Chapitre 19

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      D'un commun accord ils décidèrent de chercher un portail pour pouvoir rentrer chez Bruno. Une fois arrivé, ce dernier monta dans sa chambre où il n'avait pas dormi depuis le début de son séjour. Ils avaient tous décidés de dormir ensemble dans la chambre d'ami pour pouvoir discuter toute la nuit de leur voyage et comment cela se passerait. Puis comme il n'y avait pas de chauffage, ça leur permettait de se réchauffer. Aucun d'eux n'avait imaginé que cela se finirait ainsi. Ils n'avaient même pas pû visiter le pays.

La chambre de Bruno était simple ; il y avait un lit dont les couvertures représentaient de petites tortues, une armoire incrusté dans le mur où ses anciens vêtements étaient en ordre et un bureau avec une chaise et un ordinateur offert par le département.
Il s'écroula plus qu'il ne s'allongea dans son lit, la tête dans son coussin. Comme il n'arrivait plus à respirer il s'allongea sur le côté en observant un dessin accroché au mur. Il l'avait réalisé en CP quand sa maîtresse avait demandé de dessiner sa famille. Sous ces traits maladroits il y avait son oncle et lui se tenant la main et un peu plus loin dans la feuille, il avait dessiné un homme et une femme sans visage : ses parents. En le regardant, il comprit pourquoi sa maîtresse avait eu les larmes au yeux en le regardant. À l'époque il avait cru que c'était parce qu'il avait dessiné le Soleil dans un coin de la feuille avec un grand sourire.
Ce jour-là avait aussi été la première et dernière fois qu'il avait demandé où étaient ses parents. « Ils sont dans un autre monde, avait dit l'Oncle Matt d'une voix douce. Et bientôt on les rejoindra.
— On va mourrir ? demanda le Bruno de six ans .
— Bien sûr que non, ils ne sont pas morts mais dans un autre monde mais ils acceptent pas que les parents élèvent leurs enfants. Mais t'inquiètes, dans dix ans on les reverra. »
Aujourd'hui, son oncle avait à moitié raison. À moins que son père soit aussi mort. La porte s'ouvrit. Des cheveux blonds apparurent sur l'embrasure de la porte. « Puis-je entrer ?
— Bien sûr Marguerite. »
L'adolescente s'approcha et s'assit sur le rebord du lit. « Je sais à peu près ce que vous ressentez. Ma mère est morte en me donnant naissance.
— Ce n'était pas ta ...votre mère à la rentrée ?
— Non c'est la nouvelle épouse de mon père. Et je sais que ce n'est pas pareil car je ne l'ai pas vu mourir sous mes yeux mais ... Cela doit être difficile de voir ceci et apprendre juste après que c'est votre mère. Je ne peux donc m'imaginer ce que vous ressentez mais ... Je ne suis pas très douée pour réconforter les gens, avoua t-elle en riant nerveusement. J'espère que tout iras bien pour vous.»
Elle prit la main de Bruno et le regarda droit dans les yeux : « Je vous promets que vous retrouverez votre Oncle et votre père. » Bruno la remercia et ils se prirent dans les bras. Elle caressa ses cheveux bleus et tapota son dos en signe de réconfort. Quand elle partit ce fut Cassiopée qui entra et l'obligea à s'asseoir. Ce qu'il fit . « Tu dois être fort Bruno ! Un homme ne pleure que quand il se fait battre ou si il a quelque-chose dans les yeux !
— Mais je pleure p...
— Non Bruno ! Soit fort ! Sur le télépon ils ont dit que pleurer donnait des rides. Tu veux vieillir !? Tu veux ressembler à un vieux de trente ans alors que tu en as moins !? »
Bruno fit non de la tête et Cassiopée le prit également dans ses bras. « Je prierais pour que ta mère aille aux Champs-Elysées. »
Elle lui répéta d'être fort et repartit. Bruno ne comprit pourquoi elle voulait que sa mère aille là-bas mais ne dit rien. « Merci Cassi. »

   Contre toute attente Issa se joignit également à lui. Il lui fit son habituel salut de tête auquel Bruno répondit avec surprise. Son ami se mit près de la fenêtre et remis quelques locks derrière son oreille. « Pleure pas.
— Mais je pleure pas ! se plaignit Bruno.
— Tant mieux. Des fois la mort c'est meilleur que la vie .»
Un silence s'installa dans la chambre, perturbé par le son des voitures qui passaient en bas de la rue. Puis la curiosité de Bruno prenant le dessus il demanda : « C'est quoi ton histoire ? T'es pas obligé de me répondre hein, dit Bruno précipitamment. Mais...je me disais que...vu qu'on se connait tout ça, tout ça... »
Issa ne répondit pas directement, il prit d'abord une grande inspiration, prit la seule chaise de la chambre et s'y assit à califourchon. C'est locks cachaient désormais son visage et Bruno ne put voir le vide qu'il y avait dedans. « J'avais une petite amie... Elle s'appelait Oumou. Elle était guinéenne. Comme moi. C'est elle qui m'a apprit à parler peulh. Notre langue. Je l'aimais beaucoup. On avait des projets. Dont un qui avait commencé depuis quelques mois déjà. On s'imaginait la vie qu'on aurait pû avoir sans cette guerre. Sans ces connards qui cherchaient à dominer la Terre. On voulait s'enfuir dans la réserve. C'est le nom d'un pays où les gens vivent heureux et paisibles. Sans s'inquiéter de la mort. Un jour je suis parti en reconnaissance. Mon meilleur ami m'avait dit qu'il avait cru apercevoir la réserve. Oumou m'a dit d'y aller et qu'elle resterait dans le bunker en m'attendant. Je lui ai dit au-revoir. J'ai dit au-revoir à mon futur enfant. »
Issa marqua une pause. C'était un souvenir dont il n'aimait pas se rappeler mais il faisait confiance à Bruno. Du moins il essayait. « Quand je suis revenu, elle était là mais pas là en même temps. Le corps d'Oumou était là... mais Oumou n'était pas là. »
Il y eut un autre silence. Bruno ne savais pas quoi dire, la seule chose qui lui venait en tête c'était de dire qu'il était désolé, mais il détestait ça. Il avait trouvé ça stupide quand on le lui avait dit après la disparition de son oncle, et surtout, cela n'allait rien changer. « Je ne sais pas quoi te dire... J'aimerais te dire que je suis désolé mais ça ne changerait absolument rien à la situation et puis... ce serait un peu hypocrite, dit-il finalement. J'espère juste que tu t'en remettra un jour.
— J'ai pas besoin de ta pitié, répliqua Issa. Et si tu veux être désolé, soit le pour l'homme qui a assassiné ta mère. Il pensait faire le mal alors qu'en réalité il l'a délivré d'un existence horrible parmis les humains. »
Il se leva brusquement et sortit, laissant Bruno dans ses pensées.

  Il n'était pas triste. Il était sous le choc. Il ne s'attendait pas à autant de violence et pourtant il s'y faisait. Certes il aurait aimait connaître sa mère pouvoir la prendre dans ses bras mais sa mort ne lui faisait qu'un pincement au cœur. Il aurait pû être dévasté mais comment l'être pour une personne qu'il ne connaissait même pas, qui ne le connaissait pas. Bruno se passa une main sur le visage et s'allongea à nouveau. Il ne savait pas trop ce qu'il ressentait. Il savait cependant que ce n'était pas de la tristesse. De la déception tout au plus mais pas de la peine. Il mit le collier de coquillage autour de son cou et le serra entre ses doigts.

  Au dehors, le Soleil avait déjà regagné son lit pour une bonne nuit de sommeil et Bruno l'imita.
Le seul point positif était qu'ils n'avaient eu que quelques égratignures.
« C'est louche, dit Issa en se glissant sous ses draps. Trop louche.»

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 21, 2023 ⏰

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