Chapitre 16

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  Daniel soupire en dégageant le désordre dans son modeste appartement. Erawat arrive, et il a horreur du désordre. Son petit protégé semble vouloir lui parler de quelque chose d'important et de difficile, il souhaite le mettre à l'aise le plus possible.
  Le blond baille la bouche grande ouverte, il est exténué. Il se serait bien couché depuis longtemps, mais le pacte de l'amitié qu'il a signé sans même s'en rendre compte le maintient éveillé.
  Il fixe sans même le voir l'horloge en forme de livre sur sa bibliothèque quand un coup à la porte le fait sursauter. Il se précipite vers celle-ci et l'ouvre sur un Erawat l'air aussi épuisé que lui.

— Je peux entrer ? hésite-t-il.

— Oh ! Oui, bien sûr, répond Daniel se rendant à peine compte qu'il est resté dans le passage trop longtemps.

  Il s'écarte et laisse passer son invité qui immédiatement se vautre dans le canapé, se relaxant d'un coup.
  Daniel s'installe en face de lui, le fixant intensément alors qu'il a l'air de s'endormir dans ce confortable canapé. Le blond se racle la gorge, attirant l'attention de son interlocuteur qui rougit presque.

— Ne t'endors pas.

— Je ne dors pas je réfléchis, chuchote-t-il les joues rouges.

  Daniel hoche la tête peu convaincu. Il se redresse et se dirige vers la cuisine.

— Lorsque tu seras prêt, préviens moi, annonce-t-il en revenant avec deux boissons qu'il expose à son ami.

— Je... C'est juste que je ne sais pas par où commencer, balbutie l'asiatique en prenant l'une des deux boissons.

— Ne te presses pas, prends ton temps d'accord ? lui demande Daniel d'une voix douce en s'asseyant.

  Le thaïlandais prend alors une grande gorgée de sa boisson, s'étouffant presque avec. Daniel rigole en le voyant tousser ses poumons et lui tape dans le dos en le sermonant  sur sa façon de boire.
  Erawat reprend sa respiration avec peine, ne pouvant s'empêcher de rire aussi. Il a voulu paraître cool et détendu en buvant sa boisson mais c'est un véritable échec.

— Danny, je crois que je suis malchanceux, lance-t-il soudainement en regardant le plafond.

— Pourquoi penses-tu ça ?

— Je vais te le dire mais, s'il te plaît, ne me fait pas ton regard désapprobateur, dit-il en baissant la tête. Je te le dis à toi parce que tu es mon meilleur ami et aussi parce que je sais que tu ne vas pas me juger mais...

  Il prend une énorme inspiration sous le regard bienveillant de son ami et relâche tout.

— Comme tu dois t'en douter, cela fait un petit moment que je ne suis plus avec tu sais qui, murmure-t-il la tête basse. Mais je n'arrive pas à me l'ôter de la tête. C'est comme si il était là, tout le temps, toujours. Je... Même quand je suis avec Aleksei, je pense toujours à lui. Inconsciemment ou consciemment je veux que ce soit lui et lui seul. Nathan, Nathan, toujours Nathan et personne d'autre ! Ce n'est pas que je n'aime pas Aleksei, je l'apprécie vraiment mais j'ai tout le temps l'impression de jouer un double jeu avec lui. Je veux sans cesse que ce soit Nathan à ça place. Je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire...

— Je vais mettre toute l'animosité que j'ai pour ton mec fantôme de côté mais... Tu sembles vraiment l'aimer alors pourquoi l'as-tu quitté ? Est-ce parce qu'il persistait à vous cacher ?

  Erawat se balance un peu de gauche à droite en scrutant le plafond, essayant de retenir le plus longtemps possible ses larmes.

— Non, enfaite c'est plus à cause de ce qui le pousse à se cacher, annonce-t-il la voix tremblante. Je ne veux pas être un briseur de famille Danny.

— Qu-

— Je... C'est que... Il... Il est déjà marié. Ils ont des enfants, ils... et j'allais sûrement briser ça, leur petit monde parfait, s'agite-t-il au bord des larmes. En plus je le savais, je l'ai su quelques mois après le début de notre relation. J'aurais pu tout arrêter mais j'ai bêtement persisté parce que je suis mauvais, parce que je suis égoïste.

— Tu n'es pas une mauvaise personne, tu voulais avoir ton bonheur à toi aussi n'est-ce pas ? lui souffle Daniel avec douceur en instaurant un contact entre eux, il sait que son ami en a besoin. Mais pourquoi est-ce que tu ne m'en a pas parlé plus tôt ?

— J'avais peur que tu me détestes. J'avais peur de te dégoûter. Je sais très bien à quel point tu hais le genre de personne que je suis, le genre de personne qui détruit toute une famille pour son petit bonheur égoïste. Je ne voulais pas être à tes yeux comme la femme qui a brisé ta famille et j'ai menti. Je suis un menteur en plus d'être égoïste, je suis juste mauvais.

  Daniel a un pincement au cœur en entendant ces mots. Il ne se doutait pas que pendant tout ce temps, son ami qu'il croyait parfaitement équilibré ait une si mauvaise estime de lui-même.

— Arrêtes de dire que tu es une mauvaise personne car ce n'est pas le cas, tu es la personne la plus gentille que je connaisse. Si ce type t'as quand même approché alors qu'il était déjà marié c'est qu'il a ses tords aussi. Je t'ai vu souffrir pendant trop longtemps à cause de lui.  Je ne connais pas tout sur votre relation et je n'ai aucune idée de ce qui va se passer mais, si je dois te donner un seul conseil ce serait de bien réfléchir à ce que tu vas faire ensuite.

  Erawat baisse la tête comme perdu. Il ne sait pas ce qu'il doit faire ensuite, il a déjà pris la ferme décision de s'éloigner le plus possible de Nathan. Et il se demande encore si au fond de lui, c'est ce qu'il veut. Et puis il y a Aleksei aussi. Ses sentiments ne sont pas très clairs pour ce dernier, il l'apprécie mais il ne crois pas vraiment l'aimer comme il devrait, comme lui le mérite. Il a l'impression de se jouer de lui, de lui faire du mal. Il se rend bien compte qu'Aleksei l'aime vraiment et lui il a juste un peu d'affection à lui proposer, comme celle qu'on donne à un petit frère.

— Tu sais Era, je ne veux pas que quelqu'un souffre et encore moins toi alors... Si tu n'as pas les mêmes sentiments pour lui, si il t'es impossible d'aimer quelqu'un d'autre que ce Nathan... Aleksei t'aime vraiment alors ne le fais pas souffrir.

  L'asiatique fixe le sol, perdu dans ses pensées. Épuisé, il se lève doucement, part serrer son ami sur son petit siège. Et, comme un enfant, quémande plus de contact en nichant sa tête dans son coup.
  Le temps passe et son corps finit par lâcher. Daniel entreprend alors de le porter au lit dans la chambre d'amis. Rendu là-bas le plus jeune refuse de se détacher, l'obligeant à dormir avec lui. N'ayant pas la force de protester, il s'allonge simplement et se laisse emporter par le sommeil.

***

J'ai finalement décidé de mettre la fin en chapitres distincts et plus en plusieurs parties d'un même chapitre. (⁠.⁠ ⁠❛⁠ ⁠ᴗ⁠ ⁠❛⁠.⁠)

Nos petits bébés vont nous manquer non ?

Régalez-vous ^3^

Sean~

Et parce qu'il n'a jamais oséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant