Chapitre 12

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Point de vue Lucas.

Elle est devant moi. Après deux mois interminables, elle est à côté de moi, comme si nous ne nous étions jamais quittés. Je repense à son absence qui m'a littéralement brisé et je me demande comment le monde peut m'en vouloir autant pour oser me l'amener jusqu'à moi. Tant de souffrances se sont accumulées quand elle m'a laissé. Pas assez de liens ont réussi à nous soutenir ensemble. Trop de mensonges qui ont brisé l'amour de deux êtres parfaitement assemblés. Tellement de kilomètres qui m'ont habitué à ne plus la voir. Je la regarde dans les yeux et par magie tous les souvenirs que nous avons partagés me reviennent en mémoire et m'interdisent de lui en vouloir. Je laisse ce froid m'envahir une seconde fois en espérant qu'il me refasse comprendre que cette magnifique jeune femme aux yeux vert clair, avec des lèvres parfaites et des cheveux soyeux, a préféré m'abandonner que d'affronter ses problèmes à deux.

Et c'est là que je me souviens. L'image d'un regard disparaissant à travers une vitre blindée comme si même un aspect transparent et infranchissable pouvait séparer deux êtres aimés. L'histoire de deux mois vite effacée par la vitesse d'un TGV. Bloqué entre attendre que le temps fasse machine arrière ou que ce train ne démarre jamais. Silence. Le bruit énervant de cette dame annonçant un départ n'est qu'un vaste néant. Rien. Juste un corps essayant désespérément de faire quelque chose pour arrêter cela. Livide, aussi transparent que ces vitres, ce corps voudrait les traverser. Partir. Loin. Car sans elle...

Sans elle, c'est comme si rien n'avait existé. Et la revoir ? Oh quel pincement au cœur... L'oublier aurait été la solution. Mais comment ? Tout l'univers ne portait maintenant plus que son nom. Comme si la création du monde n'avait été faite qu'à partir d'elle et de lui. Si doux. Ressentir ses lèvres sur les siennes n'arrangeait rien. Cela empirait les choses car l'envie d'y goûter en était encore plus grande.

Comme guider par un romancier déplaçant ses personnages, je me rassoie. Mon meilleur ami reste éberlué car lui aussi il l'a vu. Et il sait très bien que la peine de mon cœur s'est installée dans les yeux de nos amis. Car je les vois. Ces yeux de pitié qui me rappellent que nous avons été le sujet de conversation d'une bonne partie du monde après son départ. Ceux-ci s'étaient estompé mais il n'aura fallu que d'un autre sauvetage pour que les rumeurs reviennent.

Qui aurait cru que je la reverrais aujourd'hui. Cela fait trois jours que nous sommes en France. J'ai failli renoncer au voyage... Mais cet espoir coincé au fond de mon cœur voulant crier haut et fort que ce n'est pas peine perdu m'a forcé à monter dans ce train qui nous à séparer. Deux soirs où je ne participe pas aux activités de Mme Anderson. Pourquoi ? L'immense frayeur de revoir ses fameux yeux, mais comme « par hasard » mon ventre a été pour une fois plus grognon. Quelle idée de me présenter un menu pareil et puis j'ai toujours rêvé de manger dans un restaurant avec une vue sur la Tour Eiffel. Finalement, mes petits plaisirs en ont réveillé les plus grands.

Ce qui m'angoisse le plus ce n'est pas de l'avoir revu, c'est plutôt de ne pas savoir ce qu'il s'est passé durant ces deux mois. Elle n'a pas changé, du moins, mes sentiments pour elle me font comprendre que rien n'a changé. Sauf que j'ai tort, je ne peux plus me comporter de la même façon avec elle. Nous sommes quoi maintenant ? Nous n'avons pas officiellement rompu, mais nous nous sommes en quelque sorte séparés. Sommes-nous encore amis ? Des amis se cachent-ils des secrets ? Je n'ai pas de réponses à tout cela et je ne pense pas qu'elle puisse me répondre aussi.

- C'était elle, n'est-ce pas ? demande Connor en approchant sa chaise de moi.

- Je ne pense pas.

- Menteur ! C'est clairement elle. Pourquoi tu ne vas pas la voir ?

Maintenant, je sais... (TOME 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant