Suture et crème glacée

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Il était minuit lorsque Peter entra dans sa chambre en passant par la baie vitrée de la Tour Stark et se débarrassa son masque.

La sueur attachait ses boucles châtain à ses tempes. Il essuya rapidement son front et retint une grimace : une profonde estafilade sillonnait son bras, dessinant un trait carmin sous son costume. Il retira ce dernier, enfila rapidement un t-shirt Star Wars et un pantalon de pyjama avant de jeter un regard à sa blessure.

Il sut aussitôt qu'il aurait besoin de points de suture.

Ce n'était pas quelque chose qui l'inquiétait. Il s'était déjà recousu des dizaines de fois, n'hésitant pas « emprunter » les aiguilles que May gardait dans sa table de chevet. C'était douloureux, mais rien d'insurmontable.

Il savait qu'il y avait une trousse de premier secours dans la Tour avec du fil, une aiguille et du désinfectant, mais avant d'exécuter le moindre acte médical, il décida qu'il avait besoin de se remplir l'estomac. Tony lui avait donné un billet pour dîner dehors avec ses amis (lui-même avait prévu d'emmener Pepper au restaurant pour une soirée romantique), mais ni Ned ni MJ n'avaient été disponibles. Il avait donc décidé de passer sa soirée à patrouiller et avait perdu le fil du temps, oubliant complètement d'avaler quoi que ce soit. Son ventre s'attelait désormais à le lui rappeler en émettant des gargouillis inquiétants.

Tony et Pepper devaient être rentrés de leur soirée ; Peter espérait qu'ils ne l'avaient pas attendu. Ni l'un ni l'autre n'avait cherché à le joindre, ce qui était plutôt bon signe.

Essuyant distraitement le sillon carmin sur son bras, il se rendit à la cuisine et s'arrêta net. Une silhouette se découpait dans la pénombre, seule.

— Monsieur Stark ? murmura Peter. Friday, allume la lumière, s'il te plaît.

Une lueur orangée se répandit dans la cuisine, épousant les contours d'un Tony en survêtement, attablé devant un verre rempli d'un liquide ambré qu'il sirotait d'un air impavide. Peter fronça le nez, reconnaissant le parfum du scotch.

Lorsque Tony ouvrit la bouche, le même parfum se mêla à son haleine.

— « S'il te plaît » ? Tu n'es pas obligé d'être aussi poli avec elle, tu sais. Ce n'est qu'une IA.

— J'apprécie tout de même les bonnes manières, Boss, rétorqua Friday. Et vous êtes le mieux placé pour savoir que je suis bien plus qu'une simple intelligence artificielle.

— Blah, blah, blah. In fine, tu restes un robot, Fri. Sauf ton respect.

— Vous allez bien, Monsieur Stark ? demanda Pete, presque timidement, en s'approchant de son tuteur.

Les bords de ses yeux étaient rouges, comme s'il avait pleuré. Pourtant, son visage était sec, et il parvint même à lui décocher un sourire — mais un sourire crispé, froid, qui sembla lui cisailler les lèvres. Une pointe d'inquiétude s'enfonça dans le coeur de Peter.

— Monsieur Stark, où est Miss Potts ?

— Qu'est-ce qui est arrivé à ton bras ? rétorqua Tony en fronçant les sourcils, une ombre obscurcissant son sourire de guingois.

Peter jeta un regard à sa blessure et rougit.

— Oh, hem, c'est une longue histoire.

— J'ai toute la soirée.

— Alors, ugh, y avait ce bulldog, et je croyais qu'il allait attaquer cette femme, mais en fait il voulait seulement la saluer, sauf que j'ai essayé de m'interposer et euh pour faire simple disons que ça ne s'est pas très bien fini ? Je ne pensais pas que ses mâchoires seraient aussi puissantes.

Construire une famille, mode d'emploiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant