Micro et mises en échec

Chapitre 21 : « ...je suis tellement fière de toi! »

5 juin, 19h40

Léa

Dimanche dernier, après être passée chez-moi en matinée pour partir une brassée de lavage, je suis allée reconduire Evan à l'aéroport en début d'après-midi où j'ai bien pris soin de l'emmener le plus près possible du terminal pour que le moins de gens possible le voient se déplacer à l'aide de béquilles. Par la suite, je suis retournée chez-moi terminer ma lessive et mes bagages avant de me rendre à nouveau à l'aéroport pour prendre mon propre vol. Arrivée à Seattle, j'ai pris un taxi et je suis allée retrouver Evan à son hôtel. Dans la journée de lundi, Evan a eu droit à une journée de traitement comme ils disent officiellement, ce qui signifie qu'il a eu congé de pratique et il est resté à l'écart des membres des médias et de l'organisation du Kraken pour qu'on ne le voie pas marcher avec ses béquilles. Il a pris part à une rencontre d'équipe dans l'après-midi qui s'est déroulée à l'hôtel, loin des regards indiscrets. De mon côté, j'ai assisté à l'entrainement des Canadiens au Climate Pledge Arena en esquivant tant bien que mal les questions de mes collègues qui me demandaient où Evan était et j'ai fait des interventions en direct au 5 à 7 et à Hockey 360. Dans la soirée, comme j'étais libre puisque mes interventions à la télé avaient lieu en début de soirée à l'heure de Montréal mais en après-midi pour moi, je suis restée tranquille à l'hôtel avec Evan, au point même où on s'est fait livrer notre souper directement dans la chambre. Il parlait plus que d'habitude, me racontant surtout des anecdotes de voyage du temps où il jouait avec Jérémie, ce que j'ai pris pour de la nervosité. Je l'ai écouté puis on a quand même assez bien dormi.

Maintenant, je suis sur la galerie de la presse et le match vient de commencer. Evan est arrivé à l'aréna plus tôt que la normale pour faire préparer son genou. Avant le match, il a encore insisté pour qu'on s'embrasse puisque ça semblait avoir fonctionné pour le match précédent. Durant l'échauffement, il patinait sans problème apparent et je me suis dit que les médecins et les thérapeutes avaient bien fait leur travail.

Face à l'élimination, les joueurs du Kraken sont vraiment en feu et ne cèdent pas beaucoup d'espace aux Canadiens. Riley McTavish sauve son équipe à plusieurs reprises. J'essaie de rester calme et objective mais j'avoue que je n'y parviens pas; je suis stressée et j'ai peur qu'on doive se rendre à un 7e match.

Alors qu'il ne reste que 5 minutes avant la fin de la 3e période, c'est 2 à 2, Rayan ayant compté un but sur une belle passe d'Evan et l'autre but des Canadiens ayant été marqué par Niklas Lindberg en avantage numérique. Je suis descendue au niveau de la patinoire parce que je devrai faire des entrevues en direct avec les joueurs si les Canadiens l'emportent. Mais je commence à me faire à l'idée qu'on devra aller en prolongation et que je suis descendue trop tôt. Par contre, avec 1 minute 40 à jouer, un attaquant du Kraken se rend au filet et Riley McTavish sort pour intercepter la rondelle mais échoue à sa tâche alors que la rondelle glisse entre ses jambes et se rend jusqu'au filet. Evan, qui s'est replié et qui est allé se poster près du filet, arrive à toucher à la rondelle juste avant qu'elle ne traverse la ligne pour sauver un but assuré et la redirige vers le centre de la patinoire, où elle est récupérée par Nathan Dussault qui patine rapidement vers le filet du Kraken. Evan retourne au banc alors que Niklas Lindberg le remplace et va seconder Nathan dans la zone offensive. Nathan fait semblant de lancer au filet mais remet la rondelle à Niklas qui, après 2 belles feintes, déjoue le gardien et marque. C'est 3-2 pour les Canadiens, avec 1 min 28 à faire dans le match.

Par la suite, le Kraken enlève son gardien pour le remplacer par un attaquant supplémentaire. Sous les encouragements de la foule, ils gardent le contrôle de la rondelle dans la zone des Canadiens mais Riley arrête tous les tirs qui sont dirigés vers lui, alors que les joueurs au banc des deux équipes sont debout. Puis, après un arrêt, Riley aperçoit Bowen Stone qui est un peu en retrait et lui remet la rondelle. Bowen se dirige seul vers la zone du Kraken, tire dans le filet désert et c'est maintenant 4-2 avec 38 secondes à faire. Les joueurs des Canadiens sautent sur la glace pour célébrer et les joueurs du Kraken sont dépités. Le jeu reprend, le Kraken combattant avec l'énergie du désespoir mais les secondes s'écoulent et, avec 2 secondes à faire et la rondelle en leur possession, tous les joueurs des Canadiens sautent sur la patinoire en enlevant leurs casques et leurs gants puis en laissant tomber leurs bâtons par terre pour célébrer. La Coupe Stanley revient à Montréal!