Pour Lucas les jours s'écoulaient, et se ressemblaient. Cela faisait presque un mois que sa copine l'avait quitté, et la situation ne semblait pas avancer. Apparemment elle allait rester sur Paris définitivement, et il ne se voyait pas prendre le train pour la supplier de lui donner des explications. Parce qu'il savait parfaitement pourquoi elle avait enfin mis un terme à leur relation. Ça ne rendait pas les choses plus faciles à accepter.
Il avait repris son vieux quotidien, ne sortant pas à part pour aller à la fac, même pas pour l'anniversaire de Maxence où il avait fait une apparition si courte qu'il lui avait fait la tête pendant deux jours. Il avait le sentiment d'être coincé dans le passé, surtout à vivre dans ce qui aurait du être leur appartement commun. Il devait y rester jusqu'à fin mars pour ne pas avoir payé des loyers dans le vide, mais il avait de la chance : son ancien logement n'avait pas été loué et il allait pouvoir le récupérer. C'est en appelant son meilleur ami pour lui annoncer ça qu'il s'était retrouvé dans un guet apens :"- Lucas, y a une fête chez Corentin ce soir, tu as intérêt de venir, ou je ne te parle plus jamais. Il est temps de recommencer à faire des trucs, je m'inquiète pour toi. Je viens te chercher à 20h, sois prêt."
Il ne lui avait même pas laissé le temps de répondre avant de raccrocher, et au fond était-ce une si mauvaise idée ? Des amis, de la musique, et de l'alcool, voilà de quoi lui occuper l'esprit.
⁂⁂⁂
"- C'est gentil d'avoir proposé de me ramener, merci.
- Je n'allais pas laisser Maxence te ramener, vu dans l'état dans lequel il était..."En riant, les deux hommes s'installèrent dans la voiture du brun, claquant leurs portières dont le bruit résonna dans la nuit. Le soleil ne devrait pas tarder à se lever, mais pour l'instant la nuit était noire, sans même l'illumination d'une lune, cachée par les nuages.
Lucas reprit :"- Faut pas lui en vouloir ; il s'est fait recaler en beauté par Alexandra...
- Par Alex?"Baptiste démarra le moteur, regardant dans le rétroviseur pour effectuer sa manœuvre. Son ton était détaché, mais il y perçait une pointe de surprise.
"- Oops, ne lui dis pas que je te l'ai dit!"
Lucas gloussait, et le conducteur lui jeta un regard étonné :
"- Tu as vraiment bu?
- Juste un peu ne t'inquiète pas..."Employant un ton de confidence, il finit par lui faire un clin d'oeil, qu'il ne vit pas, concentré sur la route.
"- Alex donc?
- Il était à fond sur elle, soupira-t-il. Il a essayé de l'embrasser cet imbécile. C'était supposé être sa soirée courageuse tu vois, mais elle l'a recadré, gentiment d'ailleurs, trop... Il faut que tu le saches, elle est pas bi du tout, elle est lesbienne ! M'enfin c'est Maxence, il s'en remettra, mais il était bien triste ce soir, ça m'a peiné.
- C'est pour ça que tu as bu aussi alors? le taquina-t-il. "Le jeune lui mit une petite tape sur la tête pour punir ce sourire en coin, mais il se fit réprimander :
"- Hé, je conduis!
- Tu es si sérieux... Boire un peu plus t'aurait rendu plus amusant.
- Et comment serais-tu rentré chez toi, hum?"Lucas cessa de rire, adoptant une mine triste. Surpris par ce brusque changement d'humeur, Baptiste lui jeta un coup d'oeil.
"- Lucas?
- J'ai pas envie de rentrer; depuis que Lila est partie je... La maison est vide, souffla-t-il. Je me sens encore plus seul."Il baissa la tête, un peu honteux de cet aveux de faiblesse : allait-t-il se moquer? Il ne s'était pas moqué la dernière fois, lors de leur balade nocturne, qui n'avait d'ailleurs jamais été réabordée. Mais là il était triste pour une fille, qui l'a laissé tomber en plus, n'était-ce pas pathétique ? Il ne voulait pas s'apitoyer sur cette situation dont il était, au fond, le seul responsable, mais il devenait dur de supporter cette solitude qui le rongeait. Il ne supportait plus de rentrer chez lui dans le silence, car il n'en entendait que trop bien le bruit de son cerveau qui, lui, ne se taisait jamais. Le pire était la nuit, lorsqu'il se retrouvait à contempler le plafond dans la pénombre, recroquevillé au milieu d'un lit bien trop grand pour lui. Son odeur encore partout... Et c'est lorsqu'il n'arrivait pas à dormir, habité par ses souvenirs, qu'il avait envie de pleurer à s'en noyer l'âme. Mais il avait déjà craqué deux fois avec Baptiste, il devait rester fort. Cette petite phrase lui avait échappée - et il en remettait volontiers la faute sur l'alcool - mais ça ne se reproduirait plus. Il secoua la tête, déterminé à garder le peu de dignité qui lui restait; et le silence éloquent de son ami ne fit que renforcer cette volonté.
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Avant que nos étoiles n'explosent
Hayran KurguLucas n'était pas spécialement beau, ni intéressant. Baptiste n'était pas le plus patient, encore moins le plus apprécié. Ils n'attendaient plus grand chose de la vie. Tout les opposait. Et pourtant, il a été écrit dans les étoiles que ce soir de dé...