Chapitre 9

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Kayleigh


Karianne me lance un sourire taquin alors que je passe devant sa librairie, où elle est en train de décorer ses présentoirs avec des guirlandes. Elle est au courant de mon aversion profonde pour Noël, même si elle ignore les raisons derrière ce sentiment. Je lui adresse un salut tout en tirant la langue, tandis qu'elle enroule une guirlande autour de son cou et commence à danser.

Je déteste Noël, mais Karianne est vraiment adorable.

Aujourd'hui, je suis seule, c'est samedi. J'attends impatiemment qu'il soit 14 heures pour enfin profiter du week-end. En entrant dans mon magasin, je sors les pâtons que Aaron a préparés la veille et les place dans le four. Ensuite, je m'occupe du ménage, du nettoyage du sol et de toutes les tâches de préparation. Une fois les premiers pains disposés dans leurs présentoirs, j'ouvre la porte. La matinée est calme. Je grignote un croissant tout en sirotant un chocolat chaud, lorsque mon téléphone sonne. En jetant un coup d'œil à l'écran pour voir qui appelle, je sais déjà de quoi il s'agit.

« Bonjour, maman » dis-je en poussant un soupir intérieur,  mais dont une partie a dû filtrer malgré moi.

« Je te dérange ?

— Non, maman, c'est calme ce matin.

— Ah, tu es au travail ?

— Comme tous les samedis, maman.

— Ton collègue ne peut pas te remplacer de temps en temps ?

— Non, maman. Il a quelqu'un dans sa vie, le week-end c'est leur moment.

— Tu aurais quelqu'un, toi aussi tu pourrais être en congé le week-end !

— C'est quoi le rapport ? C'est notre entente ! Il commence sa journée à cinq heures du matin !

— Fais ce que tu veux de ta vie, de toute façon je n'ai rien à dire, n'est-ce pas ? »

Ça y est. Le ton exaspérant est là. Roulement de tambour, ça s'en vient.

« Tu viens nous voir cette année ?

— Je ne sais pas encore, maman. J'ai beaucoup de choses à faire. Je suis en train de développer un partenariat avec une amie qui gère un restaurant, pour un service de traiteur.

— C'est bien, mais ton amie est comme tout le monde, elle ne travaille pas à Noël...

— Mon amie est musulmane, elle ne célèbre pas Noël ! »

Merci, Yasmina, je t'adore et tu ne le sais pas. J'ai LA bonne excuse pour cette année.

J'écoute ma mère me convaincre de venir, cherchant toutes sortes de motivation, mais rien n'y fait.

« Il est temps de passer à autre chose et de grandir un peu, Kayleigh. »

Je savais qu'elle finirait par dire ça. Je l'avais anticipé, aussi je me suis approchée de la porte en silence et l'ai ouverte pour faire sonner la clochette et dire un « Bonjour » afin de faire comprendre à ma mère que j'ai un client et raccrocher. C'est un peu pathétique, je sais, mais c'est ma maman. Je ne peux pas l'envoyer bouler comme ça, je préfère lui mentir, c'est plus respectueux... je trouve. Je suis une femme d'affaires, une entrepreneure. Est-ce de ma faute si je suis occupée pendant les fêtes ? Non.

La porte s'ouvre sur un visage familier, celui de Camille, de chez Mia. Elle m'explique qu'elle a du travail en retard, aussi elle vient faire quelques heures et en profite pour venir se chercher un café et une bricole à manger. Quand elle fouille dans son sac, je l'arrête.

Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant