Vers trois heures du matin, j'ai été réveillé par ma voisine qui vomissait sur mon paillasson. Elle s'efforçait de tirer sur la poignée de ma porte en étant certaine d'accéder à sa chambre. En même temps, j'ai reçu un message de Rose m'invitant à passer la Saint-Valentin avec elles. Au souvenir de passer la Saint-Valentin sans la personne que j'aime, je me suis mise à penser aux paroles de Lucas. Comme j'aurais aimé avoir un dictaphone dans les mains pour enregistrer sa voix et l'écouter encore et encore sans jamais m'en défaire. Au lieu de ça, j'ai essayé de me rendormir en écoutant Hopelessly devoted to you, une des chansons phares de Grease. Sandy disait vrai. Mes yeux n'étaient pas les premiers à pleurer et mon cœur n'était pas le premier à s'être brisé. Pourtant, j'étais la seule à vivre cette relation avec Lucas et j'étais la seule responsable de sa destruction. En écho dans mes oreilles, la voix d'Olivia Newton-John chantait ma peine et sans précédent, je l'accompagnais. Je me foutais de savoir qu'il était trop tôt, mon cœur avait besoin de crier sa douleur.
Mon réveil annonce 10 h 15 quand j'ouvre les yeux. La panique me prend quant à cette heure-ci, je suis censé faire la plonge au restaurant. Puis, je retombe vite sur mes pieds quand je découvre le message de mon patron m'indiquant de venir chercher mes affaires. Je sors lentement de mes draps n'ayant maintenant plus aucune raison de me précipiter. Je peux même lézarder jusqu'à midi et avoir comme simple excuse pour me lever mon ventre qui gargouille, mais je me souviens que je n'ai aucune affaire de sortie pour ce soir. Madison m'a conseillé de bien m'habiller, du moins de porter un jean et un pull mignon et d'éviter de venir en jogging comme hier soir. Elle a ajouté que ça révélerait ma personnalité de jeune femme adorable. Puis par le biais de quelques photos, elle tenterait de rendre Lucas jaloux en me voyant si bien apprêté. D'autant plus que nous allions passer notre soirée en discothèque, entourées de jeunes Français sexy. J'ai présumé que ce commentaire venait de Rose. Au départ, ça ne m'a pas vraiment emballée, mais leur enthousiasme a fini par m'amener à notre point de rencontre, sous la tour Eiffel.
Un bon quart d'heure était passé sans nouvelle de mes trois mousquetaires. M'avaient-elles posé un lapin ? J'avais scruté chaque personne passant à côté de moi et je n'avais pas encore aperçu cette tresse habituelle sur Rose. Pendant cette longue attente, je n'avais pas eu le temps de m'ennuyer. Sous la plus haute construction en fer de France, plusieurs couples attendaient leur tour pour y monter. J'aperçus facilement ceux pour qui c'était la première célébration de la fête des amoureux. De loin, je voyais leurs yeux exprimer leur volonté de longévité de leur couple. Ensuite, j'ai vu ces adultes qui s'aiment à leur façon. Ils étaient à l'écart de cette foule et profitaient de cette soirée en racontant leur journée. D'autres déversaient leurs salaires du mois dans des sorties à couper le souffle afin de se faire pardonner d'avoir été un petit con ou d'avoir été chiante la veille. Mais les meilleurs étaient sans aucun doute nos aînées. Dès que je les vois, j'imagine leur grande et belle famille qui a grandi dans de bonnes conditions. Celle qui a su rester soudée jusqu'au bout. Le genre de famille qui n'a pas eu de mal à se soutenir. Je respecte ces vieux couples qui tiennent encore bon même après toutes ces années passées ensemble sans pour autant s'ennuyer.
Je me demande parfois si mes préférences en matière de comédies musicales n'ont pas eu un effet néfaste sur ma vision de l'amour. Il y a sûrement une raison particulière au fait que je sois tombée amoureuse de Juliette à mes cinq ans. J'aurais très bien pu garder en tête Notre-Dame de Paris en 1998, l'histoire d'Esméralda aimée de tous, mais vouée naïvement à un seul cœur. Ou bien Mozart L'opéra rock en 2009, l'histoire biographique d'un grand compositeur. Pourtant, mes yeux d'enfant ont préféré cette histoire d'amour inconditionnel entre deux personnes qui ne devraient éprouver aucun sentiment l'un envers l'autre.
Vers 19 h 45, pas de traces de mes trois mousquetaires à l'horizon. Alors je sors de ma poche mon MP3 et mes écouteurs, toujours disponible à ma portée quand je vais quelque part. Je m'installe sur un banc près de la Seine et je me laisse charmer par les voix des merveilleux chanteurs et talentueuses actrices qui ont bercé mon enfance. Je ne choisis pas de chanson particulière puisque j'opte pour une lecture complète de Roméo et Juliette, de la Haine à l'Amour. Il semblerait qu'avec le retard des filles, j'ai tout le temps devant moi.
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Maintenant, je sais... (TOME 2)
Romansa" J'ai appris récemment que les erreurs de notre passé s'immobilisent dans nos pensées avant de quereller notre présent." Lorsque la vérité éclate au grand jour, Louane pense à son avenir. Décidée, elle fait un choix. Mais, est-ce le bon ? Suite et...