Fièvre

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Tout avait commencé par un léger mal de crâne. Rien d'insurmontable ; Peter avait simplement l'impression qu'un fantôme jouait continuellement du tambour dans son hémisphère droit.

Cela faisait des années qu'il n'avait pas été malade, et il mit sa migraine sur le compte du manque de sommeil. Ses nuits étaient agitées depuis que May n'était plus là, entrecoupées de sanglots qu'il étouffait dans le tissu moelleux de son oreiller. Si Tony était au courant de ses insomnies, ils n'en avaient jamais parlé — et Peter lui en était reconnaissant.

L'adolescent se persuada donc que la douleur ne tarderait pas à s'estomper.

Pourtant, loin de se calmer, son mal de crâne s'intensifia au fil de la journée. La lumière, en particulier, enfonçait de minuscules poinçons invisibles derrière ses yeux.

— Tu as vraiment une sale tête, lui dit MJ pendant le déjeuner en lui accordant un regard indéchiffrable par dessus son sandwich.

— Merci beaucoup, ça me réchauffe le coeur, grommela Peter en mâchonnant un morceau de laitue qui avait la texture et le goût du carton.

MJ esquissa un rictus.

— Du sarcasme, vraiment ? On dirait que Stark déteint sur toi.

— C'est peut-être toi qui déteint sur Peter, suggéra Ned, mais il se tut aussitôt en voyant le visage de la jeune fille s'allonger dangereusement.

Elle émit un reniflement dédaigneux et reporta son attention sur Peter.

— Sérieusement, loser. Tu vas bien ?

Peter hésita. Il n'aimait pas mentir à ses amis, mais ce qu'il avait ne pouvait être bien grave : son métabolisme surhumain n'allait pas tarder à éradiquer toute miette de maladie qui pouvait se développer dans son corps. Alors il secoua la tête et s'efforça de sourire, ignorant la feuille de salade qui s'était coincée entre ses incisives.

— Je vais très bien. Je t'assure.

— Ok, répondit MJ d'un air soupçonneux. Mais si jamais il te prend l'envie de vomir, essaie de viser les chaussures de Flash, d'accord ?

— Promis.

OOO

A la fin de la journée, son état s'était considérablement aggravé. Des frissons avaient commencé à caracoler le long de son échine ; il avait l'impression qu'une vague de froid rampait sous sa peau, l'empêchant de capter la chaleur environnante, et pourtant son visage lui semblait trop chaud.

— Qu'est-ce qu'il se passe, petit ? Où est passée ta langue ? lui demanda Happy pendant le trajet, intrigué par le silence de l'adolescent.

— Aux dernières nouvelles, elle est toujours dans ma bouche, marmonna Peter.

Il était affalé contre la vitre, les bras croisés pour essayer de retenir le peu de chaleur que son corps semblait capable de ressentir.

Happy lui jeta un regard inquiet à travers le rétroviseur intérieur.

— Tu vas bien ?

— Oui, très bien, mentit Peter pour la deuxième fois de la journée. Juste un peu fatigué. On a fait un marathon Harry Potter hier soir, j'ai tenu jusqu'à la moitié du deuxième film.

Happy ayant toujours l'air préoccupé, Peter se força à faire la conversation comme si de rien n'était :

— Dis, Happy, si tu étais un élève de Poudlard, tu serais dans quelle maison ?

Le chauffeur fronça les sourcils.

— Je n'en sais rien. Ce n'est pas le genre de questions que les gens normaux se posent.

Construire une famille, mode d'emploiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant