P3 / Chapitre 17

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Fanny et David déposèrent le couple devant l'immeuble de Margot et filèrent aussitôt. Alors qu'elle ouvrait la grille avec sa clé, Florian enfonça ses mains dans ses poches, un peu nerveux. Il avait toujours cette question dans la tête mais ne voulait pas gâcher la fin de cette journée de rêve. Pourtant il savait que s'il attendait encore pour faire taire ses doutes, il n'en dormirait pas de la nuit. Margot ouvrit la grille et attendit qu'il entre.


- Tu veux que je reste ce soir ?

- Bien-sûr, je dois assurer ta sécurité, tu as oublié ?


Il entra en souriant, amusé. Elle n'avait pas encore perdu son énergie de tout à l'heure quand ils étaient partis en courant. Margot referma derrière lui et trottina jusqu'à la porte du hall pour lui ouvrir à nouveau la porte.


- On aurait dû leur dire de nous déposer au kebab, j'ai trop faim, se plaignit Margot en commençant à monter les escaliers.

- Il reste de la pizza d'hier dans le frigo.

- Tu sais ce que contient mon frigo ? s'étonna la jeune femme.

- Je l'ai rempli moi-même cette semaine je te signale, rappela-t-il alors qu'ils arrivaient devant sa porte.

- C'est vrai, tu as un grand manoir pour toi et finalement tu vis dans mes 40m2.

- Je vais là où tu es, c'est tout.

- Je devrais penser à te donner le double, dit-elle doucement alors qu'il refermait derrière eux et qu'elle se débarrassait de ses chaussures dans l'entrée.

- Tu ferais ça ?


Elle ne l'avait peut-être pas dit si sérieusement, mais il l'avait reçu de plein fouet, c'était important pour lui.


- J'y pense oui, dit-elle sincèrement.


Florian la suivit dans la cuisine où elle récupéra la pizza dont il avait parlé pour la réchauffer dans le four. Il ne disait plus rien, elle avait l'impression d'avoir changé l'ambiance et qu'il était gêné.


- Margot, je veux pas avoir l'air d'en demander trop mais...


Il s'appuya contre l'îlot alors qu'elle sortait une assiette d'un placard.


- Le numéro qui t'appelle avec l'indicatif de la Suède, est-ce que c'est ton ex ?


Elle se retourna un peu vivement pour lui faire face. Il baissa les yeux avant d'oser à nouveau soutenir son regard. Et alors qu'elle ne répondait pas, elle sortit son téléphone de son sac posé sur l'îlot et se mit dos à lui, contre son torse pour rappeler Lily en le laissant voir le numéro sur l'écran par dessus son épaule.


- Allô, dit une voix de femme en haut parleur.

- Lily, c'est Margot, tu veux bien dire « bonsoir Florian » s'amusa-t-elle à demander alors qu'elle l'entendait presque soupirer de soulagement.


Il colla sa tête contre la sienne en rigolant, se sentant un peu bête.


- Salut Florian ! J'adore tes vidéos !

- Bonsoir Lily, merci, répondit-il, comme un enfant timide.

- Je te rappelle demain, désolée pour l'heure, bonne nuit, conclut Margot avant de raccrocher.


Quand elle se retourna pour le regarder, il avait les joues rouges et se mordait la lèvres.


- Je vais enregistrer son numéro, ça t'aurait évité bien des questions si je l'avais fait plus tôt.

- Je suis...

- Non, je comprends, c'est bien que tu me poses la question quand quelque chose te travaille, le rassura-t-elle.


Il remarqua qu'elle se mordait la joue, comme pour s'empêcher de sourire.


- Je crois que c'est comme ça que ça marche, je crois que c'est comme ça que ça va marcher, toi et moi, continua-t-elle.


Elle entendit le minuteur sonner et s'éloigna d'un pas pour ouvrir le four. Quand elle déposa son repas de minuit sur l'îlot elle entreprit de découper sa moitié de pizza en deux parts.


- Alors tu parles avec Lily ?

- Je redoutais d'en parler, sinon je l'aurai fait plus tôt. Mais c'est quelque part un aveu de faiblesse je crois...

- Pardonner c'est pas un aveu de faiblesse pour moi.


Il avait toujours les mots contre ses insécurités. C'était aussi ça qui allait faire que ça marche, elle en était certaine.


...


Milo était allongé, le téléphone au dessus de son visage, il découvrait les photos de son idole avec Margot à la fête de la musique. Ils avaient l'air si amoureux, si complices. Alors qu'il trouva une vidéo du couple en train de s'enfuir en riant comme des enfants, il s'amusa de leur attitude et décida qu'il était temps de se pardonner son indiscrétion. Il partagea la vidéo dans la messagerie du youtubeur et tenta :


- Peut-être que c'est elle qu'il te faut comme binôme de cache-cache !


Et alors qu'il sentait Gina bouger, endormie dans ses bras, il sentit son cœur s'emballer. Ils avaient parlé si longtemps ce soir, de tout comme avant, de tout pour après. Puis la jeune femme s'était allongée en lui demandant de la rejoindre, de rester, de ne plus jamais partir. Entre ce matin et ce soir, il avait la sensation d'avoir voyagé dans un univers parallèle. Mais peu importe où était sa vraie maison, il ne rentrerait pas, il préférait ses bras.

CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant