Au Nom de ma Liberté...

"Lorsque Dieu ferme une porte, il en ouvre toujours une autre." Proverbe Arabe

Parfois, Aéna  se demandait ce que ce job étudiant lui apportait sinon des tracas et des embrouilles avec d'innombrables inconnus... Pragmatique, elle savait la nécessité de cette entrée d'argent pour le bien de son avenir académique. Pour le prix de son minerval. Pour le prix de ses livres... Pour sortir de la précarité estudiantine...

Ce genre de scènes lui étaient bien trop familières, et elle la vivait encore une fois...Comme si le retard était simplement dû à sa personne ! Alors que ce misérable avait osé la retenir, arguant tout et n'importe quoi alors qu'elle devait partir !

- Je vous dis que ce n'est pas moi qui irai vous chercher ce que le restaurant a oublié ! avait-elle répété pour la énième fois.

- Et moi je te dis que j'ai pas attendu une heure ma commande pour l'avoir à moitié !

- Mais...

- Je ne lâcherai pas ce vélo tant que ton collègue  n'est pas arrivé, t'as compris?

- Mais le dispatch vient de vous dire que...

- J'en ai rien à foutre de ton dispatcher ! Je VEUX ma boisson !

- C'est ridicule quoi ! Je suis déjà en retard au restaurant suivant, comprenez que...

- QUE QUOI?

- Ben votre attitude est une des raisons pour lesquelles il y a des retards !

- Tout ce que je demandais c'est mes boissons !

Elle allait répondre lorsque son dispatch l'appella. Elle avait décroché, soulagée, pensant qu'il allait l'aider. Mais il se contenta de l'engueuler, aboyant qu'elle était en retard, que le restaurant l'attendait, que...

Elle avait fini par arracher le vélo à l'individu, l'enfourchant pour se contenter de cavaler, ne se souciant plus de le ramener à la raison. Ce n'était pas son job...

Le feu devant elle vira au rouge. Elle ne s'en soucia pas, plongée dans ce souvenir de ce moment de pure gêne et de totale humiliation. Le client l'empêchait de partir et en plus, elle était en tort aux yeux de son supérieur !

Elle arriva au nouveau restaurant où le serveur eut le culot de lui reprocher lui aussi son retard.

Choisissant de faire fi de l'existence certes problématique de la dimension agaçante de son job, elle pensait à l'itinéraire qu'elle allait emprunter pour aller à l'adresse de livraison. Passer par le centre ville était la meilleure option à laquelle elle pouvait penser. Passer par la place de la Bourse, où elle devrait être attentive aux piétons, était inévitable. En bonne livreuse à vélo qu'elle était, elle rangea la commande dans son sac, ferma la tirette de ce dernier, et s'en alla sans un mot pour le serveur en colère.

Elle avait un plat à livrer, un trajet à parcourir !

Elle se mit à pédaler.

Elle roulait à toute vitesse à travers la rue royale. La descente en sa faveur, elle grapillait quelques minutes. Sur discord, son dispatcher l'enguirlandait, faisant qu'elle ne posait qu'un œil distrait sur la route, agacée et dérangée constamment par les notifications qui venaient obstruer son écran. Elle était plus que agacée alors que les larmes du ciel lui fouettaient le visage.

Elle essayait pourtant de se focaliser sur son trajet, sur son Maps, sur la route... Mais elle n'y arrivait pas... Elle était en colère, fatiguée, triste...