❄️Chapitre 22 : Noé ❄️

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❄️Illuminations cauchemardesques❄️

Mes pensées sont si agitées que je ne profite pas des illuminations. Dans mon manteau bien chaud, je reste en retrait pour admirer l'œuvre de Nicolas et Julio. Cela ne fait que quelques secondes que les lumières nous éblouissent, pourtant, rien ne semble éclairer la partie sombre qui a ressurgi en moi. Mes démons me menacent, me laissant au bord du précipice.

Joshua m'observe, je le sens, mais ses coups d'œil n'arrangent rien. Quand nos yeux se croisent, il devient livide tant la mort doit danser dans mes pupilles. Il amorce un pas, je secoue la tête pour qu'il reste à sa place. Ma gorge se comprime alors que mon oncle sautille tel un enfant jusqu'à moi.

— Alors, ne suis-je pas un professionnel ?
— Si. C'est joli.
— Simplement joli ? Tu me vexes, Noé.

Je ne réponds rien et quelque chose traverse son visage. Mon père nous rejoint avec un énorme sourire, qui se fane lorsqu'il remarque mon expression.

— C'est la vue du Père Noël qui te rend livide ? me questionne Nico.
— Non.
— Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquiert papa.
— Rien. Il n'y a jamais rien, chuchoté-je en repensant à toutes les situations similaires, alors que j'étais en détresse et qu'il ne remarquait rien.

Je serre les poings avec force pour me retenir de courir à l'intérieur du chalet et laisser mes démons prendre possession de mon corps. Le stress, la colère, tout s'est accumulé en moi au point de me pousser à les manger.

Manger mes émotions, ma damnation. J'engloutis pour mieux me sentir. Une fois les aliments avalés je me sens pire. Je les régurgite pour guérir. Finalement, je m'anéantis.

— Tu devrais peut-être manger un peu plus, me conseille mon père avant de repartir vers ma mère.

C'est tout. Il ne se pose pas la question de pourquoi je reste le ventre vide à longueur de journée. Non. Il va voir sa femme, lui rapporte que je tire une mauvaise tête et celle-ci rapplique, me posant la même question que mon père.

— Elle n'aime pas mes pingouins, boude Nicolas, le regard fixé sur le toit.

Maman plisse des lèvres avant de porter son attention sur Joshua.

— Ça t'affecte tant qu'il soit ici ? demande-t-elle d'une petite voix remplie de remords.

Elle danse d'un pied sur l'autre, sûrement pour se réchauffer, mais aussi parce qu'elle ne sait pas comment agir. Je ne dis rien.

— Noé... Si tu n'es vraiment pas à l'aise, nous pouvons...
— Non. Tout est parfait, maman. Vraiment, Joshua est mon meilleur ami. Maintenant, si vous le voulez bien, je vais me coucher.

Elle tente de me rattraper, mon oncle l'en empêche en déclarant :

— Laisse-la, elle a besoin de temps.
— Je ne comprends pas, souffle-t-elle, affectée. Si quelque chose la dérange, elle peut venir m'en parler.
— Peut-être qu'elle l'a déjà fait, mais que tu n'as jamais vraiment compris.

❆ ❆ ❆
(Préconisé de lire en écoutant Breath Me de Sia, à partir d'ici😉)
❆ ❆ ❆

L'heure du repas du soir a sonné, je ne suis pas descendue. Ma mère m'a apporté un morceau de pain avec du fromage, je l'ai jeté à la poubelle. Plus tard, on a toqué à ma porte, je n'ai trouvé qu'un cookie chaud enroulé dans une serviette avec un verre de lait.

Ça ne m'a pas calmé.

Lorsque le silence s'est répandu dans la demeure, signe que tout le monde dormait, je savais que je ne pouvais plus les repousser. La lutte contre mes crises de boulimie est toujours perdue d'avance. Je me suis levée en pleine nuit et j'ai mangé, avalé, jusqu'à vomir dans l'évier. Personne ne s'en est rendu compte... Pourtant, lorsqu'ils verront le frigo et les placards à moitié vides, ils se douteront de quelque chose.

Nightmarish ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant