Chapitre 11

156 28 44
                                    

Le bonheur, alors que chacun le définit à sa manière, le mien se définissait à ma famille.
Ma famille représentait ce que j'avais de plus chère, ma famille représentait une motivation en plus dans ma vie si ce n'est qu'elle avait déclassé les autres pour se hisser au sommet.
Cette famille que j'avais difficilement créé.
Oui j'avais menti, oui j'avais effrontément trompé les miens mais les quelques traces de remords qui pouvaient étouffer ma conscience prenaient une rapide course lorsque le spectacle de complicité d'un père et de sa fille s'offrait à moi.
Notre petite fille, en son père Ezéchiel avait trouvé ses repères, elle plaçait en lui une confiance et un amour que je trouvais simplement magnifique. Elle n'acceptait que les bras de son père pour se faire bercer,elle ne pleurait jamais quand c'est lui qui lui donnait son bain ou quand il l'habillait contrairement à lorsque ma mère ou moi le faisions. Parfois au milieu de la nuit, lorsque je me levais pour voir si elle allait bien, je les trouvais en parfaite petite conversation alors qu'il lui changeait sa couche.

C'était tellement adorable de voir comment mon mari lui racontait notre histoire, ses craintes, ses joies, ses fiertés... Et elle avec la plus grande attention l'écoutait, souriait ou parfois lui tapotant le visage de ses petites mains.

Une autre de mes affections en dehors des moments en famille était cette accréditation que nous avions maintenant mon mari et moi.
Étant le seul couple sans enfant d'un groupe d'amis ou de connaissances, nous étions souvent les incompris, les parias.
«pour quelle raison viendrez-vous à un anniversaire d'enfant, vous n'en avez même pas et cette année nous avons dit uniquement les parents d'enfants. » voilà à peu près le genre de discours que l'on nous servait pour justifier le fait que nous n'avions pas été invités.
Aujourd'hui, nous avions reçu une sorte de cachet, une autorisation pour les sorties en famille, pour les goûter et les anniversaires.
Maintenant les gens ne se cachaient plus de nous, ils ne chuchotaient plus lorsque j'arrivais car moi aussi j'avais désormais un bébé.
C'était peut-être puéril comme sentiment mais être toujours rejeté par les autres pour une raison ou une autre, involontairement une soif aussi minime qu'elle soit se crée. Une soif de vengeance? Une soif de montrer que l'on a enfin réussi ou celle qui dit que désormais je suis comme vous ou plus que vous ? Je n'en sais rien mais j'éprouvais cette fierté et je n'avais plus ce goût amère au fond de la gorge, le goût de la tristesse et du désespoir.

                                   *

C'est une matinée de samedi normal après une longue semaine, le soleil qui  est déjà haut dans le ciel donne l'impression d'aspirer à travers ses rayons tout l'air frais pour renvoyer une cuisante chaleur et une atmosphère chaude dont l'air est quasi inexistant.
Je me suis réveillée d'humeur sucrée et j'en ai profité pour inviter Émilia découvrir un nouveau salon de thé situé au quartier bonamoussadi.

—Oula, dis-donc cette petite fait déjà ses dents. Dit Émilia en portant son homonyme.

—ah oui?

— son bavoir est complètement imbibé de salive sans compter comment elle mâchouille son jouet.

—effectivement j'ai remarqué qu'elle faisait plus de salive, elle est très irritable et fait de la température. Le  seul qui la touche c'est son amoureux et elle le colle tellement qu'il se retrouve à manquer des jours de travail.
Dis-je en mordant dans mon beignet à la crème.

—parles-en à son pédiatre mais ça devrait vite passer ne t'inquiètes pas. Hein ma jolie n'est-ce pas que ça va passer, tu as juste une poussée dentaire.

Pour réponse, cette dernière envoya un flot de salive à Émilia qui était en admiration devant elle.

—c'est impressionnant comme elle te ressemble. On dirait vraiment que tu es sa mère biologique.

Mère à tout prix.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant