❄️Chapitre 7 : Noé❄️

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❄️Appel cauchemardesque❄️

Toute engourdie, je commence à regretter mon idée. J'aurais dû partir en courant après lui avoir jeté cette boule de neige à la tête, ça m'aurait évité ce moment avec lui. J'ai ri en sa compagnie, ma propre personne me trahit.

On ne peut pas rester en colère toute une vie...

Malheureusement non. Ce n'est qu'un sentiment éphémère. Pourtant, ma rancoeur persiste. Contre lui, contre moi. J'aimerais lui gâcher chacun de ses repas pour qu'il sache ce qu' « avoir faim » signifie. Certains commentaires sont peut-être anodins, toutefois, ils laissent des traces indélébiles. Les critiques piquent, elles se gravent dans les cœurs qui s'en gavent et deviennent trop graves pour disparaître, trop ancrées par l'encre des paroles invisibles.

Je tourne en rond dans ma chambre depuis que je me suis lavée. Je ne veux pas voir ma grand-mère, qui ne fait que me critiquer. Mon grand-père, lui, est encore au lit. Seul son réveil m'intéresse.

Enfilant des chaussettes décorées de bonhommes de neige, je sautille, mes orteils ressentant encore le froid du parquet. Il est à peine neuf heures, et je m'ennuie. Finalement, je craque et appelle Alice. Elle décroche à la troisième sonnerie.

— Je te manque déjà, ma belle ?
— Si tu savais, chuchoté-je.

Son rire cristallin résonne de l'autre côté du cellulaire.

— T'as de la chance que mon père m'a réveillée à cinq heures du matin pour aller chasser. Alors, Tannersville ?

Tannersville est un village que j'adore particulièrement durant la période de Noël. En décembre la neige recouvre l'asphalte des jolies rues. Les montagnes environnantes sont visibles depuis le chalet et couvertes de poudre blanche. Aux alentours, les maisons décorées, les arbres ornés pour Noël créent un cadre digne d'une carte postale. Il y a tout pour plaire et pourtant...

— Horrible ! me lamenté-je.
— Ouille. Problèmes de famille
— Pire, Alice ! Joshua Benson !
— QUOI ?! hurle-t-elle, se faisant directement réprimander par son père.

Je grimace, mon tympan vibrant de l'impact de son cri.

— Ce conna...
— Ne dis pas la suite, la supplié-je.
— Ce gars est un débile ! À cause de son petit groupe de salopards complètement tarés, tu passes tes journées à jeûner.

Joshua n'a été qu'un déclencheur, mais Alice ne sait pas tout. Il est celui qui a lancé le surnom « Meu Meu, la grosse vache », et à partir de là, tout le monde au collège a suivi. Jusqu'à ma seconde année de lycée. Les insultes ont fini par se calmer, mais pas mes angoisses. Je n'arrive plus à manger sans me sentir épiée. À l'âge de treize ans, j'ai supplié mes parents de ne plus me mettre à la cantine. Et même à la maison, je sentais encore les yeux de mes camarades.
« Meu Meu engloutit ».

Dès que je mets un aliment dans ma bouche, je ne peux l'avaler sans ressentir un dégoût profond. Noël est le seul moment de l'année durant lequel cette pression n'existe plus. Les chocolats chauds, les sablés, le pain d'épices, le koba... Des délices que j'associe à cette période qui n'étaient pas présentes à la cantine du collège de Lancaster lorsqu'on m'écoeurait de la nourriture. Mais maintenant qu'il est là, j'ai peur de ne pas arriver à manger.

— Il ne m'a même pas reconnue... avoué-je quand je sens ma meilleure amie enfin calme.

Elle pouffe encore plus fortement.

— Tu crois sérieusement à ça, Noé ?

Je soupire en m'installant au bord de ma fenêtre. Dehors, mon père discute avec Julio, le père de Joshua. Leur ressemblance est frappante : une légère barbe de trois jours, des cheveux bruns et des yeux en amande aux teintes chaudes d'automne.

Nightmarish ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant