☃️Chapitre 6 : Joshua☃️

143 10 0
                                    

☃️Réveil cauchemardesque☃️

Des particules glacées aspergent mon visage, me tirant brutalement du sommeil. Je me redresse d'un coup, le cœur battant, cherchant à comprendre ce qui se passe. Une silhouette se dessine dans l'obscurité. Noé, un sourire victorieux accroché aux lèvres, me fixe, les bras croisés autour de sa poitrine.

— T'es complètement folle ! m'écrié-je, encore sous le choc.
— La neige, ça réveille, Joshua. Tu devrais essayer, tu en as besoin.

Je jette un œil à mon portable. Six heures du matin. Je grogne en me levant, frissonnant à cause du froid qui s'infiltre sous mon bas de jogging. Sans réfléchir, je l'attrape et la hisse sur mon épaule. Elle pousse un cri de surprise et commence aussitôt à se débattre.

— Lâche-moi ! hurle-t-elle, ses poings martelant mon dos. C'est moi qui devrais te pourrir la vie, pas l'inverse !

Dehors, le froid me mord immédiatement la peau. Je la dépose dans la neige, espérant qu'elle se calmera. Mais à peine l'ai-je lâchée qu'elle me fait trébucher. Le souffle coupé, je tombe à ses côtés.

Sous mes yeux, la situation me ramène des années en arrière. Les moments dans la cour d'école se projettent devant mes yeux. Son regard plein de rage, le mien empli d'impuissance.

Je déglutis, mais avant que je ne puisse dire un mot, une boule de neige s'écrase sur mon visage. Le froid me brûle et me ramène au présent. Je réagis instinctivement, me précipitant sur elle pour l'immobiliser. Pas par rage, mais parce que tout cela est devenu une sorte de jeu, un moyen détourné de communiquer, bien que maladroitement.

Je la plaque dans la neige, mais elle inverse rapidement la situation. Ses poings glacés s'abattent contre mon torse. Je la laisse faire, sans me défendre. Ses coups sont légers, mais je sais qu'ils portent en eux une colère bien plus profonde. Cette colère que j'ai provoquée, il y a longtemps.

Ses billes noisettes rencontrent les miennes, et un bref instant, je remarque quelque chose de plus doux, presque de la confusion. Puis elle éclate de rire, un rire nerveux, comme si elle réalisait le ridicule de la situation. Sans le vouloir, un sourire m'échappe également. Nous tremblons tous les deux, pas seulement à cause du froid, mais aussi à cause de tout ce qui n'a jamais été dit entre nous.

Je sens la tension retomber un peu, mais mes pupilles glissent malgré moi sur sa silhouette, son corps trempé par la neige. Essayant de calmer ce tourbillon d'émotions contradictoires, j'observe son joli visage. Au moment où je suis prêt à ouvrir la bouche, une voix derrière nous me coupe.

— Vous êtes complètement inconscients !

Je lève la tête et aperçois Clotilde, la grand-mère de Noé, nous regardant avec un mélange de consternation et d'exaspération. Maladroitement, je me redresse, le froid me figeant peu à peu.

— À votre âge, j'étais déjà mariée, et jamais je ne me serais abaissée à faire des idioties pareilles ! Vous allez attraper la mort !

Je me tourne vers Noé, toujours couchée dans la neige, le visage aussi froid que la glace autour de nous. Ses lèvres tremblent, mais elle tente de garder son air défiant. Je m'approche et, sans un mot, la soulève dans mes bras. Elle se débat faiblement, trop épuisée pour réellement s'opposer.

— Ce n'est que le début, murmure-t-elle entre ses dents, me lançant un regard qui pourrait tuer.
— J'ai hâte de voir la suite, dis-je avec un sourire en coin, espérant la provoquer suffisamment pour qu'elle lâche prise.
— Tu vas voir, marmonne-t-elle, mais ses paroles sont plus faibles que d'habitude.

Le froid a dû l'atteindre plus que ce qu'elle veut bien admettre.

Clotilde nous sermonne encore, mais je l'ignore, trop concentré sur Noé. Chaque interaction avec elle me rappelle à quel point j'étais idiot. Bête de me laisser faire et manipuler par Emilio. Bête de la blesser pensant me protéger. Un simple abruti fini qui ne savait pas comment s'exprimer...

Aujourd'hui, rien n'est plus pareil. Elle n'est plus la petite Noé timide que je pouvais humilier. Et moi, je ne suis plus celui qui peut justifier mes actions par de la simple jalousie ou de l'immaturité. Il y avait bien plus que je n'osais m'avouer.

Quand je la pose enfin à l'intérieur, ses jambes tremblent, mais elle tient bon. Je devrais dire quelque chose pour apaiser la tempête entre nous. Cependant, rien ne sort.

— Profite de la vue, Joshua, déclare-t-elle en titubant vers sa chambre. C'est la dernière fois que tu me vois comme ça.

Sa nuisette moule son corps, pourtant je ne fixe que ses iris. Le reflet direct de son âme et des pensées qu'elle dissimule.

— Je te déteste, ajoute-t-elle avant de passer la porte de sa chambre.

Je soupire. Je le sais. Et je me hais aussi. Je porte encore le poids de mes actions, un fardeau incrusté dans ma peau qui ne me rend pas fier. Je ne serai jamais fier de qui j'ai été avec elle.

— Moi non, konayuki, murmuré-je en retour, toutefois elle ne l'entend pas.
                     Flocon de neige (japonais)

Quand je me tourne pour rejoindre ma salle de bains, Nicolas m'offre un coup d'œil qui se veut strict.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je innocemment.
— La prochaine fois que tu mates ma nièce, évite de le faire devant son père, me chambre Nico.

J'écarquille les yeux tandis qu'il continue sa route vers les escaliers d'une démarche sévère.

— Loïc était là ? m'enquiers-je.

En réponse, il s'esclaffe.

Je retourne dans ma pièce en secouant la tête. Avec de telles bêtises, le matelas est provisoirement condamné. Les draps rouges sont mouillés et je sais qu'il va falloir que je demande à Clotilde de les mettre à sécher. Un problème dont je m'occuperai plus tard.

Sous la douche, lorsque l'eau coule sur mon torse gelé, la brûlure du changement de température me provoque un juron. Pourtant, les picotements ardents ne sont que secondaires face à ma rancœur envers moi-même. Si j'avais été à la place de Noé, j'aurais eu une réaction beaucoup plus démesurée. Je lui ai volé ses années de jeunesse, sans aucun scrupule. Par pure honte.

J'avais deux pères, un qui passait son temps avec moi et l'autre qui me délaissait. Quand Chris est mort, Julio m'oubliait la plupart du temps. Noé était la dernière à patienter avec moi dans la cour de récré, mais sa génitrice ne tardait jamais.

Quotidiennement, le même schéma se reproduisait. Dans la tête d'un petit garçon, voir cette fille être récupérée par sa mère parfaite était un supplice.
Les jours d'école, tandis qu'elle me regardait avec des yeux remplis de peine, tout le monde riait de ma situation. J'étais le garçon aux papas, chose jugée contre-nature par les enfants à cause des parents. Puis après, j'étais devenu l'orphelin par la faute de Julio. Parce que lui était trop égoïste pour penser à moi. Il me laissait livré à moi-même alors que je n'étais qu'un enfant ! Combien de fois a-t-il oublié de venir me récupérer ? C'était la maîtresse qui me ramenait... Elle avait conscience de la douleur de la perte d'un être aimé et était toujours d'une extrême gentillesse envers moi ou mon père. Je sais qu'elle lui avait remonté les bretelles de façon assez directe une fois. Mais rien à faire... Il avait la tête ailleurs. Toutefois, ce que lui avait dit mon enseignante de maternelle avait suffi à ce qu'il vienne me chercher après le boulot. Il n'était jamais à l'heure.

Seule Noé, parmi mes autres camarades, avait de la pitié pour moi et je n'en voulais pas. J'aurais préféré qu'elle se moque à son tour. Parce que dans mon esprit, à cet âge, et je sais que ce n'est pas une excuse, elle était la cible facile. Meunier était celle sur qui je pouvais extérioriser ma colère. Les autres m'avaient rejoint dans ce délire, jusqu'à en oublier les insultes qui m'étaient destinées. J'avais commencé ceci vers la maternelle. En primaire, c'était devenu une habitude de l'appeler par ce surnom. Mais après... Après, tout a dégringolé. Je n'étais plus celui qui l'embêtait seulement par des paroles. Je ne tirais plus les ficelles, je ne contrôlais plus rien. Ces âneries se sont retournées contre moi et le maître du jeu, ce n'était plus moi. Le mec qui gérait tout ça était la pire des ordures. Et en le suivant dans ses conneries, par pur chantage, je me suis perdu.

Nightmarish ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant