Avant que nos étoiles n'explosent

26 - Falling

En poussant un dernier râle de plaisir, le jeune homme se laissa tomber à côté de son amante et ferma les yeux un instant. Il haïssait ce moment où ses idées redevenaient claires et où il ne savait que ressentir, si ce n'est la honte de son comportement. Il se redressa d'un geste brusque et commença à enfiler ses vêtements, sous le regard perdu de la fille.

"- Tu pars déjà ? On pourrait manger un bout, tu peux dormir ici, il est tard.
- Non, je reste pas dormir. "

Il savait bien qu'il était injustement froid, mais il n'avait plus aucune envie de croiser son regard, et voulait juste pouvoir se réfugier chez lui le plus rapidement possible.

"- Je connais même pas ton prénom !
- On va pas se revoir de toute façon. Bonne nuit."

Il attrapa ses chaussures et les laça à la va-vite en sortant de la pièce. Sous des protestations ahuries il claqua enfin la porte de l'appartement, et pu dévaler les escaliers dans le silence. Elle s'en remettrait. A quoi pouvait-elle bien s'attendre de toute façon ? Elle serait juste un autre coup d'un soir dont il oublierait le prénom dès qu'il atteindrait son domicile.
Il conduisit distraitement, par un automatisme qu'il savait bien dangereux. La veille il avait failli percuter une trottinette qu'il n'avait pas vue arriver à un croisement, mais ça ne semblait pas lui avoir servi de leçon. Qu'est-ce qu'il en avait à faire de toute façon ? A cette pensée, un nouvel élan de culpabilité émergea dans son esprit. Merde, il était là pour aider les gens, pas pour tuer un jeune qui rentrait de soirée. Pour les dernières minutes de trajet, il fit l'effort de se concentrer sur la route, au moins il arriverait plus vite. Dès que le véhicule s'arrêta, il en sauta, et gravit les marches jusqu'à son étage. Sa première action chez lui après avoir verrouillé la porte ne fut pas d'enlever ses chaussures, ou même d'allumer les lumières : la lune le guiderait jusqu'à la cuisine. Avec soulagement, il récupéra enfin sa bouteille de téquila et s'avachit dans le canapé pour commencer à boire, à même le goulot. Enfin.

Le soleil s'était levé lorsque des martellements à la porte tirèrent Maxence de sa contemplation : sa bouteille était vide depuis un moment et il admirait simplement le reflet de la lumière sur le verre, qu'il trouvait étonnamment dramatique. Le visiteur inopiné ne semblait pas vouloir s'en aller, le jeune homme décida donc de se lever pour lui ouvrir.

"- Ah c'est pas trop tôt !"

Lucas s'empressa de s'engouffrer dans l'entrebâillement de la porte, et expliqua :

"- Il met des story, tu te rends compte ? Des story ! Sans jamais répondre à mes messages !
- Qui ?"

Le blond fronça les sourcils, comme si la réponse était absolument évidente, et s'exclama :

"- Baptiste ! Attends... t'es bourré ?
- Et alors ?
- Il est 8h du matin !"

Il ne reconnaissait absolument pas son ami : il semblait juste agacé par sa présence, ce qui n'arrivait jamais. Et pourquoi était-il alcoolisé, seul, chez lui ? S'était-il passé quelque chose ? Certes il était en vacances cette semaine mais ça n'était pas vraiment sa manière à lui de profiter, du moins il lui semblait.

"- Qu'est-ce que tu fous là Lucas ?"

La violence dont il faisait preuve le déstabilisait, et il ne pu que bégayer :

"- Je, je voulais parler de Baptiste, c'est tout.
- Ouais bah je suis pas d'humeur là, tu peux repasser plus tard ?
- J'ai fait quelque chose de mal ?
- Tu sais que le monde tourne pas autour de toi ?"