Chapitre 21

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Héloïse


Je n'avais jamais passé de Noël comme ça. Je retrouvais les valeurs que j'avais vues dans la rue, auprès de Pierre et ses amis. Le partage, la solidarité. Personne ne juge personne. La famille de Camille nous a accueillis à leur table, dans leur famille, avec chaleur. Ils avaient entendu parler de Kayleigh et de moi, Camille ne leur cachant rien de sa vie. C'est moi qui fus la plus enlacée, embrassée et remerciée, me faisant rougir. Laurence vantant mes talents de pédagogue, bulletin de notes à l'appui. Les appréciations de ses professeurs étaient toutes positives, même en sport, grâce à Camille. Je mangeais à côté de Laurence et ce fut, en plus d'un repas délicieux, un des meilleurs repas de toute ma vie. Je n'avais pas discuté avec quelqu'un de presque mon âge, depuis si longtemps, une véritable conservation entre filles au sujet de tout et de rien, surtout de rien. Le repas est simplement le meilleur de toute ma courte vie. Tout ce que je goûte est un délice, la mère de Camille ne cesse de rougir en me regardant m'extasier. Quand nous quittons la table pour nous installer devant la télévision, c'est comme si nous étions amies depuis toujours avec Laurence, jusqu'à nous endormir, blottie l'une contre l'autre. Michel, le père de Camille, nous a délicatement portés l'une après l'autre dans la chambre de Laurence où j'ai dormi collée contre ma nouvelle meilleure amie, ma fausse cousine par alliance ou ma demi-sœur de cœur, Kayleigh restant avec Camille dans sa chambre.

Je sens un courant d'air sur mon front, instinctivement je rentre ma tête entre mes épaules et je tire sur ma couverture pour me cacher dessous, mais je sens encore ce souffle qui me donne froid. Je fronce les sourcils puis j'ouvre les yeux, mais je n'ai pas de point de repère, tout est noir autour de moi. Je me demande où je suis, paniquée. J'appelle Kayleigh, mais elle ne me répond pas. Je cherche mon cutter sous mon oreiller à l'instant où j'entends du bruit, mais je ne le trouve pas. Une peur panique s'empare de moi, primale, amenant une réaction bestiale alors que je me débats quand une main me touche la joue, glissant une mèche de cheveux derrière une oreille. J'entends une voix me parler. C'est l'albanais, il m'a retrouvé ! Je veux hurler, mais je n'y arrive pas. Au secours ! Mais je ne m'entends toujours pas.

Kayleigh ! Au secours !

« Ce n'est rien, c'est moi, c'est Camille, » entends-je en ouvrant les yeux, voyant Camille à genoux devant le lit, me souriant, Laurence, les yeux fatigués, elle, me regarde, inquiète, Kayleigh à genoux juste à côté.

« Que se passe-t-il ? » demandais-je en les regardant toutes.

« Tu as fait un cauchemar, tu as réveillé Laurence qui est venue me voir, ton sommeil était profond, mais très agité.

— Pardon, Laurence, je ne m'en souviens pas. Je vais aller dormir sur le canapé, c'est mieux.

— Non, reste avec moi » me sourit-elle en se recouchant en m'enlaçant. « Je vais te protéger.

— Merci Laurence », souriais-je en versant une larme, alors que Camille dépose une bise sur mon front faisant de même sur celui de sa sœur en la remerciant, mais celle-ci s'est déjà rendormie.

Je ferme les yeux, mais je les entends, elles sont assises par terre, à côté de moi, elles chuchotent, se font du souci pour moi et cela m'ennuie. Mes frayeurs nocturnes avaient disparues, mais à cause du voisin de Kayleigh elles sont revenues, comme avant. Je ne peux pas dormir dans un endroit où il n'y a pas un minimum de lumière, j'ai développé une peur du noir et voilà que cela recommence, les cauchemars reviennent. C'est à cause de cette peur que les Albanais me retrouvent que je ne dors presque plus, que je dors avec mon cutter, prête à défendre ma vie. J'essaye de m'endormir, mais je n'y arrive plus. Je fais semblant, respirant lentement, ronflant un peu même, alors que je finis par somnoler. Je les entends se lever et sortir de la chambre, demain je demanderai pardon à tout le monde, surtout à Camille et Laurence. Kayleigh m'a acceptée dans sa vie sans condition, aussi je me promets de travailler deux fois plus fort pour la rembourser de la vie que je lui dois. Laurence doit sentir que sa sœur est retournée se coucher, car elle se tourne sur le côté et place son bras sur moi, murmurant dans son sommeil, me faisant pleurer.

Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant