9. Diversion

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 Un orage d'été d'une violence rare s'abattait sur tout New-York. Il devait être dans les alentours de 19 heures, mais l'épaisseur des nuages couvrant tout le ciel ne laissait pas passer un seul rayon de soleil, si bien que les lampadaires de la ville étaient allumés. Dans les rues du quartier d'Hoboken, une silhouette sombre se distinguait à leur lueur, avant de disparaître derrière l'ombre d'un des arbres sur le trottoir. Le vent sifflait entre leurs feuilles, couvrant tous les autres bruits aux alentours. 

   Bien qu'elle fut compliquée à apercevoir, la silhouette appartenait à un jeune homme, habillé d'un costume simple, mais élégant. Par le temps qu'il faisait, n'importe qui aurait attrapé froid, mais pas lui. Il avançait tranquillement sans se presser, regardant aux alentours, semblant errer sans but précis, les mains dans les poches. 

   Arrivé au niveau d'une intersection, il bifurqua dans une étroite ruelle à l'abri des regards. De toute évidence, le jeune homme connaissait parfaitement le coin. Seulement quelques secondes après avoir tourné, un groupe de cinq hommes avec des vêtements déchirés prit la même direction, marchant discrètement. Deux d'entre eux tenaient une matraque, les autres un canif. Ils s'engagèrent dans l'ombre... pour ne plus jamais en ressortir. Un instant plus tard, une voix forte résonna, incompréhensible et couverte par le bruit de la pluie. La voix donnait des ordres, des menaces. Elle fut suivie de deux autres voix moins distinctes. Puis, un rugissement glacé semblable à celui d'un serpent surgit de l'obscurité. Les couteaux et les matraques volèrent sur la rue principale à la lumière, accompagnés de cris horrifiés, suivis de hurlements de douleur. Un des hommes fut projeté contre une voiture garée, déclenchant l'alarme. Sous la lumière orangée des clignotants, une silhouette noire se déplaçait avec une rapidité hors norme, si vite qu'elle semblait disparaître d'un côté pour se retrouver de l'autre, à la vitesse du clignotement. L'homme assommé contre la voiture disparut, attrapé par une énorme tentacule noire le tractant dans l'ombre. 

   Il y eut un moment d'accalmie, seul l'orage brisait le silence. Puis, à l'angle de la rue, un corps apparut  dans la lumière. L'homme gémissait de douleur et de fatigue. D'énormes entailles couvraient son visage ensanglanté, et son torse, dénudé, avait subi une profonde morsure d'environ dix centimètres de large. Le corps avait été amputé de ses deux jambes, et le sang se répandait autour de lui, se mélangeant aux flaques d'eau. Comme son compagnon, une tentacule l'attrapa et le tira vers l'arrière, dans un hurlement terrifié. 

   La pluie recouvrit le son, et bientôt plus aucun bruit ne vint troubler l'orage. Le jeune homme en costume ressortit calmement de la rue, en remettant sa cravate. Il continua dans la rue principale, insensible aux rafales de vent. 

   Après avoir marché sur une bonne centaine de mètres où toutes les maisons se ressemblaient, il s'arrêta devant l'une d'elle, et lut le nom sur la boîte aux lettres : Watson. Il fit quelques pas de plus pour arriver en bas des escaliers de la maison suivante. L'homme gravit les glissantes marches lentement et s'abrita sur le seuil de la porte gardé au sec par le toit. D'une infime précaution, il tourna la poignée après s'être assuré que la lumière n'était pas allumée à l'intérieur. La porte était bien fermée à clé, mais la serrure cassa comme si elle était faite en mousse, sans émettre le moindre bruit. Il entra, vérifia de ne pas être suivi, et referma lentement. 

***

   Peter sortit du laboratoire d'Otto un peu tard, ses nouveaux lance-toiles à ultra-son aux poignets. La double identité du jeune homme révélé, Otto et l'homme-araignée avaient convenu d'ajouter quelques heures supplémentaires à Peter, qui pouvait partir plus tôt quand une urgence se présentait, son costume caché dans le sac à dos.

   Dehors, une pluie fine rafraîchissait la soirée des Newyorkais. Mais d'épais nuages d'orages se tassaient au-dessus des immeubles. " Je ferai bien de me dépêcher " songea Peter. Il traversa plusieurs rues presque désertes par ce temps, en direction de son arrêt de bus, jusqu'à ce qu'il arrive au dernier passage piéton.

The Amazing Spider-Man 3 : The Dark WebOù les histoires vivent. Découvrez maintenant