17. Try

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Jude Kebena's pov.

La nuit était froide, mais malgré sa froideur, elle m'a accueilli dans ses bras, me berçant avec les étoiles. C'est une sensation extrêmement étrange de dormir sur un banc, froid, toute seule.

À chaque coup du vent, un long frisson parcourait ma colonne vertébrale, comme pour me préparer à un potentiel danger. Évidemment, en me réveillant, j'ai été accablé par la douleur dans mon dos, c'est pas confortable un banc de parc.

Aujourd'hui, j'ai commencé à arpenter les rues de notre petite ville. Je restais à l'affût, apportant à chaque inconnu que je croisais, de l'attention, par peur de rencontrer une connaissance à moi.

Connaissant mes parents, je ne suis pas spécialement sûre qu'ils aient déjà prévenu les autorités, ma mère a dû forcer mon père à ne rien faire, contente que le poids que je suis, a disparu.

Mais je crains encore plus, croiser Ace. Lui aussi, vit à la rue, il y a de fortes chances que je le croise. Et je ne saurais pas quoi dire, je perdrais sûrement mes moyens. À moins qu'au contraire, c'est bien lui qui m'évitera.

Hier, quand je me suis confié à lui, je me sentais apaisée d'enfin avouer tout le poids et la culpabilité qui pesait sur mes épaules. Pourtant, quand je l'ai vu, immobilisé, j'ai eu l'impression de le perdre, définitivement.

C'est une horrible sensation, de voir un être que l'on aime et qui nous est cher, s'éloigner, juste devant ses yeux.

Alors oui, hier, je l'ai senti partir avec une partie de mon coeur. Et j'ai une peur immense de le recroiser.
Je me contente d'errer dans les grandes avenues, me réfugiant dans la foule. Quand je passe devant un libraire, qui m'est totalement inconnu, une folle envie me parcoure.

L'un de ses magazines fièrement debout sur une table à l'extérieur, me fait de l'œil. Les mains moites, je m'imagine d'abord une centaine de façon de prendre ce magazine.

Et finalement, j'opte pour la plus simple et efficace. Alors je me met à courir, en direction de ce magazine, je l'attrape fermement dans ma main.

Et avant même d'entendre les plaintes du libraire, je cours, encore et encore, jusqu'à m'engouffrir dans l'une de ces rues étroites que nous évitons habituellement.

En reprenant mon souffle, je m'assois à même le sol. J'examine d'abord la couverture du magazine. Évidemment, il est en rapport avec des faits divers criminels, ma plus grande passion.

C'est un petit magazine, il ne coûtait pas cher, ce n'est pas une grande perte pour le libraire. En réalité, le magazine traite l'histoire qui nous touche actuellement, habitants de Flint.

Un fléau de cadavre retrouvés dans la ville, parfois démembré, sauvagement attaqué, mais surtout, toujours pas élucidé. Des empreintes ont été trouvés sur les corps, mais elles ne correspondent à aucunes donnés sur la base.

Nous avons donc affaire à une personne totalement inconnu des autorités. Il peut se cacher n'importe où. Tout ce qu'il a à faire, c'est ne pas être arrêté pour un autre délit, afin que ses empreintes ne soient pas prélevés.
À moins que, la police décide enfin d'enquêter de façon plus approfondie et de relever les empreintes de la ville entière.

Parfois, je me demande comment un tueur pense, comment organise-t-il ses meurtres, quels sont les critiques d'après lui. Je serais vraiment ravi d'étudier un cas spécifique, malheureusement, je n'ai aucune force pour faire les études nécessaires.

Surtout que, d'après ma famille, je dois finir héritière de l'entreprise de mon père, même si je n'en ai aucune envie.

Soudain, alors que j'étais enfouie dans mes pensées les plus profondes, un mouvement à côté de moi m'extirpe de mon esprit. Je découvre à mes pieds, un énorme rat, gris et sale. Ses yeux d'un noir profond me fixe étrangement, me mettant presque mal à l'aise.
D'une main, je l'attrape contre moi, il est tout humide et tremble. Je carresse lentement sa tête. Et je reste ici, assise contre le sol sale d'une rue douteuse, un rat grassouillet à mes côtés.

𝐍𝐲𝐜𝐭𝐨𝐩𝐡𝐢𝐥𝐢𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant