« Si on tentait une approche en formation de phalange hoplitique, hasarda le fantassin intrépide.
- Ouais ouais ouais chef ! On leur fonce dans l'lard ; on les trucide, on les éventre, on les dépèce, s'emporta le militaire à la nature impétueuse.
- Ridicule, synthétisa son voisin de manière laconique sans savoir auquel des deux il s'adressait en particulier.
- Nous ne sommes que six, recadra le plus pragmatique de la bande. Faudrait au moins être cent pour paraître un minimum crédibles.
- Tout ça va mal se terminer, j'en suis persuadé, intervint le plus pessimiste du groupe.
- Maintenez vos positions et fermez-là, grogna le chef. »
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« Si on les provoquait en duel ?... Chacun d'entre nous... On en chope un et on livre un combat singulier à la loyale, lança l'intrépide.
- Ouais ouais ouais chef ! On les empale un par un sur nos glaives. Puis on lacère leurs entrailles encore chaudes, dit l'impétueux.
- Suicidaire, dit le laconique.
- Trop dangereux si on s'isole du groupe, dit le pragmatique. Il faudrait élaborer une stratégie efficace au préalable.
- Ces maudits barbares vont nous faire la peau, dit le pessimiste.
- Maintenez vos positions et fermez vos grandes gueules par Jupiter !, s'emporta le chef. »
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« Si on s'attaquait qu'à un seul d'entre eux ? On serait supérieur en nombre... On peut commencer par le grand blond là-bas, proposa l'intrépide.
- Ouais ouais ouais chef ! On lui fracasse sa sale gueule d'Apollon, dit l'impétueux. J'ai toujours détesté ces gars qui s' la racontent.
- Absurde, dit le laconique.
- Le grand blond est bien trop rusé, dit le pragmatique. Sa dextérité avec le kopis prouve qu'il a des années d'expérience derrière lui.
- Il va tous nous saigner à blanc comme de vulgaires canards, dit le pessimiste.
- Si-lence, pestiféra le chef. »
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« Le tatoué alors ?, suggéra l'intrépide.
- Ouais ouais ouais chef ! On lui coupe sa langue dégoûtante et on la conserve comme trophée ; ensuite, on lui scalpe un par un chacun de ses tatouages, dit l'impétueux.
- Funeste présage que les serpents, dit le laconique.
- L'attaque de ce rampant est des plus pernicieuses, dit le pragmatique. Il faut s'en méfier comme de la lèpre.
- Le venin du serpent est le poison qui nous tuera tous, dit le pessimiste.
- Reculez et maintenez vos positions, ordonna le chef. »
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« Et l'autre barbare là-bas, dit l'intrépide, celui qui gueule dans un autre idiome, on pourrait le castagner et le laminer si on s'y met tous ensemble ?
- Ouais ouais ouais chef ! On le tabasse à coups de pommeau et ensuite, on le finit à coups de pieds, dit l'impétueux.
- Trop fougueux, dit le laconique et d'ajouter, et... imprévisible.
- L'étranger insoumis n'a pas de religion, dit le pragmatique. C'est un impur.
- Qui souillera nos âmes et les condamnera pour l'éternité au Tartare, dit le pessimiste.
- Cessez de jacter, bande de chiens galeux, hurla le chef. »
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« On peut au moins s'attaquer au gros plein de soupe là-bas ?, montra l'intrépide. Hagard, léthargique et terriblement lent : il fait figure de cible idéale.
- Ouais ouais ouais chef ! On le transperce de nos lames jusqu'à ce que le sang nous gicle dans la face, dit l'impétueux. Un véritable jeu d'enfants.
- Stupide, dit le laconique.
- Méfiez-vous de l'eau qui dort, dit le pragmatique.
- Si son poids éléphantesque nous tombe dessus, on mourra tous d'un coup, dit le pessimiste.
- Puisse la déesse Tacita, reine des eaux des marais du monde des morts, vous rendre muets à tout jamais, jura le chef. »
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« Et si on capturait Xytrios, leur capitaine ?, avança l'intrépide.
- Ouais ouais ouais chef ! Xytrios n'est qu'un minable, je vais lui planter ma lame dans le bide, je vais lui sortir les boyaux, et on festoiera autour de ses entrailles encore fumantes,dit l'impétueux.
- Complètement insensé, dit le laconique.
- Encore faudrait-il pouvoir l'atteindre, dit le pragmatique. Il est resté sur son bateau et faudrait avant tout se débarrasser de toute sa horde de sauvages.
- Xytrios nous fera périr dans d'atroces souffrances, dit le pessimiste, et accrochera nos têtes au mât de son navire.
- Je vous donnerais bien en pâture à Xytrios, maugréa le chef. »
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« Et si..., commença l'intrépide.
- Ta gueule !, cria le chef.
- Eh eh eh chef, on peut se lancer à corps perdus dans la mêlée ?, dit l'impétueux.
- Non, on ne peut pas, admit le chef. On maintient notre formation.
- Parfait, dit le laconique.
- Sage décision, dit le pragmatique.
- De toute façon, on va tous y passer, dit le pessimiste.
- On reste en formation circulaire alors ?, demanda l'intrépide.
- On va tous crever sur ce foutu rafiot, renchérit le pessimiste.
- Voilà, on bouge pas, conclut le chef.
- Parfait, dit le laconique.
- Sage décision, dit le pragmatique.
- C'est un complot divin, dit le pessimiste. On va tous se faire massacrer... »
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© Jérémy STORM
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SIRÈNES - LIVRE I - LES BARONS
AventuraAntiquité - Ve siècle avant J-C. Les Barons sont des pirates redoutés qui sèment la terreur le long des côtes de la mer Tyrrhénienne. A leur tête, le terrible capitaine Xytrios, dit le Minotaure, secondé par Archélaos, un blondinet au visage angéliq...