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80. Le Prince et le monstre (partie 2/2)

Le souffle court, je reste concentré sur le discours de Silvio. Il semble soulagé de pouvoir enfin vider son sac.

« Matthias est sorti de mon bureau, continue Silvio. Je ne l'ai revu que bien plus tard, en tant que professeur au sein du lycée de Jay. Je pensais qu'il avait changé de vie et oublié sa promesse. Après le malheureux épisode avec Rob et Jay au lycée, il a disparu. Mais, il y a quelques temps, il a refait surface avec ce projet de défilé numérique pour le double R.

Lorsque j'ai compris que tu travaillais avec Matthias et qu'il était revenu en France, j'ai cru qu'il avait renoncé à ses ambitions. J'étais concentré sur la manière de changer de voie professionnelle, tandis que tu te battais pour faire survivre la Maison Rosso. Je ne voulais pas penser, je ne voulais pas l'admettre : le retour de Matthias auprès de toi me faisait peur. S'il réveillait de vieux sentiments enfouis ? S'il te faisait de la peine ? Si je te perdais définitivement ?

Je suis moi-même aller voir Matthias. Je voulais qu'il se retire de ce partenariat avec la Maison Rosso imposé par la GoldMine.

— C'est vous le Prince ! disait-il. Vous n'avez pas à craindre quoique ce soit de ma part. Moi, je ne répare que mes erreurs passées. Elle n'a plus besoin de moi dans sa vie. Je vais reprendre le contrôle de la GoldMine et vous rendre indépendant de cette firme.

— Très bien, ai-je dit pour le défier ce jeune homme qui se donnait des airs raisonnables. Les Rosso seront tirés d'affaires d'un point de vue financier. A ce moment-là... je demanderai à Roxanne de m'épouser.

— Vous... Oh ! Oui, bien sûr. Elle sera folle de joie. C'est bien. Si c'est vous Silvio, je suis d'accord. Mais, vous devez lui rendre aussi sa liberté. Roxanne doit reprendre elle-même la direction de son entreprise. Vous n'êtes pas heureux de votre rôle, et elle, elle se cache derrière vous. Ce n'est pas une bonne chose. Roxanne est bien plus forte, que nous tous réunis. Elle a du génie, dans tout ce qu'elle crée. Je veux qu'on lui reconnaisse ça.

— Très bien Matthias, nous allons faire ainsi. Mais que se passerait-il si elle me disait non ?

— Pourquoi ferait-elle une chose pareille ?

— Parce qu'elle a peut-être encore des sentiments pour vous ! Même si ça me coûte de le dire.

— Mais non ! Impossible. Si ça vous rassure, je peux m'arranger pour être odieux avec elle.

— Vous êtes bizarre, ai-je répondu.

Il a ri, mais tristement.

— Oui, on me le dit souvent. C'est une question de raisonnement. Les relations humaines, je ne suis pas doué pour ça...

— Vous fuyez l'amour des autres ?

— M'aimer est difficile. C'est vous qui l'avez dit : je suis bizarre.

La remarque n'avait rien de négatif. Il semblait énoncer un théorème. Il était convaincu de ce qu'il disait.

— Il y a bien quelqu'un qui vous aime, sans rien demander en retour, non ?

Matthias a regardé par la fenêtre de la salle de réunion, haussé les épaule et ajouté :

— Il y a une très jeune fille dont je m'occupe. Une rouquine effrontée, qui me tient tête et ça me fait rire quand elle dit qu'elle m'adore, même si je suis atypique. Je crois que ça me plaît qu'on puisse m'apprécier quand même. Je suis égoïste aussi, vous voyez bien !

Nous n'avons pas parlé plus que cela. J'ai laissé Matthias travailler avec toi, mais le fait que tu m'aies caché la signature d'un contrat avec Beauty Inc., ta manière de sourire quand tu dessinais ta nouvelle collection, ta façon de prendre ta complète indépendance, de ne plus me consulter sur cette collection, tout cela cumulé à mon insécurité m'a fait paniquer. Nous nous sommes disputés, je t'ai fait une proposition en mariage que tu as refusé. Jamais je n'aurais cru cela possible.

Je sais que c'est lâche de ne rien t'avoir dit au sujet de Matthias. Je voudrais que tu fasses un choix entre moi et lui.

Moi, je dessine moins et je n'aime pas gérer tous ces problèmes financiers, prendre des décisions d'ordre économique. Je ne veux plus le faire pour la Maison Rosso. Moi aussi, je veux vivre selon mes désirs. J'ai cru pouvoir te garder près de moi et t'emmener dans ma nouvelle vie, mais tu as refusé. J'ai commencé à boire, à... vriller. Je t'en ai voulu pour des raisons qui n'avaient au fond rien à voir avec toi. Je savais qu'en te faisant une demande devant tous tes collaborateurs au sein de la Maison Rosso et sous les yeux de ton père, tu ne pourrais pas refuser. J'ai eu tort. C'était une manière de tricher. De mettre un mur entre Matthias et toi, mais rien ne marchait. Rien ! Quelle ironie ! Matthias a tout fait pour être odieux avec toi, il l'avait promis. Il ne devait pas empiéter sur ta vie personnelle et tracer une limite claire entre pro et perso. Il me l'avait juré.

Et regarde où nous en sommes !

Silvio lève les bras d'un geste las.

- Malgré tous nos efforts, tu traces ta route et ton cœur ne peut pas cacher ce qu'il ressent. Cela irradie de toi. Je le vois bien. Je t'ai définitivement perdue, n'est-ce pas ?

- Vous avez tout fait dans mon dos ! je me mords les lèvres en évitant son regard. Comment pouvez-vous être si cruels ! Si j'avais su...

- Si tu avais su, je t'aurais perdue bien avant ce soir, n'est-ce pas ? Serions-nous même ensemble ?

- Silvio, je t'aimais. Vraiment ! Je n'ai jamais menti sur ce que je ressentais pour toi, tu le sais !

- Mais qu'aimais-tu vraiment en moi, Roxanne : admirais-tu l'homme ou le créatif ? Aimais tu vivre avec moi ou travailler avec moi ? Si la Maison Rosso n'était plus le socle de notre couple, resterais-tu avec moi ?

- Tu dis n'importe quoi ! Je t'aimais ! Tu étais mon héros, c'est toi qui m'as sauvée des flammes, c'est toi qui...

- Roxanne, je dois te dire que...

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Tadaaaa !

Alors ce chapitre ?

J'attends vos réactions !

Est-ce que vous passez un bon moment ? 

On a arrive bientôt à la fin, plus que quelques chapitres.

Je vais ralentir le rythme car j'ai moins de temps avec la rentrée (ayez pitié d'une pauvre autrice qui  écrit trop...)

Allez rdv vite (pas demain mais vite quand même !)