63. Chanson de la sirène

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Tous ces vêtements pèsent une tonne ! Heureusement que Jay est passé à la pause déjeuner.

— Alors autant te servir de moi comme main d'œuvre gratuite, c'est ça ? ronchonne mon nouvel esclave en m'aidant à descendre les escaliers.

— Te plains pas, je te donne une raison de revoir ton crush, alors on dit merci qui ? je le taquine.

— Je ne craque pas pour cette gamine ! N'importe quoi.

— Hum hum ! (Notez bien que je n'ai pas mentionné le nom de Stella)

— Je te dis que... Oh laisse tomber ! il souffle. Et puis, toi, tu n'en as pas assez de passer tes journées à bosser avec Matthias ? Attention, au mur derrière toi.

— Le projet est bientôt achevé, on doit encore finaliser quelques détails et ce sera réglé. Tiens mieux cette caisse, j'ouvre la porte et on sort.

— J'en déduis qu'après la soirée de lancement de ta nouvelle collection, on ne verra plus le frère Duval ?

— C'est ce qui est prévu, oui.

Effectivement, d'ici quelques jours, je n'aurai plus aucune excuse professionnelle pour voir Matthias. Le connaissant, il ne restera pas sur Paris. Il n'a jamais aimé la capitale, trop bruyante pour lui. Restera-t-il en France ? Partira-t-il loin avec Théo ? Est-ce que la maman du petit garçon les attend quelque part ? Peut-être s'agit-il d'une garde alternée ?

— Il y a une marche, fais gaffe, je le mets en garde. Je n'arrive toujours pas à comprendre à quoi Matthias joue et ça m'inquiète pour Rob.

— D'ailleurs, où est Rob ?

— Il joue les chauffeurs pour ma marraine. Elle a dû partir au château où aura lieu la réception pour tout préparer. Il semble qu'il y ait eu un souci avec le traiteur. Nous portons la boîte jusque chez le voisin, un chat nous regarde passer sans broncher.

— T'as mis des briques là-dedans ou des vêtements ? il râle.

— Jay, tu sais que Stella adore Matthias, n'est-ce pas ?

— Qu'est-ce que ça peut bien me faire ? Je le déteste quand même.

— Si tu apprécies Stella, il vaut mieux que tu mettes un peu d'eau dans ton vin et que tu pacifies tes relations avec...

Jay s'arrête brusquement juste devant chez Matthias :

— Lâche l'affaire ! il s'emporte. Je ne ferais aucune concession : c'est à prendre ou à laisser !

Nous posons la caisse devant la maison pour faire une pause. Je reprends mon souffle, Jay délaisse sa veste de cuir sur la murette du jardin avant de la reprendre.

— Pourquoi, lui en veux-tu encore ? j'insiste. N'as-tu pas l'impression que tout le monde souffre de la situation ?

— Chacun sa douleur, il crie. Le voir me rappelle à chaque fois à quel point... à quel point...

Soudain, il pâlit en passant une main sur son visage en sueur. J'aimerai tellement que Jay, Rob et Matthias se réconcilient. Tout serait plus simple et nous serions plus heureux.

— Jay, ça va ? je demande en le voyant tourner de l'œil pour une raison qui ne me semble rien à voir avec l'effort physique. Il ne reste que quelques mètres, aide-moi. »

Il attrape le carton. Nous entrons chez le voisin et nous sommes accueillis par une chanson accompagnée d'une guitare. C'est Stella qui divertit Blanche et Théo. Jay fait immédiatement volte-face et quitte la maison sans demander son reste. La caisse reste dans l'entrée, à mes pieds. Qu'est-ce qui lui prend ?

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