" Un seul regard m'a fait perdre le nord..." Scylla

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De la douceur, de ces douceur qui étreignent le cœur comme une tisane réchauffe des mains de glace après une balade automnale sous la valse mortelle des feuilles colorées. C'est cette douceur qui prenait son être, là maintenant, la gardant dans une telle béatitude enivrante qu'elle ne voulait pas ouvrir les yeux. Ouvrir les yeux c'est faire face à la violence du monde, à ce que le monde lui faisait subir alors qu'elle essayait d'y avancer en pédalant de toutes ses forces...

Aéna se réveilla seule dans la même chambre que la dernière fois. Elle avait mal et se sentait nauséeuse. La mère de Evan n'était pas là, cette présence réconfortante lui apportant tant d'apaisement ne pouvait rien pour elle... Il n'y avait qu'elle et sa douleur dans la chambre, surplombés par la grandeur de la pièce et le silence environnant.

Elle se glissa hors du lit, ses pieds effleurant le parquet de glace pour la porter sur quelques mètres avant de la trahir. Elle s'effondra tout son long, la froideur du sol l'étreignant comme des mains fantomatiques, la faisant gémir de douleur et d'inconfort.

Elle resta là, toute à sa douleur, tout à son mal-être, son esprit hanté par la violence qui avait accompagné son dernier moment de lucidité.

Cet homme qui disait chercher son chien l'avait entrainée dans les profondeurs du bois de la Cambre, entre les arbres les plus grands, les sentiers les plus accidentés, la faisant trébucher à plusieurs reprises. Elle ne savait même plus où elle se trouvait après un dizaine de minutes de marche. Alors elle avait dit d'une voix trop peu ferme à son goût : je dois y aller, on m'attend. Et il avait ri. Un rire qui l'avait glacée, qui l'avait rendue malade de malaise.

Personne ne t'attend, fillette. Personne.

Elle avait voulu partir, fuir, s'éloigner de ce mal-être qui commençait à doucement et insidieusement à lui broyer la poitrine. Et c'est là qu'elle s'était pris ce violent coups dans la tempe qui l'avait plongée dans une obscurité oppressante...

Elle se souvenait avoir ouvert les yeux sur Evan, le bras en sang, faisant face à ses agresseurs. Ses pupilles étaient d'une rouge si profond et embrasé qu'elle avait eut l'impression de voir là de la lave en fusion, prendre peu à peu sa place dans la douceur de ses yeux... Elle avait fermé les yeux sur cette image, le cœur en miette, songeant à ce mal qu'elle apportait à nouveau.

Aéna ne sut comment mais elle se retrouva dans le couloir, se tenant au mur, à moitié consciente, dans le besoin de s'assurer qu'Evan allait bien. Qu'il n'était pas mort ou blessé à cause de son imprudence. A cause de sa faiblesse. Cette même faiblesse qui l'avait fait raté sa propre tentative de suicide quelques années plus tôt, qui l'avait rendue incapable d'aider sa famille à ne pas se déchirer...

- AENA !

Son regard se porta sur la forme floue qui fonçait vers elle, animée par elle ne savait combien de tonnes de désespoir. 

Et elle s'effondra, comme soulagée, en apercevant enfin Evan, cette moitié que le Destin lui proposait. Cette épaule sur laquelle elle pouvait peut être se reposer, sur laquelle son esprit et son corps épuisé voulaient se reposer.

Parce que son simple contact l'apaisait.

Parce que sa simple présence la détendait.

Parce que son sourire bâillonnait ses angoisses.


Au Nom de ma Liberté...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant