Chapitre 31

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Héloïse


Dans l'avion, je calme ma nervosité en lisant. Le vol est court, deux heures, mais suffisamment long pour une première fois. Mon ami le juge est intervenu pour m'aider à obtenir un passeport et j'étais fière en le posant au comptoir, la femme me regardant en me souriant. Je sais tout de là où nous allons atterrir. Glasgow n'est pas la terre des ancêtres de Kayleigh, il nous faudra monter un peu, pour aller dans les Highlands. Une hôtesse passe régulièrement et me sourit à chaque fois. Je me demande si c'est à cause de ma coiffure à la Mia ou du joli maquillage que m'a fait Camille, mais elle me dévisage sans cesse. Je force sur mon ventre à chaque fois comme si j'allais déclencher une pulsion amoureuse, mais rien ne se passe. En sortant de l'avion, je la remercie en la regardant droit dans les yeux, j'y mets tous mes sentiments et son sourire accompagné d'un clin d'œil me fait chaud au cœur, mais je ne ressens rien.

Peut-être que je ne suis pas encore lesbienne ?


« Ohhhhh »

Je suis en extase devant les panneaux des noms de ville que j'ai le temps de lire, et même de ceux que je n'ai pas le temps de comprendre. Je sais que je viens de pénétrer dans un autre monde, celui où la magie existe.

« Ohhhhh » Camille est comme moi, faisant rire Kayleigh alors que nous traversons des villages.

« Bienvenue à Braenaich, chez moi » dit-elle alors que nous pénétrons dans le petit village. « Une arrière-arrière-petite-cousine du côté de mon père a été accusée de sorcellerie et arrêtée, il y a bien longtemps. Un de mes ancêtres avait une distillerie et faisait du whisky... »

Camille et moi ne retenons que la première partie de son histoire alors qu'elle se gare devant une maison aux murs en pierres grises, et au toit crénelé, comme dans un château-fort.

Sorcière.

C'est avec un sourire entendu que nous nous regardons dans le rétroviseur.

« Bonjour et bienvenue chez nous, Héloïse ! » m'accueille Siobhan en sortant de la maison, avant de saluer Kayleigh et Camille. Elle m'enlève à mes sœurs, me conduisant dans la maison où je reconnais les grands-parents de Kayleigh que j'avais rencontrés à Noël et c'est dans la langue de William Wallace que je les salue, les faisant sourire.

« Il faudra travailler cet accent, mais regarde-toi comme tu as changé. Tu es devenue une ravissante jeune fille » me traduit Siobhan, me faisant rougir avant que je ne m'avance et les embrasse longuement.

Siobhan répond à ce qu'ils disent, mais ne me traduit pas, se contentant de me regarder en souriant. L'accent est trop prononcé et je me demande même si c'est de l'anglais que j'entends. Camille et Kayleigh entrent et c'est parti pour une deuxième tournée, Siobhan ne semblant traduire qu'une partie de ce que les grands-parents disent. Jusqu'à ce que la grand-mère pointe la main de Kayleigh.

« Ah, oui, nous sommes mariées depuis deux mois » répond-elle, sa façon de parler est harmonieuse, plus poétique, moins rude que celle de ses grands-parents. Il n'y a pas non plus d'intonation anglaise dans sa voix. Quand je l'écoute, je frissonne.

J'aime cette langue. Je ne comprends rien, mais j'aime ça.

Siobhan me montre ma chambre, c'est différent de celle où j'ai dormi le mois précédent, c'est plus rustique, mais il s'y dégage une certaine atmosphère. Le village comporte des maisons anciennes et modernes, et cela me perturbe alors que je me penche à la fenêtre pour observer.

« Ça va, Héloïse ? » demande Kayleigh en se collant dans mon dos, et en m'enlaçant.

« Ça me fait bizarre d'être ici. Il y a quelque chose dans l'atmosphère.

Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant