chapitre 13

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           Bruno fut bouleversé par la lettre de son oncle. Mais après une bonne nuit de sommeil, de rêves et de pleurs, il était prêt à aller de l'avant. C'est pourquoi, dès le lendemain matin, il se dit que ce serait une bonne idée d'aller à l'orphelinat. Il prit donc les transports en commun et descendit au parc pour profiter de l'air frais.

        Contrairement à son habitude, le parc était rempli d'enfants jouant entre eux comme si c'était normal de considérer un inconnu comme son meilleur ami. C'est ce que Bruno appréciait le plus chez ces petits : soit ils étaient tes amis, soit ils étaient tes ennemis. Il n'y avait jamais d'entre deux. « Wesh l'idiot ! » Il se retourna et croisa deux yeux marrons en amende. C'était Pierre. « Redis ça et plus jamais tu me reverras. » Un sourire machiavélique se dessina sur le visage du caillou et il commença à crier "wesh" en sautillant autour de Bruno. Ce dernier le prit et le mit au sol. Pierre se débattit et voyant que son agresseur était plus fort, il commença à pleurnicher. Au début, l'adolescent ne voulut pas le lâcher mais le regard désapprobateur des parents lui fit faire le contraire. Pierre se leva et lui demanda ce qu'il faisait là. « C'est pas toi qui m'a dit de revenir ?
— Non mais je disais ça pour rigoler moi, dit-il en tortillant sa cheville.
— Bon bah dans ce cas je repars. »
Bruno fit mine de s'en aller quand la mini directrice l'interpella. « Non mais tu peux rester si tu veux hein. »
Bruno rit et ils s'assirent sur les balançoires du parc. « Alors ? C'est comment depuis que je suis parti ?
— C'est nul ! Personne fait de bêtises et ducoup moi je peux pas rapporter à la directrice, s'exclama t-il en croisant les bras. Tu veux pas revenir pour que je t'énerve ?
— Nan, je suis bien mieux depuis que je t'ai plus dans les pattes.
— T'es méchant.
— T'es stupide.
— Espèce de ... Espèce de ... Espèce de bébé cadum schtroumpf avec tes cheveux bleus !
— Minus, dit Bruno en se balançant calmement.
— C'est même pas vrai d'abord ! La directrice elle a dit que j'ai grandi et que je suis un grand garçon ! »
Pierre lui tira la langue et Bruno l'ignora, ce qui l'énerva encore plus et il commença à bouder. L'adolescent regarda son ennemi juré et lui sourit en signe de provocation. Cela marcha car le gamin se leva de sa balançoire, laissant une petit fille qui attendait depuis longtemps prendre sa place. « Je veux cette balançoire ! » C'était une autre petite fille qui avait hurlé dans les oreilles de Bruno. « Le mot magique ?
— Tes cheveux ressemblent à du caca bleu, rétorqua t-elle en le regardant avec mépris.
— Eh ! Y'a que moi qui insulte Bruno ! Je vais le dire à mon père !
— Même pas peur !
— Papa ! »
Un homme, très musclé s'approcha d'eux et la petite fille partit en courant. L'homme passa devant eux sans même leur adresser un regard. « Hihi elle est trop bête ! » se moqua Pierre. Bruno lui sourit. Puis son sourire devint triste en pensant à la possibilité que Pierre ne trouve jamais une famille aimante. Même s'il le trouvait insupportable, il était comme un petit frère pour lui et il avait toujours trouvé triste que Pierre n'ai pas d'amis à l'orphelinat. « Eh ! Tête de pioche ! l'interpella Bruno.
— Quoi ? Tête de dragibus bleu.
— J'aimerais te donner quelque-chose mais... ça implique de ne pas respecter quelques règles de l'orphelinat. »
Bruno vit le visage de Pierre faire des grimaces étranges. Le petit était partagé entre accepter le cadeau d'une personne qu'il adorait détester et entre son respect des règles. Finalement sa curiosité l'emporta : « C'est quoi ? »
Bruno se leva de la balançoire et chercha quelque-chose dans les poches de son jean. Il en sortit alors son ancien téléphone et le lui tendit. « Je sais que les téléphones son autorisés qu'à partir de dix ans mais je me suis dit que ça pourrait te faire plaisir. J'ai déjà mit mon numéro de téléphone, tu pourras me contacter sur WhatsApp. Par contre tu ne pourras pas installer de réseaux sociaux, tu es beaucoup trop jeune pour ça. Et si jamais je t'attrape je te jette dans une poubelle. »
Le caillou prit le téléphone religieusement et prit Bruno dans ses bras. Peut-être qu'à dix-huit ans il pourrait l'adopter ? Pierre lui proposa ensuite de jouer à cache-cache avec d'autres enfants du parc. Quand midi sonna, Bruno, fatigué de joué à ce jeu, dit au-revoir à Pierre et partit en direction de la tour Eiffel.
Tandis qu'il se promenait dans son téléphone avec la musique de Sebastian Yatra dans les oreilles, il trouva une application "Portails" et se rendit compte qu'il n'y en avait pas qu'un seul dans toute la France. Avec dépit il découvrit qu'il y en avait un dans le parc qu'il venait de quitter. Heureusement, un autre se trouvait pas loin de lui.

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