l'un des casiers.

« Tu fous quoi ?

Je sursautai et me tournai immédiatement vers mon interlocuteur puis me retournai vers les casiers en me rendant compte que Mathieu était si peu vêtu.

Oh wow, putain. Merde, lâchai-je
Lâche mes clés wesh, mais t'es h24 dans mes affaires toi c'est trop, grogna-t-il

J'avais l'impression qu'il passait son temps à grogner en ma présence, je trouvais ça presque drôle. Je zieutai vite fait son corps dans mon angle mort. Il était en caleçon putain, sa serviette posée sur son épaule, sa sacoche et son gel douche dans sa main droite. Il avait un petit bidou tout mignon mais ça se voyait qu'il y avait aussi pas mal de muscles. Surtout dans ses bras.

J'étais en train de disjoncter je crois.

Je te file un jogging donc tu te dis que tu peux me prendre mes clés ? T'es à l'aise toi.
C'est pas du tout ce que tu crois en fait, démentis-je
Arrête Esme, tu passes ta vie à me mentir, sale vicieuse.
Je voulais prendre ton scoot avec Lisko pour qu'il me dépose chez moi.

Il balança sa sacoche dans le casier pour enfiler un jogging non sans me donner un petit coup d'épaule pour que je me décale. J'attendis silencieusement. J'avais l'impression de me faire gronder par mon daron.

J'sais pas c'est quoi tes manières de princesse là. Faut que t'arrêtes de croire que tout t'es dû, tu viens tu te sers comme si tout t'appartenait. T'es une folle toi.

Je pinçai mes lèvres entre elles. Je me faisais sermonner par Mathieu. C'était lunaire ce qui se passait, mais je préférais ne rien dire. Il avait raison, j'étais du genre à me servir quand je voulais quelque chose.

Je suis une giga pute si un jour je te laisse poser tes fesses sur mon scoot. C'est bon pour toi ? Bouge maintenant.
Haha yes, crachai-je, bonne soirée. »

Je boudais je crois. Enfin, en tout cas, j'étais bien bien vexée. Réaction de princesse pourrie gâtée vous allez me dire, lol. J'avais la rage de m'être faite rembarré comme ça mais il fallait s'y attendre : j'aimais un peu trop faire ce que je voulais.

Je m'extirpai du bâtiment et m'éloignai rapidement en faisant un signe de main à Lisko au loin. J'avais pas trop envie de lui expliquer à quel point Mathieu m'avait craché à la gueule, donc je m'enfuyais à la hâte. Il m'avait pourtant prévenu que le Pruski peterait un câble... Moi, têtue ? Pas du tout.

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1K, merci beaucoup!!! J'espère que vous aimez bien l'histoire ? Hésitez pas à commenter ou à me faire des remarques, c'est motivant pour écrire la suite.
Bisous mes beautés

copine • plk Où les histoires vivent. Découvrez maintenant