Mère à tout prix.

Chapitre 9

Je suis encore perturbée par mon rêve de cette nuit, ce n'est pas tant le rêve qui me perturbe mais c'est que ça fait la troisième fois en quelques semaines que je fais le même type de rêve. Peu importe la situation, Maëva et mon mari finissent toujours par partir avec ma fille.

Je ne suis pas du genre superstitieuse mais le même rêve à chaque fois ça devient trop, et si Dieu voulait me faire passer un message ?
Non ça ne peut pas être ça, je sais que cette petite qui est dans le ventre de Maëva est un cadeau qui vient de lui alors en quoi ce serait un message ? Où bien il veut me demander de me méfier de Maëva ?
Mais pourquoi ?

—allô ? Allô il y a quelqu'un ?

J'ai tellement hâte d'avoir ma fille dans mes bras, je me demande si elle ressemblera à ses frères et sœurs ou peut-être à sa génitrice ou pire à son géniteur? D'ailleurs en parlant de lui, Maëva n'y a jamais fait allusion, je ne connais même quelles sont ses origines. Imaginons que ce soit quelqu'un que je connais. Je souris face à cette idée farfelue et les bribes de mon rêve reviennent me hanter.

—Kara ce n'est pas Ezéchiel que je vois embrasser une jeune femme dans sa voiture là ?

—hein où ça ?

—ben voilà, je pensais qu'on t'avait perdu.
Dit-elle amusée.

—« tsuip » Emilia ce n'est pas drôle.
Dis-je en roulant des yeux tout en croisant mes bras contre ma poitrine.

—désolé mais j'en avais un peu marre de parler seule.

—oh excuse moi Émi j'étais un peu loin.
Avouais-je honteuse. Tu disais quoi ?

—je demandais comment ça va à la maison, tu es prête à jouer le rôle le plus important de ta vie ? Et Ezéchiel ?

Elle mit un bout de croissant dans la bouche et porta toute son attention sur moi.

—Ezéchiel a fini de mettre la peinture dans la chambre de la petite et il a aussi monté le lit. Heureusement le bailleur n'a pas dérangé pour la peinture.

Je sors mon téléphone pour lui montrer les vidéos, elle y porte un véritable intérêt et je perçois comme de la nostalgie dans son expression.
Émilia aime beaucoup les enfants et je me souviens qu'elle était une excellente mère.
Mais aujourd'hui elle les fuit totalement.

—dit Emilia tu n'as pas envie d'accoucher à nouveau, tu ne veux pas un petit être tout mignon que tu vas beaucoup aimer et qui va t'aimer en retour ?

—euh ...
En fuyant mon regard elle se met à repasser de sa main la nappe du restaurant où nous nous trouvons pour petit déjeuner.

—ça ne te manque pas un peu ? Tu sais tu es jeune et...

— et rien me coupe t-elle.
J'aurai suffisamment d'amour à donner à ma filleule, cette petite n'est même pas prête par rapport à ce qui l'attend.

Je souris tristement et je préfère fermer ce chapitre encore douloureux pour elle. Néanmoins je trouve que c'est du gâchis, moi au moins c'est parce que je suis stérile que je n'ai pas d'enfant mais elle, elle en a la possibilité mais ne veut tout simplement pas.

—et vous avez déjà choisi son nom ?
Me demande t-elle en me sortant à nouveau de mes pensées.

—oh oui mais c'est une surprise.

—pourquoi j'ai l'impression qu'il y a autre chose, tu étais sur la lune tout à l'heure et je sais que ça n'a rien à voir avec des choix de peinture.

Je souffle et décide de tout lui dire.

—ça fait trois fois que je fais en quelque sorte le même rêve, un cauchemar plutôt dirais-je.