Ennamis | PAUSE |

Chapitre 4

      Un éléphant rose combattait un bébé qui lançait des couches, tandis qu'une abeille dansait un slow avec l'oncle Matt. Bruno l'appela mais il lui demanda d'aller chercher Sebastian Yatra, leur chanteur préféré, qui faisait un concert dans le four. Il se précipita alors dans le restaurant où les chaises mangeaient de la paella au chocolat. Il courut dans la cuisine et ouvrit le four. D'un coup le chanteur sortit et lui lança une boîte en métal bleu en plein visage en hurlant « BOOMSHAKALAKA ! » Bruno voulu le remercier mais quand il leva les yeux c'était son Oncle qui se trouvait en face de lui. « Tu sais ce qu'il te reste à faire Bru » et il disparut. Le jeune homme se frotta les yeux mais quand il les rouvrit il se trouvait dans son lit.

      Perturbé par cet étrange rêve il ne pouvait plus fermer les yeux. Était-ce un message caché ? Son oncle essayait-il de le contacter depuis l'au-delà ? « Mais il n'est pas mort ! chuchota Bruno convaincu. Il est là, quelque part. » Peut-être que son oncle avait apprit à contrôler les esprit pour le contacter. Bizarrement, Bruno trouvait cette option plus plausible que la précédente.

      Comme il ne supportait plus de se tourner et retourner dans ses draps, il se résolut à se lever et s'asseoir près de l'unique fenêtre du dortoir. Dehors, la lune montrait ses plus beaux atouts entouré d'une ou deux étoiles qui parvenaient à se faire une place parmis les lampadaires de la ville. Bruno la contempla si longuement qu'il cru apercevoir un visage se dessiner sur elle.
      Je devrais peut-être écouter mon instinct et aller au restaurant, se dit-il. Il soupira. La probabilité que ce rêve n'en soit pas totalement un était si faible que Bruno se frappa mentalement de croire en ce genre de choses. Mais quelque-chose en lui, au plus profond de son être, l'incitait à s'y rendre. Après tout, il n'avait rien à y perdre en y allant, au mieux il trouvait réellement une boîte, au pire rien du tout. Il réfléchit, mais c'était plus une réflexion pour réfléchir que pour prendre une décision.
     Bruno avait souvent ce genre de délibération qui lui permettait d'occuper et préparer son esprit avant de donner son verdict final. Il essayait toujours de se convaincre que la meilleure solution était celle qu'il ne voulait pas. C'est donc après avoir longuement essayé de se persuader de ne pas aller au restaurant qu'il prit sa décision finale.

      Sous les rayons bienveillants de la Lune, il reprit sa place devenue froide et ferma les yeux. Il avait peur.
Peur de remettre les pieds dans un endroit où autrefois il avait été heureux.
Peur des souvenirs qui remonteraient à la surface.
Peur que ce rêve ne soit juste une machination de son esprit pour y emmener son corps.
Demain, après plus d'une année, il retournerait à cet endroit.

      Il était 5h55 du matin et Bruno n'avait toujours pas fermé l'œil de la nuit. Agacé, il enleva sa couverture et s'assit. Il observa les alentours ; tout le monde dormait. Même le gamin stupide qui l'avait dénoncé pour un tatouage qu'il n'avait jamais fait. Il lui lança un regard noir et lui souhaita d'avoir des cauchemars. Bruno partit ensuite en direction des toilettes et resta assit sur la cuvette en réfléchissant à un plan. « Quand tout le monde sera levé, je prendrai mon petit déjeuner et je sortirais en faisant croire que je vais au centre commercial. Non ! Demain on est dimanche ! Où plutôt aujourd'hui on est dimanche... Je déteste les dimanches, il n'y a jamais rien à la télé et tout est fermé. Fais chier. » Il pouffa de rire en se rappelant de l'endroit où il était et reprit le cours de ses pensées. Il devait impérativement trouver un moyen de se rendre au restaurant. « Elle me laissera jamais manger au resto. Au pire je m'enfuis... Oui mais si tu te fais prendre c'est pas une semaine mais toute une vie qu'elle va te punir la vieille sorcière ! Mais il faut absolument que j'y aille. Et si c'était juste un rêve ? Au pire j'attends demain. Ouais mais demain j'aurais la flemme je finis à dix-huit heures. Vas-y j'y vais et si je me fais prendre j'essaierai de négocier pour juste récurer les toilettes. »
      Sa décision étant prise, il retourna dans le dortoir après avoir tiré la chasse car il était « hors de question qu'on me prenne pour un dégueulasse. » Il jeta un coup d'œil à l'horloge. Il était déjà 6h30 et certains s'étaient déjà levés. « Parfait ! Je prends mon p'tit déj et je pars en douce. Mais d'abord je me lave. » Il sortit de la douche et recroisa le gamin qui lui tira la langue, Bruno attendit qu'il se retourne et sortit son plus beau doigt.