Le troisième

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Un gémissant lourd retentit entre les murs et le corps suintant s'échoua sur les draps, sa chevelure brune dégoulinant de sueur. Aussitôt, des lèvres se scellèrent. Un blond couina dans l'obscurité et un ricanement lui répondit. Finalement, les deux jeunes hommes se scrutèrent dans un sourire. Ahanant, l'un d'entre eux réfugia son nez dans le cou de son mari. Celui-ci arbora une mine inquiète et bredouilla : « Qu'y a-t-il, Tommy ? Tout va bien ? » Des yeux ambrés se fixèrent dans les siens. Leur lueur luisit malicieusement dans la pénombre de la chambre.

« Pourquoi ça n'irait pas ? C'était extraordinaire, comme toujours. sourit-il.

— Tu sais très bien que je ne parlais pas de ça, idiot ! rit-il.

— De quoi parlais-tu, alors ? »

Ses lèvres picorèrent la peau de ses clavicules. Il adressa un regard défiant à son compagnon, qui rougissait toujours plus.

« Tu me colles comme une sangsue. répondit-il.

— Ça n'avait pas l'air de te déranger, il y a quelques minutes. »

Son sourire moqueur s'était élargi.

« Tu vois très bien où je veux en venir... bredouilla-t-il. D'habitude, nous faisons l'inverse.

— Et ? Tu ne peux pas faire l'ours câlin, pour une fois ? Aurais-tu peur du changement, Newtie ?

— Va droite au but, chéri.

— Quel but ?

— Je te connais par cœur. Quand tu me colles comme ça, c'est que tu veux me parler sérieusement. Tu souhaites prendre une grande décision, c'est ça ?

— Je ne peux rien te cacher, à toi... soupira-t-il. Effectivement, j'aimerais avoir ton avis sur un point décisif.

— Tu ne m'écoutes jamais, décidément ! Qu'est-ce qu'on avait dit ?

— Jamais prendre de grandes décisions après avoir fait l'amour...

— Parce que ?

— Parce que nous sommes susceptibles d'être sujet à une profonde hystérie... récita-t-il. C'est n'importe quoi ! Ça ne me rend pas du tout euphorique !

— Ah oui ? La dernière fois, tu étais prêt à vendre la maison afin de s'installer à Londres !

— C'est ta ville natale ! Je voulais te faire plaisir !

— Reconnais tes actes, Tommy.

— Oui bon... je dois avouer que ça me rend légèrement ambitieux...

— Légèrement ?

— Ok, très, très ambitieux. corrigea-t-il. Mais cette fois-ci, j'y ai réfléchi ! Ce n'est pas sur un coup de tête !

— Dans ce cas, je t'écoute, Tommy. »

Un pli soucieux s'était dessiné sur son front. Un grognement timide échappa à Thomas, plus replié, qui murmurait : « Um, Newton... Je t'aime à la folie... Je veux vieillir avec toi et tout construire à tes côtés pour l'éternité... Tu es mon âme sœur. Le véritable amour de ma vie.

— C'est pourquoi nous avons une maison et deux garçons, amour. sourit-il.

— Ah oui ? Pas seulement parce que je baise bien ? »

Les yeux du blond roulèrent dans un rire.

« Pas seulement, non. ricassa-t-il. »

Ses rires s'estompèrent.

« Et donc ? Quel est ton objectif du soir, Roméo ? »

La poitrine de Thomas se gonfla dans un soupir.

« Newton, je... j'aimerais un p'tit troisième. »

Les yeux du nommé s'exorbitèrent. Face à sa réaction, le brun se justifia maladroitement : « J'en rêve depuis quelques mois déjà, et... je pense que je suis certain d'en vouloir un.

— Tommy...

— Je sais, je sais ! C'était plutôt voire extrêmement compliqué ces dernières années ! Mais Finn et Guillaume sont des jumeaux ! C'est bien plus de travail qu'un seul nourrisson !

— Ne trouves-tu pas que nous avons déjà suffisamment de problèmes à gérer, en ce moment ? Nous n'aurons jamais le temps pour un troisième enfant, Tommy ! Ce serait se tirer une balle dans le pied !

— Je m'en doute bien... souffla-t-il. Seulement... je ne sais pas, je... je sens cette espèce de... d'instinct paternel, si je puis dire... Ça me travaille beaucoup, en ce moment... »

La main du blond vint cueillir la joue du brun.

« Honey... Tu mets ton instinct paternel en œuvre tous les jours. Tu es déjà père !

— Oui, oui, évidemment, mais... Enfin, j'adore plus que tout au monde Guillaume et Finn ! Tu sais très bien que je me viderai de mon sang pour eux. Seulement... ils sont adolescents, maintenant... ce qui est super ! Je veux dire, les voir grandir me rend si fier d'eux !

— Mais ?

— Mais avoir un bébé me manque... soupira-t-il.

— Je comprends, Tommy. C'est dur au fond, de les voir s'envoler et de se rendre compte qu'ils n'ont plus autant besoin de nous.

— Je le gère plutôt mal, oui...

— Beaucoup de parent le gèrent mal, trésor. Beaucoup. Mais, plus tard, tu verras que ce n'est qu'un passage. C'est aussi un soulagement, de constater qu'ils sont entièrement indépendant. On a bien fait notre boulot !

— Tu as raison... comme toujours.

— Ne t'en fais pas, Tommy. Sincèrement. Je t'assure qu'un troisième n'est pas la solution si nous ne pouvons pas l'élever correctement.

— De toute évidence... Je suis stupide... soupira-t-il.

— Seulement un peu perdu. sourit-il. Allez, viens. »

Ses bras s'ouvrirent généreusement et Thomas s'y blotti. Ainsi, ils s'endormirent paisiblement.

OS Newtmas & DylmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant