Chapitre 5 : « Notre soirée n'était pas supposée se passer comme ça ... »

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5 novembre, 10h27

Léa

Je suis à l'aéroport de St.Louis, à la porte d'embarquement et j'attends le départ du vol qui me ramènera à Montréal. Je suis en train de lire un livre, oui, un bon vieux livre en papier. Quand je vais chez mes parents, mon père a l'habitude de glisser des livres en format de poche dans mon sac. Au début, je protestais mais je me suis mis à apprécier ces livres que je peux sortir dès que je suis en train d'attendre après quelqu'un ou après quelque chose et que je découvre avec surprise. Aujourd'hui, c'est « L'insoutenable légèreté de l'être » de Milan Kundera que je lis, je l'ai déjà lu quand j'étais adolescente mais c'est agréable de le relire avec une vision plus adulte.

Du coin de l'œil, je vois un homme grand et costaud s'assoir près de moi. Il m'aborde :

- J'aurais cru que vous auriez été à Boston ce matin, Mme Augustin!

Je me fais parfois aborder par des hommes que je ne connais pas dans les endroits publics. Ils me voient souvent à la télé après tout et ils savent qui je suis. Mais celui-là, malgré le fait qu'il semble tout faire pour ne pas se faire remarquer avec ses sweat pants et son hoodie noirs avec son capuchon par-dessus sa casquette noire dont la palette est rabaissée, je le reconnais sans problème.

- Je pourrais dire la même chose pour vous M. Ottawa! Qu'est-ce que tu fais encore ici? T'es pas parti avec l'équipe?

- Euh...ma réponse va dépendre de si tu travailles ou pas aujourd'hui !!!

Je souris. Je crois que je vais apprendre un scoop que je ne pourrai pas partager avec mes collègues, une fois de plus.

- Je suis en congé. Je sépare les voyages en deux avec Benjamin. Depuis qu'il a ses enfants, il ne veut plus partir trop longtemps de chez-lui. Il prend ma relève à Boston pour le match de ce soir. Je vais travailler un peu en studio la semaine prochaine, je vais aller voir les entraînements des blessés à Brossard et je vais animer la diffusion du match des Canadiennes en direct de la Place Bell mercredi.

- Ah, les Canadiennes? C'est cool, je vais te regarder! J'imagine que le choix de faire votre échange avant le match de Boston n'est pas complètement innocent.

Il me connaît bien. Il est certain que je n'avais pas envie de courir le risque de revoir Elias qui, contre toute attente, a percé l'alignement des Bruins, et de faire une folle de moi à nouveau.

- Oui, en effet. Et toi, pourquoi t'es ici?

- Je me suis fait mal au genou hier après-midi dans la game. C'est le genou que je m'étais fait opérer il y a 3-4 ans. Ils me renvoient à Montréal pour passer des tests et aller voir Brigitte.

Ça me prend quelques secondes avant de réaliser de qui il parle mais je comprends finalement. Brigitte, c'est Dr Lafrance, l'ex-conjointe de Pierre-Olivier Cyr. Elle est une orthopédiste spécialisée dans les blessures sportives et c'est à elle que les Canadiens réfèrent leurs joueurs pour leurs blessures. Après ses études à McGill, elle s'est surspécialisée à New York avec une équipe réputée dans ce domaine. Ça avait adonné à un bon moment, alors que Pierre-Olivier jouait pour les Devils du New Jersey. Par la suite, elle est revenue travailler au Québec et a ouvert une clinique avec toutes les technologies de pointe à Brossard, près du Complexe Bell. Avec toutes les équipes sportives professionnelles qu'il y a à Montréal maintenant, tant du côté masculin que féminin, en plus des Nordiques qui sont de retour à Québec depuis 2 ans, on ne peut pas dire qu'elle manque de travail, il y a même un collègue chirurgien spécialisé dans les blessures de mains et de poignets qui est venu se joindre à elle récemment. Pierre-Olivier a eu moins de succès qu'elle professionnellement et il a pris sa retraite peu de temps après l'ouverture de la clinique de Brigitte, suite à quelques séjours dans les mineures. Ils ont eu un garçon ensemble qui a 4 ans maintenant mais ils se sont séparés l'an dernier. Actuellement, Pierre-Olivier est dépisteur pour les Canadiens et c'est lui qui a pris la relève de Jérémie pour entraîner l'équipe M15 de son neveu Matteo.

Micro et mises en échecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant