𝙳𝚒𝚡-𝚗𝚎𝚞𝚏

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Bonne lecture ! 

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Ils n'ont jamais commencé par le cours de vol au premier semestre. Mais la première épreuve des ASPICS sera celle-ci : ils y passent toutes les matinées du lundi.

Assis seul à la table des Serpentards, Harry observe ses tartines avec un air absent. Il a très mal dormi et a passé des heures à se retourner dans son lit. Finalement, il a dû prendre une longue douche avant même que l'aube se lève, car il a ouvert les yeux dans des draps humides, une sueur épaisse sur la peau.

Ses cauchemars ne l'abandonnent que rarement ces derniers temps. Encore plus depuis le cours de sortilège et le sort raté de Ron qui a offert à Granger un aperçu de sa vie. Il s'attend tous les jours à entendre des chuchotements sur son passage. Pour l'instant, ce n'est pas encore arrivé.

— Je pensais te trouver dans la salle commune.

Il sursaute en entendant Draco s'installer en face de lui. D'habitude sa place est à côté, mais ce matin il semble vouloir le regarder droit dans les yeux.

Harry hausse les épaules.

— D'accord, t'es de mauvaise humeur.

Il ne peut s'empêcher de serrer les lèvres. Harry déteste montrer ses humeurs, au foyer celles des autres dirigeaient ses journées et à présent il se déteste d'imposer ça à Draco. Il inspire profondément.

— Désolé.

— T'as le droit de pas avoir tes jours. J'ai bien compris que tu veux être seul.

Il attend que son bol de thé apparaisse, en silence. Harry se sent de plus en plus mal à l'aise. Car depuis deux jours, il ne peut s'empêcher de se demander : qu'est-ce que Draco a vu, quand il l'a touché ?

Quelle partie de la vie de Harry a-t-il aperçu ?

Alors, au bout de quelques secondes, Harry soupire.

— Draco.

— Hmm ?

Il pique un autre croissant, puis lève les yeux vers Harry. Il doit voir quelque chose car il repose immédiatement sa viennoiserie.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu m'as touché, après le sort. Je m'en souviens.

Draco pince les lèvres.

— Ouais. Désolé, je savais pas.

— Je sais. Je veux juste... je veux savoir ce que tu as vu.

Draco hausse les sourcils, comme s'il ne s'attendait pas à cette question. Elle lui semble pourtant logique.

Car Harry ne peut s'empêcher d'avoir honte à l'idée que Draco ait vu certaines choses. Cette fois où les Durlseys l'ont enfermé tellement longtemps dans son placard qu'il a fini par se faire pipi dessus. Ou au foyer, quand ils lui ont jeté un seau d'eau croupi au milieu de la nuit et qu'il en a pleuré.

— Je t'ai vu.

— Je sais, Draco. C'était mes souvenirs.

— Oui, je veux dire...

Il rougit. Et Harry écarquille les yeux, parce que ça c'est inattendu.

— Je t'ai vu avec un garçon. Tu l'embrassais. Et c'est tout. Ça a duré à peine quelques secondes, alors...

Un soulagement sans nom manque de le faire s'écrouler sur sa chaise. Son cœur se serre, et il baisse la tête en se disant que le regard de Draco sur lui ne va pas changer. Pas encore.

Il ne sait pas à quel point Harry est faible.

— Oh.

— Ouais. Comme tu nous as jamais dit que... enfin, t'as gardé ça pour toi. Donc je me suis dit que c'était vraiment une intrusion.

Harry sourit et reprend sa tartine.

— C'est rien. Ça me dérange pas. Ça, c'est vraiment pas très grave.

Draco se mord la lèvre.

— Et donc ?

— Donc, quoi ?

— Donc, tu as un moldu qui t'attends, chez toi ?

Harry hausse les sourcils. Il met quelques secondes à comprendre.

— Oh, tu veux dire est-ce que j'ai un copain ?

Draco acquiesce.

— Non, j'en ai pas. C'était un garçon qui venait d'arriver au foyer, et... et j'étais curieux. Je pensais qu'il l'était aussi. Mais quelques jours plus tard, il a rejoint le groupe des caïds et ils m'en ont fait voir.

Il n'est pas particulièrement vexé par cette histoire. Quelques coups, c'était largement préférable aux humiliations. Il y en a eu d'autres, dans le même genre. Des pires.

— Alors pas de moldu ?

— Pas de moldu. Et de toutes façons je...

Il se redresse quand il se rend compte qu'il n'en a jamais parlé.

— Je vis avec mon parrain, maintenant. Je suis plus en foyer. C'est Sirius qui m'a retrouvé.

Draco le fixe intensément, avant de demander :

— Tu te fous de moi ?

— Non. C'est chez lui que j'ai passé l'été.

Il grimace.

— Je sais ce qu'on dit sur lui, on me l'a suffisamment répété, mais il est bon avec moi. Il a encore des problèmes parce que votre prison est affreuse et laisse ses traces, mais il est vraiment innocent et...

— Je sais que Sirius Black n'est pas un meurtrier, Harry. Je fais cette tête parce que tu me dis jamais rien !

Harry cligne des yeux.

— Je... j'ai pas pensé à le dire. Je pensais pas que ça t'intéresserait.

— Harry...

— Toi non plus tu dis rien.

— J'ai passé des années à raconter ma vie. Personne n'ignore le moindre aspect de mon quotidien. Toi, personne ne te connait. Je pensais que j'étais celui qui...

Il se tait et serre les lèvres avec une grimace. Harry le rassure :

— Tu es celui à qui je dis le plus de choses, Draco. T'es... mon meilleur ami. J'ai jamais eu quelqu'un comme toi. J'y ai juste pas pensé, je te jure.

Draco le fixe encore un peu, puis hoche la tête, les joues roses.

— D'accord.

Il reprend son croissant.

— Toi aussi, t'es mon meilleur ami.

Blaise n'aimerait pas entendre ça, mais ces derniers mois ça s'est imposé à lui.

Alors, quand un silence confortable s'installe entre eux, ils sont presque déçus d'entendre les premiers élèves arriver dans la salle. 

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What ain't broken | DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant