Chapitre 27

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Kayleigh


Je suis de mauvaise humeur.

De très mauvaise humeur.

La journée avait pourtant si bien commencé. Yasmina était adorable. Nous avons discuté longuement du projet, de ses idées, des miennes. Elle était d'accord sur le fait que le menu du service de traiteur devait se démarquer de ce que faisaient les autres sans être trop typé. Sa cuisine est adaptable, la semoule de son couscous est une tuerie. La part des légumes est forte. À nous deux, nous avons établi plusieurs menus, chacune apportant quelque chose à l'autre. Une fois les menus terminés, j'ai rapidement calculé leur cost. Yasmina me regardait faire, surprise, sa cuisine ne fonctionnant pas comme ça. Les différents coûts de revient calculés, nous pouvions établir le prix de vente. L'imprimeur au coin de la rue nous fit un prix d'ami sur l'impression de publicité, Saïd gérera la partie informatique, soit la mise en ligne sur les réseaux sociaux et la publicité. Pour les livraisons, Saïd toujours et des amis qui veulent travailler. Il nous restait la structure. Si nous nous associons officiellement, nous devons créer une nouvelle entreprise, avec les coûts y afférant. Nous pouvons utiliser soit son entreprise ou la mienne. Yasmina craint que la clientèle ne soit pas au rendez-vous avec le nom de son restaurant elle préfère que l'on utilise ma raison sociale. Je bénéficiais déjà du bouche-à-oreille et j'étais bien établie avec une bonne réputation.

« Et tu es blanche » compléta Yasmina, gênée.

« Mais c'est raciste, comme pensée, Yasmina ! »

« Réaliste, Kayleigh. Les clients viennent au Tassili le week-end, car ils savent qu'ils vont faire un bon repas, pas cher, avec un spectacle. Mais pour un service de traiteur pour leur repas du midi, ils vont préférer aller chez Ô bon pain.

— Je comprends ton raisonnement, Yasmina, et cela m'attriste que la société en soit encore là.

— Tu as un cœur en or, Kayleigh et je t'ai toujours appréciée pour cela, tu ne juges personne. Tous les commerçants culturels du quartier t'apprécient pour cela.

— Peut-être parce que je ne suis pas française, que moi aussi je suis une immigrée ? » souriais-je avec un clin d'œil.

« Oh, c'est un peu raciste ça ! » sourit-elle à son tour. « Alors, on se lance ? » demande-t-elle en tendant la main.

« Absolument ! » confirmais-je en serrant sa main avant de la serrer dans mes bras.

En remontant vers la boulangerie, j'étais joyeuse, Aaron le serait aussi, nous allions gagner un peu plus d'argent. Je l'étais moins en voyant une voiture de police se garer devant ma porte. La première idée me venant étant qu'ils venaient m'enlever Héloïse pour une quelconque raison. Soit elle est recherchée par sa famille, l'école avait aussi dû signaler sa disparition. J'allais la perdre. L'autre idée qui me traversa l'esprit est que j'allais avoir des ennuis pour ne pas avoir prévenu la police, afin que les services sociaux la prennent en charge. Pour faire travailler une mineure sans la déclarer. Malgré moi, je me plaque devant ma porte, les empêchant d'entrer, même si elle n'est pas ici.

« Bonjour, Messieurs, je peux vous aider ?

— Héloïse Gagnon, nous venons la chercher » dit l'un deux.

« Je ne vois pas...

— Je m'appelle Julien Gallois, je suis un ami de Mike, le mari de Mia » m'arrête le deuxième homme avant que je ne m'enfonce dans un mensonge. « Je vous présente Madame Sylvie Carleton, assistante du juge d'instruction », dit-il alors que je regarde une femme sortir de la voiture.

« Bonjour, je voudrais emmener Mademoiselle Gagnon à nos bureaux, lui montrer des photographies afin qu'elle identifie l'homme qu'elle dit avoir scarifié. Le juge d'instruction ne veut entamer aucune procédure tant que nous ne passerons pas cette étape. Je conçois que vous ne cherchez qu'à la protéger. Nous pouvons discuter à l'intérieur, il fait un peu frais ? »

Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant