Héloïse
Je dors nue pour la première fois de ma vie. J'ai fait l'amour avec Merran un peu plus tôt dans la soirée, avant la fête, et c'était fantastique. Je comprends que Kayleigh soit sans arrêt collée contre Camille. C'est une explosion de sensation qui a survolté mes synapses. J'ai passé une des plus belles soirées de ma vie et là, j'ai du mal à croire que je dors dans le même lit qu'elle, comme une adulte. Merran n'a pas peur de mon corps, n'est pas dégoûté. Elle sait tout de moi, absolument tout, je ne lui ai rien caché, et elle veut toujours de moi dans sa vie. Son bras repose sur moi, sa tête est sur le mien, je ne peux pas bouger et je n'en ai pas envie.
J'ai mal intérieurement, j'ai vu la tristesse dans le regard de Kayleigh, mais aussi la joie. Je me doute bien qu'elle a dû parler avec Camille, comme je l'ai fait avec Merran. Merran est encore à l'école. Elle n'ira pas à l'université pour des raisons financières, mais aussi parce qu'elle veut rester au village. Plusieurs de ses amis n'attendent que l'université pour partir, que ce soit à Glasgow ou Édimbourg, mais Merran, elle, veut rester au village pour travailler avec ses parents. Je lui ai parlé de mes emplois à la boulangerie, au service de traiteur, à la proposition de Mia de poser dans ses créations et celles de Camille. Elle est impressionnée par ma vie. Pour Merran comme pour moi, c'est du sérieux. Je n'ai aucun point de comparaison, Merran est mon premier amour, ma première fois, mais ce que je ressens depuis notre premier baiser vient du plus profond de moi, comme me l'avait raconté Aaron. Merran est mon grand amour. Et d'après ce qu'elle m'a dit, c'est réciproque. Elle pleure la nuit, souffrant que je ne sois pas à ses côtés, c'est la plus belle preuve d'amour que quelqu'un pouvait me donner. Demain matin, j'irai au magasin avec elle, je vais l'aider, ranger les tablettes, faire le ménage. Je reste avec elle, c'est ma dernière semaine, je vais vivre avec Merran vingt-quatre heures sur vingt-quatre, comme un couple.
Qu'est-ce que je dois faire ?
Kayleigh sera triste que je parte, mais elle saura où je suis, elle sera heureuse pour moi parce que j'ai trouvé la paix intérieure et mon grand amour. Je suis une Duncan et je rentre au pays.
Il faut juste que j'apprenne l'anglais ! souriais-je avant de m'endormir.
Le jour se lève lorsque Merran bouge, me réveillant et libérant mon bras. Sans faire de bruit, je m'habille, sors de la chambre et descends, m'asseyant dans le canapé pour réfléchir.
Grand-père se lève et me sourit, me saluant de la main avant de s'asseoir à mes côtés. La barrière de la langue est encore trop importante, mais mon geste veut tout dire alors que je pose ma tête sur son épaule.
« Je t'aime » dis-je malgré tout et cela lui suffit.
Grand-mère arrive et sourit en nous voyant avant d'essuyer une larme. J'aimerais mieux parler anglais pour leur parler, leur dire ce que je ressens, leur parler de l'amour que j'ai pour l'Écosse et les Écossaises qui sont entrées dans ma vie, mais je n'arrive pas à mettre mes idées en ordre, tout défile trop vite sauf avec celle que je regarde descendre les escaliers, ce qui surprend mes grands-parents.
« Je l'aime ».
Des mots simples qu'ils comprennent et acceptent, Merran leur parle et leur transmet ce que j'essaye de leur dire. J'arrive à parler avec Merran, mes pensées sont claires, concises, et si parfois le choix de mots est erroné, elle me corrige, m'apprends sa langue. Quand Kayleigh et Camille nous rejoignent, nous finissons notre petit déjeuner. Elles me regardent alors que je me suis bien habillée, Merran porte certains de mes vêtements. Elle ne comprend pas quand je parle en français, mais elle comprend tout de même.
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Cupidon ne doit plus avoir de flèches ou il ne m'a jamais vue !
Storie d'amoreHéloïse, 14 ans, a fugué pour éviter de subir plus de sévices de la part de sa mère et vit désormais dans la rue, se nourrissant come elle peut et se réfugiant où elle le peut, luttant pour survivre. Kayleigh gère une pâtisserie et découvre, un soir...