Thomas s'échouait sur les draps, le dos et le torse luisants de sueur, scellant aussitôt leurs lèvres quand Newton se mit à couiner. Il se moqua gentiment en réfugiant son nez dans le cou de son mari, qui eut un visage inquiet : « Qu'y a-t-il, mon Tommy ? Tout va bien ? » Les yeux ambrés se fixèrent dans les noirs.
« Pourquoi ça n'irait pas ? C'était extraordinaire, comme toujours.
— Tu sais très bien que je ne parlais pas de ça, idiot... rit-il doucement tandis qu'il rougissait.
— De quoi parlais-tu, alors ? »
Il grignota la peau de ses clavicules, lui adressant un regard joueur.
« Tu me colles comme une sangsue. répondit Newton.
— Ça n'avait pas l'air de te déranger il y a quelques minutes. »
Son sourire moqueur s'était élargi.
« Tu vois très bien où je veux en venir... D'habitude, nous faisons l'inverse.
— Et ? Tu ne peux pas faire l'ours câlin, pour une fois ?
— Chéri, je vois bien que ça te tracasse... je te connais par cœur. Quand tu me colles de cette façon, c'est que tu veux me parler sérieusement d'un problème. Tu souhaites prendre une grande décision, n'est-ce pas ça ?
— Je ne peux rien te cacher, à toi... soupira-t-il plus bas. Effectivement, j'aimerais avoir ton avis sur un point décisif...
— Décidément, Tommy... Qu'avions-nous dit ?
— De ne jamais prendre de décisions après l'amour...
— Parce que ?
— Parce que ça peut susciter l'hystérie... je sais bien que tu parlais de moi, et c'est faux !
— Les fois dernières, tu étais prêt à vendre la maison pour déménager à Londres.
— C'est ta ville natale, je voulais te faire plaisir !
— Non, tu étais totalement ailleurs, perdu dans les nuages. Tu l'es toujours dans ces moments. Et soit nous en profitons tous les deux, soit tu te coinces tout seul dans des réflexions douloureuses. Tu sais combien ça t'attriste, et puisque c'est ainsi, combien ça m'attriste aussi.
— C'est vrai que je peux devenir légèrement ambitieux...
— Légèrement ?
— Très bien, très ambitieux... corrigea-t-il. Mais cette fois-ci, j'y ai réfléchi... Ce n'est pas sur un coup de tête.
— Je t'écoute dans tous les cas, mon Tommy. Je serai toujours là pour tes soucis. »
Un pli soucieux s'était dessiné sur son front blond. Un grognement timide vibra dans la bouche de Thomas, soudain replié en murmurant : « Newton... Je t'aime à la folie... Je veux vieillir avec toi et tout construire à tes côtés pour l'éternité... Tu es mon âme sœur.
— C'est pourquoi nous avons une maison et deux garçons, amour. sourit-il doucement.
— Ah oui ? Pas seulement parce que je baise bien ? »
Les yeux du blond roulèrent dans un rire.
« Pas seulement, non. ricassa-t-il. »
Ses rires s'estompèrent.
« Et donc ? Quel est ton objectif du soir, mon Roméo ?
- Newton, je... j'aimerais... j'aimerais un p'tit troisième. »
Les yeux du blond grossirent, et Thomas se justifia aussitôt : « J'en rêve depuis quelques mois déjà, et... je pense que je suis certain d'en vouloir un...
— Tommy...
— Je sais, je sais... C'était plutôt, voire extrêmement compliqué ces dernières années... Mais Finn et Guillaume sont des jumeaux ! C'est bien plus de travail qu'un seul nourrisson.
— Amour... ne trouves-tu pas que nous avons déjà suffisamment de problèmes sur la conscience ? Nous n'aurions jamais le temps pour un troisième enfant, Tommy, et nous en deviendrions d'autant plus stressés. Bien que nous soyons heureux malgré nos complications pratiques et professionnelles, ce serait se tirer une balle dans le pied.
— Je m'en doute bien... souffla-t-il. Seulement... je ne sais pas, je... je sens cette espèce de... d'instinct paternel, si je puis dire... Ça me travaille beaucoup, en ce moment... »
La main du blond vint cueillir sa joue.
« Honey... Tu mets ton instinct paternel en œuvre tous les jours. Tu es déjà père.
— Oui, oui, évidemment, mais... vois-tu, j'adore Guillaume et Finn plus que tout au monde, ils le savent, et tu sais que je me viderai de mon sang pour eux. Seulement... ils sont adolescents, maintenant... ce qui est incroyable... les voir grandir me rend incommensurablement fier d'eux.
— Je le sais... moi aussi. sourit-il encore.
— Mais... avoir un bébé... me manque... acheva-t-il lentement.
— Je comprends, mon Tommy... C'est dur au fond, de les voir s'envoler et de se rendre compte qu'ils n'ont plus autant besoin de nous.
— Je le gère plutôt mal...
— Beaucoup de parent le gèrent mal, trésor. Beaucoup. Mais tu verras bientôt que ce n'est qu'un passage. C'est aussi un soulagement de constater qu'ils sont entièrement indépendants, et qu'ils réussissent. Nous avons bien fait notre devoir. Et un bébé grandit vite... nous n'aurons certainement plus la même énergie qu'il y a dix ans pour le sortir quotidiennement, et recommencer à zéro un parcours scolaire. Je n'ai en vérité pas besoin de le dire, tu sais tout ceci... ce n'est pas là ta demande. C'est seulement douloureux de couper le cordon... ça l'est pour moi aussi.
— Tu as raison, mon cœur... comme toujours... murmura-t-il.
— Ne t'en fais pas, Tommy... tout va bien, et tout ira bien. Un troisième n'est pas la solution.
— De toute évidence... Je suis stupide...
— Oh, ne dis pas ça, idiot. dit-il avec un léger rire. Je ne t'apprends rien. Nous découvrons simplement ce que c'est que de laisser partir ses petits... sourit-il amoureusement. Allez, rapproche-toi encore un peu, mon amour. »
Ils s'endormirent l'un dans les bras de l'autre.
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