copine • plk

4.

J'entendis des pas dans le couloir alors je mis mon index sur ma bouche pour mimer à Suzy de se taire. J'avais accepté de travailler avec mon père, cela ne voulait pas dire que tout était pardonné. Du coup, je passais mes soirées enfermée dans ma chambre et comme chaque soir depuis presque trois semaines, mon paternel me déposait un plateau de nourriture devant la porte.

C'était loin d'être de la grande gastronomie mais l'intention me touchait fortement. Je ne pouvais pas nier le fait qu'il était déterminé, et plus je le voyais faire des pas vers moi, plus je me demandais pourquoi il avait attendu dix ans.

Je collai mon oreille à la porte afin de capter le moment où il disparaissait du couloir puis j'ouvris la porte pour récupérer le plateau et le poser sur mon lit.

« Regarde, je filmai mon repas à Suzy, c'est comme ça tous les soirs... J'inspirai grandement. Je comprends pas pourquoi c'est dur d'accepter autant d'attentions de la part de mon père. J'ai envie de sortir de ma chambre et m'asseoir à côté de lui sur le canapé, mais en même temps je le connais pas vraiment ce type et c'est... les larmes me montèrent. Genre parfois je l'entends rire et marmonner des trucs devant la télé et je me dis qu'il a du se sentir bien seul pendant toutes ces années.
— Oh ma poupée, réagit ma meilleure amie, j'ai envie de venir te voir.
— T'as des souvenirs de mon père, toi ?

Je la vis se mordiller la lèvre en réfléchissant les yeux levés vers le plafond. Je profitai de ce silence pour retirer mes lunettes et les nettoyer partiellement à l'aide de mon teeshirt. J'avais retiré mes lentilles de contact un peu plus tôt dans la soirée.

— Ouais, c'est lui qui nous avait emmené pour la première fois à la patinoire, dit-elle en souriant. Je me rappelle que c'est parce qu'on avait peur d'y aller avec l'école et de tomber devant tout le monde du coup il nous y avait emmené plusieurs fois jusqu'à ce qu'on arrive à faire un tour de piste sans tomber. Et pour nous féliciter, il nous avait acheté...
— Des gaufres au nutella, avais-je dit en même temps qu'elle
— Tu te rappelles, il avait même joué l'étonné quand la maîtresse avait dit qu'on savait déjà bien patiner ! Suzy se mit à rire et je l'accompagnai

C'était exactement pour cette raison que j'avais essayé d'enfouir tous les souvenirs que j'avais de mon père. Parce qu'ils étaient tous biens. Il était plus simple de laisser partir quelqu'un qui nous faisait ou nous avait fait du mal. Ça n'avait jamais été le cas concernant mon père.

— Je vais te laisser ma belette, soufflai-je, je vais aller manger dans le salon.
— Je suis trop fière de toi ! Bisous, je t'aime. »

Et elle raccrocha rapidement. J'abandonnai mon téléphone sur mon lit mais embarquai un livre dans le plateau avant de le soulever pour l'embarquer dans le salon. L'ouverture de la porte fut périlleuse mais j'arrivai à atteindre la pièce de vie sans tout renverser. Je me glissai sur une chaise de la table à manger juste derrière le canapé où était installé mon père. Il regardait les informations.

Il fut incapable de contenir la surprise que je lu sur son visage lorsqu'il tourna la tête vers moi. Je le vis poser son café sur la table basse pour un peu mieux se tourner vers moi.

« Bon appétit, avait-il murmuré
— Les pâtes au saumon, commençai-je avant de finir ma bouchée, ce sont mes préférées. Dommage, ça manque juste d'une tonne de...
— Parmesan ?

J'hochai la tête. Il sourit.

— J'en ai, sers-toi dans le frigo. J'en raffole aussi ! »

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