10 - Veille d'audition

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- Il y a énormément de monde lilice, m'exclamais-je au téléphone avec Alice .

- Mais c'est génial Prune !!

Je compris quand elle vit mon visage se décomposer grâce au facetime quand elle se reprenait tout de suite :

- Ou pas, dit-elle avec une grimace

- Est-ce que tu te rends compte que je vais devoir juger plus de 50 personnes !?!? Ce qui veut dire être méchante avec eux !

Holalala je commence à avoir une boule au ventre qui monte de plus en plus et qui se coince dans ma gorge. Je dois avaler plusieurs fois pour la faire descendre.

- Prune, tu leur dis seulement la vérité. La vérité fait parfois mal mais c'est mieux que de leur mentir, me dit-elle avec un doux sourire sur son visage.

Son sourire me réchauffe le cœur. Elle me manque énormément. Je passais toutes mes journées avec elle, avec ce petit énergumène. Ne plus la voir autant que je le voudrais me fait mal. Mais je sais qu'elle aime les études qu'elle entreprend, cela me suffit. Tant qu'elle est heureuse, je le suis aussi.

- Tu me manques lilice , répondis -je

- Toi aussi ma Prunette !!

- Bon bref revenons à nos moutons. Ah oui on en était au moment où je m'apitoyais sur mon sort car je ne veux pas faire de mal à personne et surtout qui suis-je pour juger ces 50 personnes, soupirais-je.

- Tu es Prune Dubois et tu es la personne la plus attentionnée que je connaisse. Je sais que tu feras ce qui est juste et ce qui te semble le mieux à faire ! Ne t'inquiète surtout pas. Et puis s'ils veulent devenir danseur, ils doivent bien s'habituer à la critique.

Alice a toujours su comment me parler. Car rien qu'avec ses mots je me sens déjà un peu mieux.

- Merci d'être toi et d'être là pour moi, soufflais - je à voix basse .

Elle me lançait un regard sur plein d'amour puis on parlait de banalité et de son petit Marco. La soirée est bientôt là et elle angoisse car elle est « baraque à frite ».

Vous vous demandez ce que ça veut dire hein ?

Ne vous inquiétez pas, j'étais pareil il y a à peu près 30 secondes.

Donc être désigné baraque à frite cela veut dire qu'il faut pécho un maximum de personne durant un laps de temps. Sauf qu'Alice ne veut embrasser qu'un gars à la soirée et c'est Marco. Malheureusement, elle ne peut pas changer. Elle doit rapporter un maximum de points à son équipe.

Les prépas inventaient pleins de trucs bizarres quand même. Eux quand ils font une soirée, ils la font à fond ! On continue à parler pendant au moins 30 min quand elle me dit qu'elle doit aller travailler sa SES (beurk j'en ai des frissons d'angoisse).

                                           •                                    •                                     •                                          •

J'étais en train de lire quand mon cerveau a décidé de me jouer des mauvais tours en me rappelant que l'audition était demain et donc ce qui veut dire être sans émotion face à tant de gens. Pour essayer d'éloigner la crise d'angoisse qui commençait à pointer le bout de son nez, je m'asseyais à mon piano pour jouer un morceau. Le piano m'a toujours détendue. C'est mon instrument de prédilection. Je l'ai commencé à mon plus jeune âge. Je ne me considère pas comme forte car il y aura toujours plus fort que soi mais on peut dire que je me débrouille plutôt bien.

Je m'installe sur mon tabouret déjà réglé à ma hauteur. J'allume mon piano. Et oui malheureusement habiter en appartement implique d'avoir un piano électrique car le son serait trop fort pour les voisins. Mais le mien est un électrique de très bonne qualité donc je n'ai pas à me plaindre.

Je prends mon morceau de Chopin, la valse de l'adieu, celle que j'ai jouée à mon audition d'il y a deux ans. J'aime bien reprendre mes anciens morceaux. Cela me plonge dans un moment de nostalgie qui m'aide à ne plus penser au moment présent. Les premières notes sonnent et je m'enferme dans ma bulle de mélodie.

Je me souviens du jour où j'avais dit à ma mère que je voulais jouer d'un instrument. On était à la MJC du coin et je lui avais expressément dit que je voulais faire du piano. Malheureusement il n'y avait plus de place mais il en restait dans le cours de guitare. Ma mère m'avait demandé si je voulais en faire, j'ai refusé à la seconde.

Quelques jours plus tard, une amie de ma mère lui a conseillé une prof à son compte pas très loin de chez moi. Sur ce nous avons calé un cours et nous y sommes allée. En espérant d'avoir en face de nous une merveilleuse prof.

Isabelle continue de :e donner encore des cours en me poussant encore plus dans mes retranchements car je suis ce genre de personne qui ne se fait pas confiance. J'ai un manque cruel de confiance en moi. Je ne sais pas d'où ça vient. Mais depuis petite je ne me crois capable de rien. Donc le jour où j'ai réussi un des morceaux les plus durs que je n'avais jamais réalisé, j'étais fière de moi. Une première.

Je finissais mon morceau en douceur avec le levé de pédale faisant éclater ma bulle. Je me sentais plus légère qu'avant.

Je me retournai et vis mon père qui me regardait jouer avec des yeux humides :

- Ça faisait longtemps que tu n'avais pas joué, dit-il avec une expression émue imprimée sur le visage.

Je me levais les larmes aux yeux pour l'enlacer. Mon père n'était plus le même depuis la mort maman.

- Elle serait fière de toi, n'en doute jamais.

Il partit dans la cuisine en ne voyant pas mes larmes couler sur mes joues.

Plus tard dans la soirée quand j'étais en train de faire un exercice de physique, j'ai reçu un message assez étrange :
« Prête ma belle ? On va casser la baraque nous deux »

Mouais bizarre ce mec. Ce doit être une erreur. Je pose mon téléphone et continue mon exercice.

En allant me coucher, j'ai un doute provenant de ce message. On dirait qu'il était vraiment adressé à moi. BREF je pense que c'est le stress de l'audition, je dis n'importe quoi.

Cette nuit-là, je rêvais du gala de danse et je dansais avec un homme grand et musclé avec des cheveux noirs charbon.

Juste une danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant