𝐍𝐲𝐜𝐭𝐨𝐩𝐡𝐢𝐥𝐢𝐚

3. Cry

TW : Maltraitance, Mal-être

Jude Kebena's pov.

Ce soir en rentrant à la maison, je me suis réfugié dans ma chambre en vitesse. Mais j'ai beau m'être cachée de la tempête, elle va revenir.
Et bien plus violente.

Assise à table, je fixe mon assiette tréssauter au coups que mon père donne à la table. Je joue avec ma fourchette dans mon assiette.

C'est fou. Pendant toutes ces années, j'ai toujours essayé de rendre fière mes parents, sans réussir. Mais il a fallu que le lycée les prévienne de mon retard de ce matin, pour qu'ils commencent à me porter de l'attention.

Mais si, ce n'est pas dutout l'attention que je demandais.

"Mais bordel, Qu'est-ce qu'on a fait pour avoir une fille comme ça ?!" Crie mon père.

Je mords ma lèvre, me retenant de répliquer. Je sais que répondre rendra les choses bien plus difficiles encore.

Mais je n'ai pas pu m'en empêcher.

"Juste pour un retard ?" Osai-je.

Ma mère me regarde, la bouche grande ouverte. Je tourne ma tête vers mon père pour le regarder droit dans les yeux.

Il est à deux doigts d'exploser.

Pour essayer d'apaiser les choses, je décide de prendre une bouchée de la viande juteuse que ma mère a cuisiné.

Mais je ne m'étais pas préparée, que mon père me jetterais en pleine face mon assiette. Sentant la sauce collante sur ma peau, je me lève à mon tour, prise d'une violente colère.

Je n'ai pas le temps d'essayer de crier que je sens une douleur intense dans ma joue. Fronçant les sourcils, tout est allé trop vite.
Je n'ai même pas réalisé qu'il m'avait giflé. Je réfléchis à toute vitesse en sentant le sang pulser dans mes veines.

Calme toi Jude. Ne descends pas à son niveau.

Alors je sors de table, laissant mon père crier seul dans le salon.

Je me sens sale.

Je me sens humiliée.

Je me sens terriblement vide.

Je ferme derrière moi la porte de la salle de bain, puis je me déshabille silencieusement.

Je ne sais pas ce que j'ai le plus détesté.

Son discours ? Le jet de mon assiette ? La gifle ?

Je prends une longue douche. En réalité, je suis absente. C'est dur d'être là sans l'être réellement. Je déteste cette sensation qui m'envahit de jour en jour.

Comme si, je ne suis que le reste de mon ombre.

Ce soir-là, en observant les étoiles, je me sens différente. J'ai l'impression d'avoir perdu une partie de moi.

Je commence même à avoir mal aux yeux quand je me met à fixer les étoiles, essayant de disparaître pour les rejoindre.

Je me rappelle des soirs, quand je n'étais qu'une enfant, je souhaitais devenir une étoile, juste pour briller davantage.

Mais plus les jours passent, plus j'ai envie de devenir une étoile. Réellement. Être libre de planer dans le ciel la nuit. Être une étoile que quelqu'un regardera peut-être enfin.

Je lève ma main, englobe des étoiles que j'enferme dans le cercle que j'ai fais avec mes doigts. Je prie, de toute mes forces, pour devenir l'une d'elle. De les rejoindre. Et au plus vite.