Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !

Chapitre 28

Kayleigh

Ce soir, nous testons ce que sera notre nouvelle vie. Laurence reste dormir à la maison, s'appropriant déjà les lieux en déposant un de ses livres préférés dans la chambre d'Héloïse. Les parents de Camille se retrouvent seuls chez eux pour la première fois depuis très longtemps et je ne doute pas qu'ils vont en profiter pour se coucher tôt et dormir en appréciant le silence. Laissant les filles s'amuser dans la chambre, Camille et moi en profitons pour parler avenir, vacances, bref de nos projets ensemble. Je renverse mon verre de vin en me précipitant pour monter le son alors qu'est diffusé un reportage sur des arrestations de masses annonçant l'aboutissement d'une longue et discrète enquête sur un réseau de traite des blanches. La police et Interpol ont travaillé de concert sur ce dossier durant des mois.

« Mais il leur aura fallu l'apport précieux d'une jeune fille qui a tenu tête à ce cinglé » ajoute Camille. « Tu penses qu'ils attendent de tous les arrêter pour s'occuper du dossier d'Héloïse ?

— Je n'en sais rien, Camille. J'ai appelé l'assistante de juge, elle me jure qu'elle a remis un rapport plus que positif sur Héloïse et tout ce qu'elle a fait, ainsi que les sévices subis par sa mère, photographies à l'appui, mais rien, aucune nouvelle.

— Pas de nouvelle, bonne nouvelle, dit l'adage, mais je suis inquiète. Laurence n'acceptera pas de la perdre.

— Moi non plus. Elle est dans ma vie depuis près de quatre mois, elle n'a plus rien à voir avec celle que j'ai trouvée derrière mes poubelles. Elle avait des cernes violacés sous les yeux, elle était si maigre, si triste. Aujourd'hui, elle est moins angoissée, elle a repris goût à la vie, surtout grâce à Laurence, l'énergie de ta sœur lui fait du bien. »

Nous nous collons un moment jusqu'à ce que je me souvienne que je voulais lui montrer quelque chose.

« Le premier bilan trimestriel du service de traiteur ! Regarde-moi ça ! Yasmina est aux anges. Nous savions que ça fonctionnait, je lui donne des rapports chaque semaine, mais là, avec les chiffres cumulés, c'est flagrant.

— Ah ouais, c'est pas mal du tout dit donc, malgré tous les salaires déduits ! Vous faites toujours bien attention ?

— Oui, nous déclarons toujours une des cousines de Saïd et je reverse l'argent sur un compte pour Héloïse, quand elle sera majeure elle aura un petit capital. Elle n'en sait toujours rien, elle ne veut pas être payée. Yasmina lui apprend des recettes d'Algérie, Aaron la boulangerie. C'est une éponge, elle veut sans cesse apprendre. La nuit, je dois encore lui confisquer mon ordinateur, elle regarde des émissions de cuisine. Elle a collé des marque-pages dans tous mes livres de cuisine. Elle s'est ouvert un dossier dans mon navigateur, je suis tombé dessus l'autre jour, c'est rempli de recettes et de vidéos. Elle ne pense qu'à ça.

— En tout cas, ça lui va bien d'être heureuse.

— En effet. Tu viens te coucher ? »

Je me lève, la tenant par la taille, et nous passons embrasser les filles, les mettant au lit. Laurence est contente de dormir dans sa nouvelle chambre tout comme Héloïse qui va la partager avec sa seule véritable amie. Les deux s'installent dans leurs positions, Laurence calant sa tête contre l'épaule d'Héloïse, son bras sur son ventre, Héloïse une main sous son oreiller, prête au cas où, dans un réflexe qu'elle gardera encore un moment.

Nous avons choisi une date pour notre mariage, tout le quartier est invité bien entendu, Karianne se vante d'être à l'origine de mon couple, simplement parce qu'elle a refusé d'adopter un enfant avec moi. Mia ne se gêne pas pour la rappeler à l'ordre. Chaque jour, je regarde cette fille et je me demande ce qu'elle fait avec moi. Chaque soir, alors que nous faisons l'amour, je la remercie de m'aimer. J'aime caresser son corps, elle est si belle. Mes parents ont accepté l'idée que je vais me marier avec une femme, qu'Héloïse est comme une fille pour moi, en fait ils se sont beaucoup rapprochés d'elle, cherchant à l'initier à ma culture, à mes origines.