Chapitre 17

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Erawat soupire exténué par sa journée au café. Entre les clients devenus trop exigeants et l'infatigable Tim, il ne sait même plus où donner de la tête. Il soupire encore lorsque sa journée prend fin, il se change rapidement pressé de rentrer chez lui.
  Il stresse un peu, dans quelques heures il a rendez-vous avec Aleksei.
  Sa discussion avec Daniel remonte à une semaine maintenant, pendant tout ce temps il a pu réfléchir et se résoudre à prendre des décisions.

  Il remonte sa capuche sur sa tête quand quelques gouttes d'eau commencent à tomber. Malgré la pluie qui approche, les rues débordent de monde de toutes sortes. Des lycéens écrasés par une masse d'adultes pressés, à la dame très éméchée qui  soulage sa vessie contre un mur à la vue de tous.
  Erawat détourne vite le regard en rougissant quand il croit apercevoir un bout de l'intimité de la femme qui, maintenant, crie après un agent des forces de l'ordre.

  Il se dépêche de se rendre à l'arrêt du bus où un monde sans nom attend déjà. Après d'innombrables minutes à attendre, le carrosse arrive enfin. Il passe le trajet coincé entre un enfant capricieux qui pleure sans raison et un bonhomme qui transpire tellement qu'on dirait qu'il fond. À son arrêt, il se dépêche de descendre bousculant même quelques passagers. Les pieds enfin sur terre, il suis le chemin habituel jusqu'à son immeuble et grimpent les marches quatre à quatre.

  L'asiatique soupire, enfin chez lui. Il lui reste deux heures avant le rendez-vous et il est plus tendu que jamais. Il se trouve ridicule de stresser à la manière d'un collégien qui aurait son premier rencard. Mais bon, ce ne sont pas pour les mêmes raisons.
  Il se serre à boire un grand verre d'eau et file directement fouiller dans son armoire. Mieux vaut apprêté ses vêtements dès maintenant et puis ça fera passer le temps.

  À quarante cinq minutes de l'heure du rendez-vous, il file dans la salle de bain. Il se prépare brièvement, n'accordant pas beaucoup d'intérêt à son apparence pour une fois. Il est plus préoccupé par ce qui va se passer pendant les prochaines heures.

  Dans l'entre glaciale du bus l'amenant à l'arrêt près du Grill, le thaïlandais ne cesse de jeter des coups d'oeil furtifs au monsieur déguiser en clown dans le coin. Il les a toujours adoré, il trouve leurs déguisements drôles et colorés fascinant parfois.
  Devant les portes de l'établissement, il hésite. Il peut sentir la chaleur de l'habitacle jusqu'à lui. Il respire un coup et pénètre la chaleur du petit restaurant familial.
  Au loin, il remarque le bouclé qui l'attend sagement le regard vissé sur son téléphone. Erawat s'approche doucement de lui et se racle la gorge pour annoncer sa présence. Aussitôt, Aleksei se redresse d'un bond le saluant maladroitement. L'asiatique y répond par un vague hochement de tête et prend place en face du bouclé.

— Il fait tellement froid dehors que j'ai failli perdre un doigt, rit le thaïlandais gêné.

— C'est vrai que la température n'est pas agréable pour les sorties, dit Aleksei essayant de paraître détendu sans grand succès.

  Tous les deux sont empli d'une soudaine gêne. Chacun a quelque chose d'important à dire à l'autre, mais personne n'a vraiment envie de se lancer.

— Qu'est-ce que tu vas prendre ? demande l'asiatique en visitant le menu. Je pense essayer la soupe de porc et toi ?

— Je vais prendre des côtis et de la sauce piquante s'il te plaît.

  Erawat interpelle un serveur pour commander. Les plats arrivent bien vite et les deux jeunes hommes les dégustent tout en se racontant leurs semaines. Aleksei avoue s'être mis la honte devant tout un amphithéâtre en tombant lamentablement de sa chaise après avoir vu une guêpe. Erawat quand à lui, raconte presque mort de rire comment un de ses collègues s'est pris le chou avec une vieille dame pour une sombre histoire de noix.

  Une fois leurs repas finis, ils décident de procéder comme la première fois qu'ils sont allés au Grill.
  Aleksei et Erawat ont cherché avec acharnement le marchand de glace dans un parc presque vide. Ils l'ont trouvé quelques instants plus tard, ont pris leurs cornets et se sont installés près d'une sortie au cas où. Il faut dire que ce parc est un peu effrayant. Ils s'installent dans le silence, un silence coupé par le son d'Erawat qui souffle sur sa glace comme si elle est trop chaude.
  Nerveux, Aleksei ne cesse de triturer le bas de sa veste lançant de temps à autre des petits regards au brun près de lui. Erawat, gêné, tente de se distraire du mieux qu'il peut essayant de prédire la conversation avenir.

— Erawat, j'aimerais te faire part de quelque chose, lance-t-il incertain.

— C'est drôle, parce que... moi aussi, marmonne celui-ci d'une petite voix.

— Ça fait un moment que ça me trotte dans la tête et que je souhaite t'en parler mais... je n'ai jamais eu le courage de le dire,  commence-t-il la tête basse. Tu dois sûrement te douter de mes intentions envers toi depuis la première fois que je t'ai approché, enfaite tout le monde doit s'en être rendu compte je ne suis pas bon comédien...

  Un silence s'installe entre les deux hommes. Le bouclé cherche ses mots avec précaution tandis que l'asiatique n'ose pas trop le regarder.

— Je t'aime bien, lance finalement Aleksei comme une révélation. Enfin par bien, je veux dire... Tu me plaît beaucoup et...

— Je vois ce que tu veux dire, l'interrompt le plus âgé. Je suis désolé.

— Hein ? Mais pourquoi est-ce que tu t'excuses ?

— Je... commence-t-il incertain. Parce-que je me suis rendu compte d'à quel point je n'ai pas été correct avec toi. Pendant tout ce temps j'ai été avec toi pour essayer oublier quelqu'un d'autre et j'ai échoué.

— Tu t'es servi de moi ? demande Aleksei blessé, la voix partant dans les aigus.

— Je suis vraiment désolé.

— Alors tout ce temps tu jouais avec moi ?

— Non, hurle-t-il presque. Non, j'appréciais vraiment passer du temps avec toi. C'est juste que... je ne ressens pas la même chose que toi, je n'arrive pas à t'aimer comme tu le mérites. Je suis désolé.

  Le bouclé se lève d'un coup, laissant tomber son cornet de glace. Il essuie frénétiquement ses mains sur sa veste les yeux levés vers le ciel, luttant vainement contre ses larmes naissantes.

— Ce n'est pas grave, annonce-t-il la voix chevrotante. Merci de m'avoir dit la vérité. Je vais rentrer maintenant.

  Le thaïlandais essaie vainement de le retenir, mais celui-ci l'évite avant de se précipiter à l'extérieur du parc.
  Il aurait voulu s'excuser encore et encore, il aurait voulu que tout se passe autrement mais il sait que c'est impossible. Il a été horrible avec l'une des seules personnes qui est restée honnête avec lui. Si jamais Aleksei refuse de lui parler pour de bon, il comprendrait.

  Erawat ramasse le cornet du bouclé qui demeure par terre et le jette avec le sien dans la poubelle la plus proche. Il sort lentement du parc l'esprit tourmenté empli de culpabilité.

***

Voilà l'avant-dernier chapitre. Vous tenez le coup ?
Parce-que moi non. J'ai l'impression d'avoir bâclé mon travail. Je ne trouve pas la fin si bonne que ça mais j'écris pour vous alors... Amusez-vous ! ^⁠_⁠^

J'attends vos retours avec impatiente !

Désolée pour la trop longue absence, je suis en période difficile en ce moment. J'essaierai d'être plus régulière pour la prochaine histoire que je sortirais. (⁠´⁠ε⁠`⁠ ⁠)

Oh ! Et bonne fête de Noël en avance à ceux qui la fête. Quels cadeaux extraordinaires allez-vous me faire hm ?
Je vous aurais bien donné des bitcoin mais je suis pauvre. ಡ⁠ ͜⁠ ⁠ʖ⁠ ⁠ಡ

Bonne lecture, bisous.

Sean~

Et parce qu'il n'a jamais oséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant