Chapitre 1

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Cœur meurtrie et paupières lourdes, c'était avec difficulté que j'observais les gouttes de pluie ruisseler à travers la vitre passagère de la petite fiat 500 de ma meilleure amie, Lola. Joue posée contre ma main, j'avais l'impression qu'on venait de m'arracher une partie de mon être. C'était en quelques sortes ce qui s'était passé.

Depuis que j'étais petite, je me nourrissais de l'espoir naissant qui illuminé le visage de mon père lorsqu'il s'apprêtait à concourir l'un de ses nombreux championnats. J'avais commencé par avoir peur des moteurs à cause du bruit qu'ils faisaient, je me rappelais même que je couvrais mes oreilles avec mes mains dans le seul but de faire taire les vibrations. C'était seulement en grandissant que je m'étais intéresser plus en profondeur à ses engins. Mon père avait fait l'erreur de me faire vivre pour la première fois une balade en moto à l'âge de mes huit ans, et même si pour lui c'était dans le seul but de me faire passer un bon moment, pour moi, ça avait réveiller un sentiment que je ne pensais pas connaitre un jour. L'adrénaline. Tel une drogue avec pour seule vocation de me rendre obsédé, je m'étais soudainement senti vide de sens lorsque mes pieds s'étaient reposés sur le sol terne de la terre. Depuis ce jour-là j'avais qu'une envie, c'était de remonter sur cette bécane et de rouler pendant des heures.

Je soupirais et fermai les yeux de façon que je ne puisse plus observer ce temps maussade à l'extérieur du véhicule. Je tressaillis dès le moment où une main vint se poser sur ma cuisse. Je tournai la tête pour apercevoir les traits inquiets de Lola.

Fidèle à elle-même, elle s'était vêtue d'un pull cricket marron avec un pantalon patte d'éléphant noir. Son style vintage lui allait à la perfection ; elle était née pour porter ce genre de vêtement. Personnellement, je ressemblais à une vache mal dorlotée dès que je lui piquais un de ses hauts. J'en avais donc déduit que ce n'était pas pour moi.

- Tu sais Kiki, j'ai essayé de te laisser tranquille pendant tout le début de la route car je comprends ta souffrance actuellement, mais sache que je serais toujours là pour toi. Je te soutiendrais dans tout ce que tu souhaites entreprendre. Donc si tu as besoin de parler, je suis là.

J'esquivais un léger sourire en coin, même si je savais que mes yeux ne suivirent pas. Ça me touchait profondément d'avoir une fille comme elle à mes côtés, après tout, une vie sans une Lola, je ne pouvais pas savoir à quel point ce serait terne.

- C'est gentil mais ne t'en fais pas. Ce choix, je l'ai fait seule et dieu seul sait que je n'ai aucun regret.

Elle se mit à pouffer de rire alors que ses deux mains contrôlées à la perfection le volant. Regard évasif, je pouvais entendre ses pensées à des kilomètres. Elle devait sans doute s'inquiéter pour moi, cependant, je n'étais pas encore sereine pour la rassurer plus que ça. Je n'avais que dix-neuf ans et j'étais déjà seule, sans papa, ni maman. Au moins, il y aurait ma grand-mère Béatrice. Je ne pus empêcher mes lèvres de se retrousser. Penser à elle était un véritable baume au cœur. Son sourire, ses taquineries et même sa voix, tout ça m'avait terriblement manqué. L'idée qu'elle était sans doute en train de faire des aller-retours à la fenêtre de son salon pour voir si j'étais arrivé, me fis mourir d'impatience. J'avais besoin de la retrouver.

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