Et parce qu'il n'a jamais osé

Chapitre 14

La porte claque derrière un jeune homme qui titube, sa magnifique veste taché d'alcool. Il vient de se faire virer du bar qu'il occupe depuis des heures. Il en est donc arrivé là ? Devenir aussi pathétique pour une histoire de cœur.

  Nathan tangue tant bien que mal jusqu'à son véhicule, son visage ravagé par les larmes et la tristesse. Il secoue brusquement la tête, essayant d'ôter les merveilleux souvenirs d'un certain asiatique qui affluent. Il pensait au départ que l'alcool ferait tout disparaître mais non, à croire que ça ne fonctionne que dans les films.

  Énervé, il galère à trouver ses clefs ce qui l'énerve encore plus. Une fois les clefs en main, il ouvre difficilement sa portière et grimpe rapidement. Pris de soudains sanglots, il éclate sa tête contre le volant à plusieurs reprises, espérant ainsi arrêter ses larmes.
  Pathétique. C'est comme cela qu'il se trouve. Depuis qu'Erawat lui a fait comprendre qu'il ne veut plus de lui, il n'est devenu que l'ombre de lui-même. Chaque soir depuis une semaine il est inconsolable, incapable de se ressaisir et ce soir c'est la première fois qu'il boit à en mourir de la sorte. Ses amis et sa famille ne comprennent pas ce qui advient de l'homme le plus parfait qu'ils connaissent, en faite personne n'a vraiment cherché à comprendre d'où vient cette soudaine tristesse.

  Il entreprend alors de quitter le parking du bar mais se sachant beaucoup trop éméché, il décide d'appeler un taxi afin de rentrer chez lui.
  Chez lui. Peut-il vraiment appeler cette endroit de la sorte ? Un lieu qui le met mal à l'aise, rempli de parfaits inconnus  qu'il se doit d'appeler "famille”. Adossé à son véhicule, il repense à Erawat et son étrange capacité à le changer dès l'instant où son regard croise le sien. C'est bien le seul qui arrive à le mettre à l'aise, le seul avec qui il peut montrer le vrai lui sans être jugé, le seul qui le connaissent vraiment mais maintenant tout est fini. Nathan aurait aimé trouver un coupable à cette situation. Il aurait voulu accuser ses parents de lui avoir trop mis la pression, sa femme de l'avoir empêché de vivre pleinement son amour avec celui qu'il aime, ses amis de ne pas avoir su le soutenir et Erawat de ne pas lui avoir laissé assez de temps. Mais il sait que tout est de sa faute, qu'il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Il le sait.

  Le chauffeur de taxi lui envoie un message, signalant qu'il est arrivé. Nathan verrouille sa voiture et se précipite pour grimper à bord du taxi. Le chauffeur le salut poliment et lui se contente de répondre d'un vague hochement de tête. Le taxi se met alors en route pour la destination indiquée.

  Nathan descend du véhicule après avoir réglé sa course. Il avance doucement un pied après l'autre, ayant déjà l'impression que le niveau d'ébriété dans lequel il était il y a un quart d'heure à diminué.
  Il avance et ouvre le portillon de la petite maison escarpée qui est si chère à son coeur. Il s'arrête un moment devant la grande porte et prend une énorme bouffée d'air. Il se souvient encore de la seule fois où il avait conduit l'asiatique ici, de la folle nuit qu'ils y avaient passée. Il ferme les yeux se remémorant chaque regards, chaque sourires, chaque caresses et chaque baisés échangés entre ces murs. Un frisson de joie mais aussi de tristesse parcours son échine. Il ouvre les yeux incapable de se retirer ses souvenirs doux et piquant tels du lait aigre.

  Il pénètre dans la bâtisse, se dirigeant droit vers la cuisine afin de se servir un verre d'eau. Une fois son verre fini, il s'écroule sur le sofa jaunâtre qui orne la pièce à vivre. Fatiguer par ça journée et le trop lourd poids de ses émotions, il s'endort rapidement son esprit empli de souvenirs.

  Il se lève brusquement, réveillé par la sonnerie de son téléphone. Sa bouche est pâteuse et il est encore plus fatigué que la veille, à croire que dormir n'a servi à rien. Il se penche sur son téléphone, appel entrant de Tamia. Il soupire et décroche déjà agacé.