❄️Chapitre 2 : Noé❄️

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❄️Départ cauchemardesque❄️

Tout le trajet du retour, je reste muette. J'aurais aimé ouvrir la portière et me jeter sur le trottoir. Le choc aurait été moins violent que cette annonce.

Je n'ai rien contre Julio que je ne connais pas si ce n'est son fils. Je n'ai même pas la force de penser à tout ce qu'il s'est passé à cause de son abruti de collègue. Par leur faute, ma mère est allée porter plainte au commissariat. Alors oui, j'aurais largement préféré découvrir une scène de crime. Après tous les traumatismes accumulés, je suis certaine que ça aurait été moins horrible.

— Je sais que tu ne prends pas très bien la nouvelle, Noé, affirme ma génitrice en se garant devant la maison.
— Ah bon ? Je saute de joie, pourtant !
— Mais tu n'as plus revu ce garçon depuis longtemps, continue-t-elle. Les choses ont changé et...
— Ne me demande surtout pas de faire des concessions ! Même s'il s'est transformé en ange, je vais faire de ses deux semaines un véritable enfer !

Elle mord ses lèvres pour s'empêcher d'esquisser une moue amusée face à mon sarcasme.

— Ton oncle m'a dit que c'est un très gentil jeune homme.
— Il est seulement aveuglé par les premières phases de l'amour. Attends six mois et tu verras comment il percevra le fils de son mari ! Comme Lucifer !

Elle ne se retient plus et éclate de rire. Je descends rageusement de la voiture, ayant l'impression qu'elle prend tout ceci à la légère. Personne ne change, encore moins les personnes aussi manipulables que lui.
Pour une fois, cet après-midi avait bien commencé. Mon professeur de philosophie était absent et ma mère m'a proposé de l'accompagner au travail. Elle avait l'air tellement heureuse que je puisse enfin intégrer l'un de ses cours que je n'ai pas pu refuser. Qui plus est, je n'avais rien à faire chez moi. Ma valise est prête depuis mercredi et je ne voulais pas rester seule. Alors j'ai pris la décision de la rejoindre pour siester au lycée. Ce qui, pour moi, était synonyme d'une excellente fin de journée, jusqu'à présent.

— Noé, m'interpelle-t-elle.

Je m'insulte devant la porte en constatant que je n'ai pas les clés sur moi.

— Laisse-lui une chance, persiste-t-elle.

Des mots qui me font plus de mal que de bien. Depuis que ce nom de famille a traversé la barrière de ses lèvres, mon âme se fait violemment transpercer à chaque parole qu'elle rajoute.

— Tu es en train de me dire que je dois absoudre sans broncher ? m'agacé-je en lui jetant un mauvais regard. Il va gâcher la seule période que j'aime dans l'année !
— Il est grand, maintenant. Je pense qu'il a fini de voler des repas et de proliférer des insultes à tout va, affirme-t-elle en ouvrant l'entrée.

Je ris jaune tandis que cette remarque m'achève. Mes entrailles se déchirent, me donnant la nausée, parce qu'elle ne connaît qu'une vérité maquillée. Elle pense qu'il n'y a eu « que » ceci, et pourtant...

Je suis consciente de ne pas être l'unique personne à avoir été moquée ou insultée, mais ce n'est pas une raison pour banaliser ce types de comportements. Je ne peux rien lui reprocher, elle a fait de son mieux pour m'aider. Elle a retiré son costume de professeure, a gardé son sang froid et m'a expliqué les grandes lignes du harcèlement, me demandant combien de fois cela s'était produit. Cependant, je lui ai menti en lui affirmant que ce n'était rien et que c'était arrivé seulement à quelques reprises. J'ai aussi menti en disant que tout venait de Joshua et seulement de lui. Parce que même dans tout ce chaos qu'il a causé, il rendait parfois les moments que son pote me faisait vivre plus agréables.

L'action de maman de se rendre au commissariat m'avait complètement apeurée. Je ne pensais qu'à l'ami de Joshua et à ce que j'endurerais si jamais il l'apprenait. Je ne sais même pas si leurs parents ou eux en ont été informés, mais ça n'aurait rien changé puisque le policier s'en fichait royalement. Hochant la tête et tapant d'un air ennuyé sur son ordi ce que maman lui rapportait. Je me rappelle avoir eu envie de lui enfoncer son chewing-gum au fond de la gorge tellement il le mâchait fort. Sans surprise, la plainte a été classée sans suite parce qu'apparemment, les préjudices étaient « insuffisants ». Une simple embrouille entre jeunes a commenté le flic... C'est ça ! Les larmes avaient pointé le bout de leur nez, mais j'avais agi comme si tout allait bien, car je ne souhaitais pas tout leur dévoiler, me sentant humiliée... Certaines choses sont imprononçables à voix haute. Et je pense sincèrement que je n'avouerai jamais à ma mère l'entièreté de la vérité. Parce que j'ai honte. Tellement...
— Avoir vingt ans ne signifie pas qu'il n'en a pas qu'un dans son cerveau de pois chiche ! protesté-je en entrant.
Je ne peux plus porter le poids de cette affaire sur mes épaules. Joshua n'était pas le pire, si je lui en veux autant, c'est parce que tout a débuté par sa faute. Rien que le fait d'en parler me met dans un état second. Je serre les poings, ferme les yeux et tente de me téléporter dans un autre monde afin de ne pas me ruer vers la cuisine. Processus interrompu par la voix de ma mère :

Nightmarish ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant