Maintenant, je sais... (TOME 2)

Chapitre 22

Il y a des jours où je ne veux pas me lever. Celui-ci en fait partie. Gauthier vient de frapper cinq fois à la porte de ma chambre et ce n'est en aucun cas pour me dire que mon acteur préféré vient subitement d'entrer dans la maison. Nous sommes une nouvelle fois en retard. Mon « best-bro » que j'ai surnommé ainsi hier soir, me crie de l'étage inférieur qu'il ne compte pas me sortir du lit. Tant mieux, je ne comptais pas y sortir non plus. Sauf que je le connais assez bien pour savoir qu'il prépare une autre manière de me faire bouger le cul. Et ça commence lorsque mon téléphone se met à vibrer.

[Jean-Claude alias Gauthier : J'offre quoi à ton copain ? Café ou cappuccino ?]

Au contraire de moi, Lucas adore la caféine. Il ne comprend d'ailleurs pas le concept du cappuccino. Autant prendre un bon chocolat chaud si je ne supporte pas le café. Je suis prête à répondre à Gauthier quand je relis une seconde fois son message. Attends. Comment ça « mon copain » ? Et pourquoi lui offrir quelque chose ?

[Moi : Lucas est à la maison ????]

Encore une raison plus concrète pour m'attacher à mon lit. J'ai déjà affronté trop de problèmes pour le moment. S'il vous plaît, je demande juste à respirer quelques jours.

[Jean-Claude alias Gauthier : Si je réponds oui, tu descends ?]

— GAUTHIER ! criai-je prête à lui jeter mon traversin.

[Jean-Claude alias Gauthier : Sorry, not sorry.]

Oh, si on m'avait payé pour le nombre de fois où j'ai juré à cause de lui, je serai devenue millionnaire. Je le reconnais bien là. Ça me rassure de voir qu'importe ce qu'il s'est passé, il n'a pas décidé de changer de comportement avec moi. J'aurai été d'autant plus perturbé s'il me considérait autrement. Ce qui n'est pas le cas de Lucas.

Si je ne compte pas le procès, nos dernières retrouvailles n'ont rien résolu. À part m'être jetée sur lui pour l'embrasser et qu'il me laisse un mot pour que je revienne en Angleterre, notre histoire n'a pas avancé. Quelques indices me prouvent que nous comptons beaucoup l'un pour l'autre. À quel degré ? Peut-être que cette saison printanière nous donnera des réponses. En attendant, je dois mettre un pied de nouveau au lycée et ce n'est pas mince affaire.

Lorsque la voiture de Gauthier s'arrête sur le parking du bahut, je rêverais d'être ailleurs. Tous les yeux actuellement présents sont fixés sur moi. Un frisson me parcourt le corps après cette sensation étrange d'être le jour de la rentrée. Sauf qu'aujourd'hui, je ne suis pas la petite nouvelle. Non, tout le monde est au courant. Je suis l'heureuse victime gagnante d'un procès. C'est presque le gros titre d'un journal inscrit sur leurs fronts. Encore une fois, je scrute le sol en espérant de tout cœur éviter un contact visuel montrant de la pitié. Gauthier reste près de moi et nos jambes marchent à l'unisson. Il ne faut pas quelques minutes avant que d'autres pairs de pieds nous rejoignent. Je lève la tête pour découvrir à mes côtés, mes trois Mousquetaires. Au final, ce n'est pas une si mauvaise chose d'être retour. Je ne suis plus seule. Elles me sourient, signe qu'elles me soutiennent dans cette mauvaise passe. Et avec ça, mon regard ne fuit plus personne. Gauthier, me sachant maintenant en sécurité, rejoint Amber sous le préau. Avec les filles, nous nous dirigeons vers le banc en face du foyer.

— Pour jeudi soir, je commande des pizzas. Ça vous va ? questionna Rose en s'installant.

— Jeudi soir ? demandai-je.

— On fait une soirée pour ton retour, répondit Courtney.

— Quoi ?

— Bah ouais ! Et t'as pas intérêt de dire que tu viendras pas, renchérit Madison en me menaçant du doigt. Si t'es entrée dans notre groupe, c'est pour la vie. Puis surtout quand c'est pour toi qu'on fait ça.