Confusion

1.2K 63 7
                                    

Une secousse administrée sur l'épaule le réveilla.

Peter fronça le nez. Une douleur sourde pulsait contre sa boîte crânienne. Mal... il avait mal, atrocement mal. Une voix lointaine se répercutait en échos confus autour de lui. On hurlait quelque chose... Un prénom ?

Peter !

Les sons étaient étouffés. Il avait l'impression d'être sous l'eau, peut-être dans un aquarium. Un grognement lui échappa, et la voix se fit plus pressante. A travers le voile de douleur qui entravait ses pensées, il comprit vaguement qu'on essayait de l'arracher à son sommeil.

— En... encore cinq minutes... parvint-t-il à murmurer, sa propre voix lui paraissant curieusement lointaine.

Il n'avait pas envie de se lever. Il n'avait pas envie d'aller au lycée. Il était si fatigué, il avait si mal... il voulait seulement plonger à nouveau dans la douceur de l'inconscience...

— Bon sang, Peter, réveille-toi. Peter !

— Mhm... J'arrive, May... marmonna-t-il.

La main sur son épaule trembla légèrement.

— Peter, c'est moi. Tony.

Oh. Tony.

Que faisait-il dans sa chambre ? May l'avait-elle appelé ? Quelle heure était-il ? Oh non : il avait un examen d'espagnol à dix heures, il ne pouvait pas le rater ! Le coeur battant plus fort, il entrebâilla prudemment les paupières — mais la lumière lui vrilla les rétines et il les referma aussitôt.

— Non, non, garde les yeux ouverts, Pete. Pour moi. Et si ce n'est pas pour moi, fais-le pour Pepper. Si tu t'endors, elle n'hésitera pas à faire le trajet depuis L.A. pour te botter les fesses.

La voix semblait paniquée. Elle ne ressemblait pas à celle que Tony utilisait ordinairement. Peter s'efforça de lui obéir, luttant pour battre les paupières — elles étaient lourdes, si lourdes, mhmm, à quelle heure s'était-il couché hier soir ?...

Peu à peu, les contours flous d'un visage pâle et épuisé se dessina face à lui.

— T-Tony... ? balbutia Peter, désorienté. C-c'est toi ?

Tony lui adressa un sourire qui n'atteignit pas ses yeux.

— Oui, Pete. C'est moi, le seul et unique Tony Stark, lui répondit-il avec douceur, d'un ton que l'on réservait aux enfants, comme s'il avait cinq ans, ce qui était faux, il en avait... il en avait...

Quel âge avait-il, déjà ?

— Tony, qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ? Où... où est May ?

Le sourire de Tony se figea et les quelques couleurs qui restaient sur son visage disparurent. Peter crut voir un morceau ciel se déployer au-dessus d'eux, mais comment était-ce possible ? Où était-il ?...

Il fronça les sourcils. La voix de Tony était trop douce, la lumière était trop brillante, son crâne lui faisait si mal...

Quelque chose n'allait pas, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Un gémissement de douleur lui échappa et le regard de Tony s'affola davantage.

— Shh, shh, tout va bien, Spider-Kid. On va aller te soigner, d'accord ? Il faut simplement que tu restes éveillé.

Il passa une main dans ses cheveux avec beaucoup de douceur, mais l'horreur s'imprima sur ses traits lorsqu'il réalisa que ses doigts étaient poisseux de sang. Une nouvelle vague de douleur se souleva dans la boîte crânienne de Peter, comme si de la lave en fusion rampait derrière ses yeux, et il ne put retenir un nouveau gémissement de douleur.

Construire une famille, mode d'emploiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant