Chapitre 2

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      Ce fût les sept jours les plus pénibles de la courte vie de Bruno. Son oncle n'avait donné aucune nouvelle et comme si ce n'était pas suffisant, il devait retourner à l'école car cette année il passait son brevet. Malheureusement pour lui, la disparition de son Oncle avait fait le tour de l'école et désormais David se faisait un plaisir malsain à lui rappeler sans cesse à quel point il était seul et sans famille. « Eh ! Bruti ! Viens là que je te fasse une visite des toilettes ! » Ils les visitèrent si longuement que quand Bruno en sortit il était complètement trempé, mais contrairement aux autrefois il ne se défendit pas. Et ce comportement énerva encore plus le roux. Mais Bruno n'en avait rien à faire car la seule chose qu'il souhaitait était de retrouver son oncle. Il prit juste son sac et partit en cours de maths qui était la seule chose ayant du sens dans sa vie. Un plus zéro feront toujours un. Bruno plus Matt feront toujours solitude.
      Quand les cours furent terminés il voulut rentrer chez lui, se rappela qu'il n'y avait personne et fit demi-tour pour aller à l'orphelinat.

      Le bruit du pass Navigo qui venait d'être validé sortit Bruno de ses pensées. Il se dépêcha de descendre et bouscula des passagers sans le vouloir. « Les gamins de nos jours sont si mal éduqués ! » avait-il entendu avant que les portes ne se referment.
« Gnagnagna. Moi au moins je laisse ma place aux femmes enceintes ! » Comme il était de mauvaise humeur, il ne passa pas par le parc où il avait l'habitude de s'asseoir pour réfléchir à la vie et continua son chemin d'un pas pressé sur une petite ruelle.
     
      « Elle va voir celle-là ! Un boîte de croquettes non mais ! Et puis quoi encore !? De la salade !? » Bruno roula les yeux en l'air et se retourna pour voir qui était cette personne qui se plaignait aussi fort. Mais la seule chose qu'il vit, ce fût la queue d'un chat qui prenait un autre chemin. Sa maîtresse doit sûrement être devant, pensa Bruno. Il tourna à droite et monta les marches qui menaient à la porte d'entrée de l'orphelinat.

      Bien que la façade faisait penser le contraire, l'orphelinat où il se trouvait était pauvre. À l'intérieur le papier peint était vieux et déchiré et laissait voir des traces d'eau témoignant de la qualité du toit. Sans oublier l'odeur de moisis qui flottait dans l'air. Le parquet, tout aussi vieux que l'édifice, grinça sous le poids de Bruno qui se dirigeait dans le dortoir des garçons.
      C'était une pièce de taille moyenne dont l'espace était occupé par une trentaine de lits superposés. L'intimité était un mot qui n'existait pas dans la bouche de ces garçons qui pour la plupart étaient ici depuis leur naissance. Bruno n'aimait pas leur parler car sans pouvoir s'en empêcher, il se sentait quelque peu supérieur à eux. Mais bien sûr il ne le montrait jamais ; il avait assez regardé la télé dans sa vie pour savoir que ce n'était pas une très bonne idée.
      La disparition soudaine de son Oncle l'avait affecté à un tel point qu'il passait le plus clair de son temps sur youtube à regarder des paroles de chansons. Parfois, il lui arrivait de relire des livres qu'il appréciait ou ceux qu'il devait lire pour l'école et le reste du temps il révisait pour le brevet. Cela lui fut très utile car à la fin de l'année il obtint son diplôme. Sa joie aurait dû être plus grande mais la perte d'un être cher peut parfois altérer nos émotions.

      Pendant les vacances d'été, Bruno ne fit rien de ses journées à part pianoter sur son téléphone et écouter de la musique. Il lui arrivait également de lire des Webtoons où aller sur Wattpad, mais il imaginait surtout où est-ce que son oncle avait pu passer. Pourquoi était-il partit ? Était-ce de sa faute ? Il ne le saura probablement jamais. Il avait l'impression que le monde était contre lui. C'était faux. Pouvait-on lui en vouloir ? C'était plus facile pour lui de rejeter la faute sur le monde car sinon c'était la sienne et ça il ne pouvait pas l'accepter.

      Malencontreusement pour Bruno, cela ne s'arrangea pas avec le temps car faute d'indices, les policiers avaient dû arrêter leurs recherches et avec un tact légendaire lui avaient annoncé que son Oncle était soit partit pour toujours, soit mort. En entendant cela, Bruno perdit tout espoir de le revoir et lui en voulu des années durant d'avoir disparut, le laissant seul et à sa propre merci dans un monde qui selon le brun ne voulait pas de lui.

Mais avec le temps ce sentiment disparu petit à petit.

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