Chapitre 19

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— donc c'est comme je t'explique. Après ça elle a encore conçu.

— oui je me souviens qu'elle m'a demandé de prendre aussi cet enfant mais à l'époque j'ai refusé. Je n'avais demandé qu'un enfant à Dieu pas plus.

— ça je ne l'ai su qu'après parce qu'honnêtement Maëva ne vivait plus ici. Elle n'est revenue que lorsque son compagnon l'a frappé une énième fois.

je revois bien de ce jour où elle refusa d'admettre qu'elle était une femme battue et puis je ne vais pas mentir que je m'en foutais royalement.  Je pris un instant pour souffler. Je voulais évacuer tout ce stress, cette colère....

— et après ?

— elle est arrivée chez moi un soir en larmes et réclamant mon aide. Elle sait s'yprendre pour arriver à ses fins.

— j'ai vu ça. C'est maintenant elle la femme de mon mari. Mais tu sais comment ils se sont rencontrés ?

— non je ne connais pas ton mari malheureusement. Je sais juste que je l'ai amené à l'hôpital où elle a perdu l'enfant et c'est là que j'ai exigé qu'elle fasse cette intervention. Après ça elle a encore disparu en prenant avec elle sa fille aînée et puis un beau matin, Manu est rentrée seule disant que sa mère était partie au Gabon. Je n'ai plus jamais entendu parler d'elle jusqu'à aujourd'hui.

Décidément Maëva était une vraie plaie pour tout le monde, une ingrate et une opportuniste, sa tante avait été la première victime. Il fallait qu'on l'arrête, il fallait que je l'arrête elle avait fait suffisamment de mal comme ça autour d'elle. Même pour ses enfants elle était toxique. Voilà elle apprenait à Manu à faire des cachoteries.

— je vais devoir y aller. Merci pour ces informations Philomène.

— je suis désolé, si j'avais su que cette histoire allait t'apporter des ennuies, jamais je ne t'aurais présenté Maëva.

Je lui fis un sourire en me levant.

— j'ai eu Emie et si c'était à refaire je recommencerai.

— je peux....

Elle ravala ses mots de peur sans doute de me contrarier mais je voulais lui faire confiance, alors oui, dans ma galerie j'ai sélectionné une vidéo que je lui ai montré. Elle était émerveillée devant la petite qui dansait et chantait à l'occasion d'un spectacle à l'école.
Elle suivait avec attention et le regard brillant ses faits et gestes. A la fin de la prestation Emie me faisais un petit sourire ainsi qu'un signe de main ce qui arracha un grand rire à Philomène.

— je suis tellement contente, elle est belle et éveillée. En plus il y a une ressemblance entre vous. Dit-elle en me rendant mon appareil que je remets dans la poche arrière de mon gros sac.

— on me le dis souvent.

— tu as une belle fille. Mais va maintenant, quelqu'un doit arrêter Maëva.

Sa dernière phrase avait des notes de tristesse, elle n'avait pas une position des plus délicates entre le marteau et l'enclume. Elle voulait faire justice mais faire justice contre qui? Sa propre nièce qu'elle aimait énormément.

*

La tête posée contre la vitre du taxi, mon sac d'hôpital retenu fermement entre mes bras, je ne peux m'empêcher de m'imaginer la confrontation entre Maëva et moi. Comment a t'elle planifié tout cela ? Pourquoi ? Pourquoi les gens ne savent pas se contenter de ce qu'ils ont déjà? La réponse me vient automatiquement: l'homme est un éternel insatisfait, rien n'est jamais assez bien pour lui, il en faut plus, toujours plus et surtout ce qui appartient à l'autre.

Mère à tout prix.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant