8. Confessions et donuts

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Une chose m'a toujours fasciné chez Liv : son amour inconditionnel pour les donuts

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Une chose m'a toujours fasciné chez Liv : son amour inconditionnel pour les donuts. Et pas n'importe lesquels, ceux de sa pâtisserie préférée de Holly Springs. Je me demande si elle en a trouvé d'aussi bons au campus.

Autrefois, lorsqu'on avait besoin de vider notre sac, on se retrouvait au parc en bas de notre rue et on dévorait des donuts tout en discutant. J'ai toujours aimé nos rendez-vous clandestins, j'avais l'impression d'être un rebelle qui sortait de chez lui en douce pour retrouver une fille, et ce même s'il s'agissait de Liv.

Elle a toujours été différente des autres, c'est ce que j'aime chez elle. Du moins, je la trouve différente. Elle a de la répartie, un talent inné pour le chant, le piano et la guitare, et elle excelle dans toutes les matières. Sauf le sport. J'ai passé des après-midis à lui apprendre à jouer au basket devant mon garage, sans succès.

Liv n'est pas douée lorsqu'il s'agit de coordonner ses bras et ses pieds, si bien qu'elle ressemble à une poupée désarticulée lorsqu'elle danse. Je le sais par expérience, elle faisait des concerts improvisés lorsque l'on s'invitait à dormir. Autant dire que si je dormais avec elle aujourd'hui, à vingt ans, je ne serais plus du tout aussi à l'aise qu'il y a six ans. Parce que même si c'est Liv, que j'ai longtemps considéré comme une sœur, elle reste une fille.

Ce week-end, je suis venu rendre visite à ma mère parce qu'il y a des périodes où elle est plus déprimée que d'autres et a besoin de moi. Avec Thanksgiving qui approche à grand pas, elle ne respire pas la joie de vivre. Mon père lui manque toujours autant.

Il y a neuf ans, mon père a été muté à Holly Springs, petite ville qu'il a de suite aimé par sa sérénité, aux antipodes de Raleigh. Il est mort en service un an plus tard. Un feu s'est déclaré dans un entrepôt, et mon père ainsi qu'un autre de ses collègues se sont retrouvés pris au piège à l'intérieur lorsque la charpente s'est effondrée.

Il me manque tous les jours, mais je garde le sourire en me souvenant combien il aimait son travail. Il adorait sauver des vies et aider ses prochains, et je sais qu'il était ravi d'évacuer de cet entrepôt des travailleurs en proie aux flammes. Il restera toujours mon héros.

Ma grande sœur Chelsea a quitté la maison l'année suivante, à sa majorité, alors que j'avais besoin d'elle pour aider notre mère et survivre. Heureusement que j'ai pu compter sur mes amis et leur famille, ainsi que les collègues de mon père. Je me sentais moins seul.

Grâce aux médicaments, ma mère s'est remise du décès de papa. Plus ou moins. Elle continue d'avoir des périodes où elle ne va pas travailler à la mairie – qui lui a gentiment offert cet emploi lorsqu'elle a perdu le précédent –, mais la plupart du temps je sais que je peux la laisser seule sans m'inquiéter. Et puis, je sais que M. Beckett, notre voisin, passe chez nous pour vérifier que tout va bien. Néanmoins, je viens dès que possible. Elle déteste que je la materne, mais c'est instinctif. Je ne la laisserai jamais tomber. Pas comme l'a fait sa fille pour qui ma mère porte toujours autant d'amour.

CHAPEL HILL - Last First Kiss #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant