77. Messages oubliés

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Une boule dans la gorge, je continue à lire les emails.

Chère Roxanne,

Rob dit que tu es encore à l'hôpital. Personne n'a le droit de venir te voir pour le moment.

Shana m'a demandé de te donner les détails au sujet de notre baiser, ça la gêne que tu te fasses des idées.

Si j'ai réussi à venir c'est grâce à Rob, il a convaincu Louis de me laisser venir à ton anniversaire.

- Bien sûr Matthias, vas-y, a ricané Louis, il y a aura des tas d'adolescents avec des téléphones portables et un lien vers internet, quelle bonne idée pour toi qui évite les photos: la presse va se réjouir de revoir le « petit couple » de retour.

J'ai eu envie de lui arracher les yeux. Shana m'a appelé. C'était la solution ! Si tout le monde me croit en couple, tu serais tranquille ! Shana est sympa, elle m'a aidé à réviser en me passant ses cours. Je l'aime bien parce qu'elle ne se laisse pas faire. C'est la cavalière idéale. Finies les rumeurs si j'y vais avec elle.

Devant ta porte, malheureusement il y avait des journalistes. J'ai demandé à Shana de m'embrasser, elle connaissait mon plan. Lorsque ses lèvres se sont collées aux miennes, j'ai retenu un mouvement de recul. Un cri étouffé m'est parvenu au même moment. Lorsque, je me suis détaché de Shana, un peu sonné de mon audace, tu étais là, à me fixer comme si je t'arrachais le cœur de mes propres mains. Les invités derrière toi, prenaient des photos. Je ne pouvais pas te sauver ici. Une seule photo de nous deux et j'aurai gâché tous ces efforts. Je ne pouvais pas t'expliquer la situation sans me trahir. J'étais paralysé. Pour la première fois, mon esprit ne fonctionnait plus. Être si intelligent ne me servait à rien ! A rien !

Les jours qui ont suivi, les photos de ta fête s'étalaient sur internet. Rob me détestait.

- Elle t'aime ! m'a-t-il hurlé. Comment as-tu pu lui faire ça ?

- Tu te trompes !

Je ne comprends pas... Nous nous sommes promis une amitié éternelle. Je le sais, c'est moi qui ai enterré la boîte en aluminium, sous un arbre dans le parc du château. Tu avais promis que nous ne serions que des amis. Je voulais d'abord être fort pour toi. Je ne suis pas un prince, pourtant je voulais te sauver quand même. Suis-je puni pour m'être cru digne de ce rôle ?

Je ne suis qu'un imposteur. Et j'ai menti. Je n'ai pas la carrure d'un prince de conte de fées, mais je t'aime quand même. Quand tu me parles de tes créations, quand tu ris et que tu passes sa main dans mes cheveux que je ne coiffe pas, quand tu dessines, de ton index levé, dans l'air des chaussures imaginaires, quand tu te démaquilles en classe après un shooting et que tu ressembles à un petit panda à cause de ton mascara qui coule, quand tu es à côté de moi... Je suis heureux.

Je t'aime.

Mais je ne veux pas que tu me répondes la même chose par gentillesse. Tu fais toujours tout pour faire plaisir aux autres. Je ne veux pas être aimé comme ça, comme l'ont imaginé nos parents pour unir leur entreprise, ou parce que les gens du collège ce l'imaginent, parce que c'est ce que la presse espère. Je ne veux pas que tu m'aimes en retour, juste parce que tu es gentille, pour répondre aux attentes de tout le monde. Je ne veux pas être aimé juste par obligation. Je ne veux pas de sentiments faux et forcés. Tu m'as répété, pendant des années, que nous étions amis. C'était clair. J'ai redemandé chaque année, en espérant secrètement que tu changerais d'avis, tout en ayant peur que ce soit le cas. Pourquoi Rob affirmait-il une chose pareille maintenant ?

Je dois prendre mes distances pour ton bien.

Rob ne veut plus me parler. Je le comprends, il pense que j'ai t'ai fait trop de mal. Mon père le monte aussi contre moi. Il a décidé d'en faire son héritier officiel

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