Chapitre 2

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Assise dans le cabinet du plus grand spécialiste en reproduction du moment, j'espère vivement repartir avec une bonne nouvelle. Je prends la peine de l'observer et ce cabinet, pour celui d'un aussi grand spécialiste n'avait rien de différent de ceux que j'avais vu durant toutes ces années. Des affiches sur la reproduction et d'autres de femmes portant fièrement leur grossesse recouvrent les trois quarts des murs, un bureau au centre de la pièce avec plein de documents et un lit destiné à examiner les patientes, les mêmes murs blancs et cette même forte odeur d'alcool.

C'est fou comme il suffit d'être personnellement touché pour comprendre le réel impact de la chose. J'avais toujours compati, assise sur mon canapé, aux histoires de ces femmes qui passaient dans les émissions de télé, chacune expliquant le combat qu'elle avait mené ou qu'elle menait toujours pour enfanter mais au fond, est ce que je comprenais réellement, à vrai dire non. Même lorsque j'entendais des histoires sur des femmes qui se faisaient malmener pour cette cause, je trouvais que cela n'étaient que des histoires et rien de plus.

Avant mon mariage je n'y pensais jamais car il était clair que mes enfants je les ferai uniquement dans le mariage et après mon mariage je me disais que j'avais le temps mais lorsqu'une année passe, une deuxième et puis une troisième, on se prend cette réalité en plein fouet et le combat de ces femmes que l'on regardait d'un point de vue extérieur devient notre.

—Bonjour Madame Nlend.

Je vois un homme assez jeune par rapport à ce à quoi je m'attendais faire irruption dans le bureau, avec des documents dans une main. Vue qu'on m'avait parlé d'un spécialiste, je pensais trouver un homme d'une cinquantaine ou même soixantaine d'années, ventru et plein de barbe blanche comme un vieux sage.

Comme je disais, il était jeune, je dirais la quarantaine à tout cassé, il était très grand de taille, environ 1m90, teint métissé et une barbe encerclant parfaitement ses lèvres que je trouvais assez charnues. Ses lunettes posées sur son nez lui donnait quand même cet air vieux sage que je m'attendais à voir.

—Oui c'est moi dis-je en me levant.

—Non restez assise, désolé de vous avoir fait attendre, je me présente Docteur Edimo.

Il me tend une grande main et je me presse de la saisir. Après cette poignée de main ferme et un regard sur moi qui ne dura pas plus de deux secondes ,il prit place et je me rassis aussi.
Comme d'habitude je devais donner le motif de ma visite, souligner amèrement que cela fait sept ans que je suis mariée et que je n'ai jamais connu l'ombre d'un retard.

—Vous savez Madame Nlend.
Dit-il en déposant ses lunettes sur la table.

—Je vois tellement de femmes défiler avec plus ou moins la même situation, certaines avec un véritable problème, d'autres pas vraiment et je vais vous dire comme à la deuxième catégorie, c'est Dieu qui donne les enfants et son temps n'est surement pas le nôtre.

A ce moment mon regard ne peut contenir mon étonnement et mon incompréhension. Ce qui ne lui échappa pas.

—N'écarquillez pas les yeux comme ça je vous en prie, je suis médecin mais je sais aussi qu'il existe une main divine tout simplement parce j'ai tellement vu de choses inexpliquées pourtant je suis un scientifique.
Je sais aussi que parfois certaines femmes mettent autant de temps à concevoir parce qu'elles se mettent des pressions inutiles et le corps fait comme une sorte de blocus.

—Vous voulez dire que cela peut-être mon cas ? Demandais-je stupéfaite et à l'intonation de ma voix il sourit.

—Seuls les examens nous le diront. Mais dites-moi, où est votre mari, pour faire un bébé vous devez être deux. Dit-il sur un ton taquin.

Mère à tout prix.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant