Chapitre 20 : « J'ai confiance! »

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2 juin, 17h45

Léa

Je suis assise dans le salon Jacques-Beauchamp du Centre Bell, entre deux interventions en direct à la télé, en train de manger avec mes collègues. À ma table, il y a Benjamin, mon partenaire sur le beat, et Olivier Drolet qui est venu prendre une bouchée avant d'entrer en ondes à 18h30 pour l'une de ses dernières émissions de Hockey 360, pendant laquelle je ferai une intervention. Finalement, j'ai décidé d'accepter la proposition de mes patrons et de prendre l'animation de l'émission qui occupera le même créneau. Mes patrons, de leur côté, ont acquiescé à ma demande de voyager avec l'équipe. Ce sera seulement sur semaine, toutefois, lorsque les matches seront diffusés à RDS, il y a donc certains courts voyages de fin de semaine que je ne ferai pas. Mais ça me satisfait tout de même. Peu de gens sont au courant pour l'instant puisque ça ne sera annoncé qu'en août, lors du lancement de la programmation de RDS.

Le salon Jacques-Beauchamp est bondé aujourd'hui puisque des membres de médias sportifs de partout en Amérique du Nord et même d'Europe sont ici pour le 5e match de la finale de la Coupe Stanley, qui sera remportée par la première équipe qui aura gagné 4 matches. Les Canadiens et le Kraken de Seattle s'affrontent et la série est égale 2-2, chaque équipe ayant, curieusement, remporté ses matches à l'étranger. Le salon est extrêmement bruyant mais, tout à coup, tout devient silencieux et tout le monde regarde en direction de l'entrée. J'y tourne mon regard, moi aussi, et je vois ce qui cause ce soudain silence : il y a un intrus. Grand, les épaules larges, les yeux en amande, les cheveux noirs coiffés d'une casquette à l'envers, la peau cuivrée, habillé de pantalons de sport marine et d'un t-shirt bleu arborant le sigle des Canadiens et le numéro 11, gougounes aux pieds, un éclatant sourire aux lèvres, il me regarde et me fait signe d'approcher. Je me lève pour le rejoindre, sous les chuchotements de mes collègues, en notant bien qu'il a pris soin d'enfiler des pantalons longs plutôt que les shorts qu'il porte habituellement dans le vestiaire. Je sais pourquoi : son genou gauche est recouvert d'un bandage puisqu'il traîne une blessure qui nécessitera une chirurgie durant l'été et il ne veut pas que mes collègues l'apprennent. Il a d'ailleurs réussi à me le cacher pendant plusieurs semaines mais, lorsque que je suis revenue à Montréal, j'ai rapidement remarqué qu'il a de la difficulté à monter et à descendre les escaliers, surtout quand il doit transporter Emerance.

- Qu'est-ce que tu fais ici?

- J'ai quelque chose à te demander.

Je l'emmène à l'écart, plus loin dans le corridor, pour nous mettre à l'abri des regards inquisiteurs de mes collègues. J'ai aussi peur que certains d'entre eux, peu scrupuleux, viennent l'assaillir de questions.

- Quoi?

Son sourire n'a pas quitté ses lèvres.

- J'ai besoin d'un... good luck kiss...

- Depuis quand t'as besoin de ça avant un match?

- Ben, j'en ai pas eu avant les derniers matches au Centre Bell et on a perdu pis on s'est embrassés avant les matches à Seattle et on a gagné, donc je veux que ça continue...

Je lève les yeux au ciel. Les joueurs de hockey sont tellement bizarres avec leurs superstitions. Mais, d'un autre côté, son sourire est vraiment irrésistible et, depuis que je me suis permise d'être complètement en amour avec lui, j'avoue que moi aussi j'ai presque tout le temps envie de l'embrasser. Je monte donc sur le bout de mes orteils, je mets mes bras autour de son cou, il se penche et on s'embrasse jusqu'à ce qu'on soit un peu à bout de souffle tous les deux.

- Est-ce que tu penses que ça va être correct, ça?

- Oui...ça devrait.

Puis il me murmure dans l'oreille

Micro et mises en échecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant